À 50 ans, l’entraîneur allemand du club de la banlieue ouest de la capitale danoise, a su trouver la stabilité au Danemark pour relancer sa carrière d’entraîneur à Brøndby où il exerce depuis plus de deux saisons. En effet, après avoir su monter les échelons des divisions allemandes, et avoir lancé la dynamique RB Leipzig avant de se faire jeter, il avait eu l’opportunité d’entraîner en Bundesliga à Cologne qui s’est révélé être un échec viré après quelques mois.

C’est donc au-dessus de la frontière allemande qu’il a su trouver un club lui faisant totalement confiance en le laissant libre d’appliquer ses méthodes et son professionnalisme qui a amené des résultats et de la constance. Il a su redonner un beau visage au club de Brøndby avec un style de jeu plaisant et une personnalité forte qui fait l’unanimité. Présentation de son parcours puis des méthodes de cet homme haut en couleur :

De prometteur à la déception au pays natal :

Alexander Zorniger a eu une carrière de footballeur peu médiatisé au poste de défenseur n’ayant évolué qu’en amateur dans les divisions allemandes inférieures avec pour meilleure performance la quatrième division. Mais passionné de jeu et ayant le charisme pour diriger une équipe, il se voit à l’âge de 37 ans proposé d’entraîner le FC Normannia Gmünd en quatrième division. Il y restera 5 ans avant de recevoir une proposition de Stuttgart d’être l’entraîneur adjoint de Markus Babbel, une offre irrefusable pour ce fan du club. Mais seulement quelques mois après Babbel se fait licencier, Zorniger retourne donc entraîner en D4 au SG Sonnenhof Großaspach. 2 ans, plus tard un projet fou se présente à lui celui du RB Leipzig.

Crée en 2009, le RasenBallsport Leipzig remplace l’ancien club amateur du SSV Markanstädt de cinquième division. Lorsqu’il arrive en 2012, malgré les hautes attentes, le projet ne prend pas avec 4 entraîneurs en 3 ans et seulement une montée. Zorniger va donner de la stabilité au club et remplir les objectifs espérés avec 2 montées, un titre en Regionalliga (D4) et second de 3.Liga pour atterrir en deux saisons en 2. Bundesliga. Mais après une mi-saison en seconde division, Zorniger démissionne en février 2015. Il faudrait être fou si près du but, avec un projet aussi ambitieux et des moyens illimités pour arrêter là, mais en interne on ne lui fait plus confiance et on voit plus grand. Et malgré les excellentes relations avec ses joueurs et les résultats, son remplacement est planifié dès les débuts en seconde division avec notamment le nom de Thomas Tuchel qui était contacté durant de nombreux mois pour prendre sa place à tout moment et qui ne viendra jamais préférant le projet Dortmund.

Le précurseur de la montée en puissance du RB Leipzig en Allemagne forcé de partir par la petite porte. Crédit photo : Imago.

L’entraîneur allemand ne reste pas sur cette déception et se voit offrir l’opportunité d’entraîner en Bundesliga et de revenir dans son club, le VfB Stuttgart. Mais cela se révélera un échec après 15 journées, il se fait licencier. Les dirigeants n’étant pas satisfaits des résultats avec une seizième place cela ne prenant pas avec des joueurs incapables de mettre en œuvre sa philosophie. Zorniger est alors en quête d’un nouveau défi, si possible à l’étranger après ses déceptions au pays. Il se voit avoir l’opportunité de rejoindre le pays frontalier, le club de la banlieue ouest de Copenhague : Brøndby. Un défi parfait pour lui qui a besoin de relancer sa carrière d’entraîneur et de montrer qu’il a l’étoffe pour porter un club vers le sommet.

La relance à Brondby

Lorsqu’il arrive à la tête de l’équipe, la situation au club de Brøndby était au plus mal. Le prédécesseur Thomas Frank avait démissionné après que le président et propriétaire du club, Jan Bech Andersen, utilisant le pseudonyme d’«Oscar» sur un forum en ligne, l’ait critiqué et est fini par l’avouer dû aux preuves accablantes. Ils avaient alors terminé la saison avec l’entraîneur des jeunes. Le club après cette histoire avait donc besoin de continuité et la direction donna sa totale confiance à Zorniger en lui montrant qu’ils le voulaient absolument.

