Aron Johannsson est un joueur dont on entend peu parler en France même si des rumeurs l’ont déjà envoyé à Bordeaux il y a quelques temps. Né de deux parents islandais, il joue pourtant pour les États-Unis où là-bas on le surnomme Aron « Bacon » pour sa ressemblance frappante avec l’acteur Kevin Bacon. Très apprécié là bas, l’attaquant de 26 ans s’est déjà illustré dans plusieurs clubs en Europe. Nous vous proposons donc de découvrir un peu plus en détail le parcours si particulier de ce joueur.
Une jeunesse entre Islande et États-Unis
Aron Johannsson est né à Mobile dans l’Etat de l’Alabama aux États-Unis de deux parents islandais. À l’âge de 3 ans, ses parents décident de retourner vivre à Reykjavik la capitale de l’Islande. Cependant, il garde une certaine proximité avec son pays de naissance : quasiment chaque été, il y retournait en vacances, notamment en Floride.
En 2000, il commence à jouer pour les équipes de jeunes de Fjölnir Reykjavik. Après un passage éclair à Breiðablik puis un retour dans son club formateur il décide d’aller passer une année à l’IMG Academy, une école américaine basée en Floride qui propose en parallèle des études une formation complète dans de nombreux sports.
En 2009, il commence à jouer en première division islandaise avec son club formateur. Cependant, son club finira dernier du championnat et sera donc relégué en deuxième division. C’est la saison suivante, qu’il va vraiment s’imposer en inscrivant 12 buts en 18 matchs de championnat. Il commence alors à attirer quelques prétendants. En 2010, il signe à l’AGF, club d’Aarhus qui évolue alors en deuxième division danoise.
Le début de la renommée
Peu en vue sur le début de saison, il se fait sa place de titulaire en fin de saison et contribue à la montée d’Aarhus en Superligaen. Au cours de la même saison, il commence à jouer avec les U21 islandais.
En Superligaen il est directement titulaire et commence à montrer ses qualités de buteur. Il goûte même à l’Europa League en disputant 2 matchs de qualification face au FC Dila, un club géorgien. On retiendra son triplé en moins de 4 minutes face à l’AC Horsens, un record au Danemark ! Au bout de deux saisons et demie à Aarhus et après un début de saison de folie avec 14 buts inscrits en 18 matchs de championnat, il est courtisé par de nombreux clubs.
Au mercato hivernal, il rejoint l’AZ Alkmaar pour 1,6M€ où il retrouve un autre islandais, Jóhann Berg Guðmundsson. Bien qu’il soient nés la même année, ils n’ont disputé qu’un match ensemble avec les espoirs, une défaite 5-0 face à l’Angleterre. Cela s’explique par le fait que Guðmundsson a commencé à jouer avec l’équipe première très tôt.
Gêné par une blessure, il joue peu pendant cette première demi saison mais se montre quand même décisif en marquant 3 buts en seulement 5 matchs de championnat. Il remporte également son premier trophée, la Coupe des Pays-Bas (ou KNVB-Beker) après une finale remportée 2-1 contre le PSV et dont il a disputé seulement 2 minutes en fin de match.
Le rêve américain ?
Sa blessure et son faible temps de jeu n’empêchent pas Jürgen Klinsmann, alors sélectionneur des États-Unis, de se pencher sur lui pendant l’été. Il n’avait alors jamais envisagé cette option. Voyant que Klinsmann croyait vraiment en lui, lui passait des coups de téléphone régulièrement, il s’est laissé convaincre alors que l’Islande n’était pas encore sur le coup.
À cette époque, l’Islande ne s’était encore jamais qualifiée pour une compétition majeure tandis que les USA s’étaient qualifiés pour chaque Coupe du Monde depuis 1990.
Il y retrouve encore un nordique, le milieu de terrain Mix Diskerud né à Oslo et formé à Stabæk.
La saison suivante est une véritable confirmation pour lui : avec 17 buts il finit troisième meilleur buteur d’Eredivisie derrière Graziano Pellé et l’islandais Alfreð Finnbogason qui jouait alors au SC Heerenveen. Il joue également l’Europa League jusqu’aux quarts de finale et y inscrit 2 buts.
Convoqué à la Coupe du Monde 2014 au Brésil, il ne joue que le premier match de la phase de poule contre le Ghana puis suit ses coéquipiers sur le banc jusqu’aux huitièmes de finale perdus face à la Belgique.
La saison 2014-2015 est un peu moins fructueuse pour lui, blessé puis contraint de se faire opérer il rate une grande partie du début de saison mais revient ensuite à un bon niveau pour inscrire 9 buts, dont 4 sur les trois dernières journées de championnat. L’AZ Alkmaar accroche le podium lors de la dernière journée et finit la saison à une honorable troisième place.
Un parcours mouvementé en Allemagne
Ses performances ne passent pas inaperçues et il rejoint le Werder Brême pour 5M€.
Rapidement titulaire, il se blesse malheureusement après la sixième journée de championnat. Il aura tout de même eu le temps de marquer 2 buts en Bundesliga, mais son rétablissement va être très long. Il profitera de cette période pour passer du temps avec sa famille en Islande. Blessé en Septembre 2015 il effectue ses retours sur les terrains presque un an plus tard.
Ce retour est difficile pour lui. Victime d’une forte concurrence avec Kruse, Pizarro mais aussi Bartels et Gnabry qui jouent parfois en pointe, il a perdu son statut de titulaire acquis avant sa blessure et ne fait que de brèves apparitions en Bundesliga.
Et comme son parcours se fait toujours aux côtés de nordiques, le Werder ne fait pas exception à cette règle. Après le danois Vestergaard la première saison, il va être le coéquipier du finlandais Moisander et désormais également de l’ancien milieu de terrain du FC Copenhague Thomas Delaney qui possède lui aussi la double