Cependant, la presse danoise n’épargne pas l’allemand et lui réserve un accueil mitigé notamment pour son passage raté à Stuttgart et le fait que le club ne prenne pas un entraîneur danois. Les supporters également sont sceptiques et l’attendent au tournant, l’équipe n’arrive plus à finir dans les deux premiers du championnat et a remporté un trophée depuis plus de dix ans. Ils s’impatientent et espère que l’entraîneur allemand saura les guider vers un titre. Il a également la lourde tâche de reconstruire l’équipe qui vient de perdre ses trois légendes : Daniel Agger à la retraite, le capitaine Thomas Kahlenberg sur une blessure ainsi que le suédois Johan Elmander parti libre.

Néanmoins, Zorniger va convaincre tout le monde très rapidement par ses méthodes très professionnelles. Dès le premier jour de la reprise, le coach allemand convoque les joueurs dès 8h et les retient jusqu’à 18h pour établir ses méthodes strictes mais claires. S’en suit une préparation très dure et intensive pour les joueurs où Zorniger les pousse à bout. Un changement crucial pour le club qui va porter ses fruits, après la pré-saison les résultats suivent avec un très bon début de saison en restant invaincu lors des huit premières journées dont une victoire 7-0 face à AGF qui aura marqué les esprits.

Mais c’est surtout en Europa League, que le Brøndby de Zorniger va se montrer et frapper fort en éliminant un club allemand, le Herta Berlin après avoir remonté la défaite 1-0 par une victoire 3-1 à domicile pour un triplé du Pukki. Malheureusement après cet exploit il n’y aura pas eu de parcours référence avec l’élimination en barrage par le Panathinaikos (4-1), ni l’an passé au 3e tour par le club croate Hadjuk (2-0). Cela s’annonce compliqué pour cette saison 2018/19, avec un ballotage défavorable suite à la défaite 5-2 à l’aller en Belgique face à Genk.

Photo de Henning Bagger, Scanpix.

Le nouveau roi de Copenhague, bientôt du Danemark ?

L’allemand a rapidement fait l’unanimité grâce aux excellents résultats mais également au fait qu’il a su renverser le derby de Copenhague à son avantage depuis sa prise de position. En effet, la rivalité entre Brøndby – FC Copenhague est toujours un rendez-vous clé et se dispute à chaque fois sous une atmosphère propre à eux, l’attente est donc toujours grande lors de ses affrontements.

Et Zorniger a réussi ce que les supporters espéraient tant depuis septembre 2004, retrouver la victoire au stade du rival, le Parken qui fut enfin le cas le 5 novembre 2017 grâce à un but de Norgaard pour le 1-0. Ce résultat se sera renouvelé de nouveau en coupe lors du huitième de finale sur le même score, qui aura été le point de départ jusqu’à la victoire finale face à Silkeborg 3-1, le premier titre du club depuis 10 avec la victoire en coupe en 2008. Ce titre a été libérateur pour le public qui n’attendait que ça et l’aura dignement fêté au stade et dans la rue et pour Zorniger. Ce trophée fut d’autant plus savoureux vu que lors de l’édition précédente, Brøndby avait échoué en finale face au rival Copenhague sur le score de 3-1.

Alexander Zorniger porté par ses joueurs après le titre en DFB Pokal espéré depuis 10 ans, fruit d’un travail intense. Crédit photo : Imago.

Néanmoins, pour rentrer complètement dans la mémoire collective, il manque à Zorniger d’aller décrocher le titre de champion du Danemark tant attendu depuis 2005 sous Michael Laudrup. Lors de sa première saison, il a terminé deuxième ce qui représente la meilleure performance du club depuis 2006, mais loin derrière le champion et ennemi du FC Copenhague qui avait 22 points d’avance. Et la saison passée, tout laisser prétexter le titre pour Brøndby, avec la mauvaise saison du FC Copenhague, ils ont longtemps été en tête du championnat avec notamment une série de 27 matchs consécutifs sans défaites et à 4 journées de la fin, ils avaient 5 points d’avance sur leur dauphin Midtjylland.

Mais lors des derniers matchs des plays-off, le Brøndby de Zorniger se sera écroulé avec trois nuls et une défaite et aura terminé pour la deuxième fois consécutive second du championnat avec pourtant 81 points en 36 rencontres. Zorniger a donc loupé le doublé Coupe – Championnat mais a conquis les cœurs ayant enfin offert une super saison à ses formidables supporters. Et il compte bien amener ce titre en Superligaen cette saison et ce malgré les nombreux départs de cadres comme Frederik Rønnow (Francfort), Teemu Pukki (Norwich) ou encore Christian Norgaard (Fiorentina) pour mettre fin à la malédiction du 11ème titre dans l’histoire du club tant espéré.

Le style de jeu prôné par Alexander Zorniger à Brøndby :

L’allemand est connu pour son tempérament explosif, c’est un véritable passionné qui vit pleinement ses matchs et laisse parler ses émotions. Décrit par ses joueurs comme autoritaire et exigeant, il n’en est pas moins authentique. Son franc-parler est apprécié et il aime ses joueurs, il a réussi à installer un climat sain et un collectif soudé avec notamment 3 petits-déjeuners communs par semaine par exemple. Il demande donc beaucoup à ses joueurs et tant que les joueurs suivent tout va bien même si le jour où les joueurs ne seront plus de son côté, tout peut explosé.

Un but célébré dignement lors d’un derby de Copenhague façon Zorniger. Crédit vidéo : chaîne danoise 3+.

Il aime pratiquer un football offensif, ce qui n’était pas le cas à Brøndby depuis plusieurs années. Il a provoqué un grand changement de stratégie tactique en jouant à l’allemande avec pour directives un gros pressing constant. Un pressing porté par l’agressivité des milieux sur les porteurs de ballons adverses dans le but de récupérer le ballon le plus rapidement possible et lancer les offensives avec un jeu direct. Et par sa familiarité avec l’Allemagne d’où il vient, Zorniger a construit une équipe avec un grand nombre de joueurs qui n’ont pas percé en Bundesliga, et qui comme lui ont désormais trouvé un point de chute au Danemark. Il y a donc désormais dans cette équipe un fort accent allemand où ils sont au nombre de 7 dont Dominik Kaiser, Benjamin Bellot et Anthony Jung qu’il a entraîné au RB Leipzig.

Son schéma de jeu préférentiel est le 4-3-1-2 (pouvant se transformer en 4-3-3 et 4-4-2 en cours de jeu en fonction de la situation). Son équipe est donc grandement dépendante de son milieu de terrain qui doit être physique ce qui est parfait avec le trio actuel : Josip Radosevic (ou Simon Tibbling), Lasse Vigen et Dominik Kaiser qui presse beaucoup et récupère énormément de ballons. Mais c’est avant tout un collectif où tous les joueurs se surpassent avec une forte intensité et donc de nombreux kilomètres parcourus sur le terrain. Zorniger doit donc avoir un certain type de joueur pour le football qu’il propose, c’est pour cela qu’il est très impliqué dans le processus de recrutement avec la direction qui lui permet cette liberté.

Une grande partie des joueurs de Zorniger se sont épanouis et révélés grâce à ces méthodes claires qui permettent aux joueurs de savoir clairement quoi faire sur le terrain. Il leur a inculqué la mentalité allemande, de vainqueur et de battant en donnant tout pour le club et les supporters. Il a remis en scelle l’attaquant finlandais Teemu Pukki qui sortait de deux saisons moyennes à 9 buts. Zorniger utilisant ses qualités associées au polonais Wilczek, la première saison il aura planté 20 buts puis 17 buts lors de la seconde qui lui aura permis de trouver un projet intéressant à 28 ans en s’engageant à Norwich.

Il a su exploiter le meilleur de ses joueurs en lançant ou relançant des joueurs comme Christian Norgaard où il a su exploiter son potentiel en le replaçant de numéro 8 ou 10 en milieu défensif. Il aura contrôlé le rythme du jeu de Brøndby durant 2 saisons et a rejoint la Fiorentina cet été. Ou encore Hanny Mukhtar, l’espoir allemand qui n’arrivait pas à confirmer en professionnel après avoir quitté le Herta Berlin pour Benfica où il n’avait pas de temps de jeu. D’abord prêté, la confiance de Zorniger en faisant son meneur de jeu, l’aura poussé à s’engager définitivement au club acceptant de baisser son salaire de 80%.

Alexander Zorniger dans son antre, sa « nouvelle maison » au Brøndby Stadion. Crédit photo : Jonas Pryner Andersen, Zetland.

Zorniger a su conquérir le cœur des supporters de Brøndby où il a le total soutien faisant l’unanimité de quasiment tous. Comme il le dit, il a trouvé une nouvelle maison ici au club et est vraiment fier d’entrainer cette équipe où il est devenu un des entraîneurs les plus populaires de l’histoire du club. La preuve en est plus de 11 000 abonnements ont été vendus pour cette saison et un soutien toujours s’en faille comme on a pu le voir à Genk. Il possède un contrat jusqu’en 2020, et aimerait d’ici là apporter le titre tant attendu aux supporters avant de partir pour un possible nouveau défi et pourquoi pas dès ce soir les phases de poules d’Europa League.


Image à la une : Getty Images

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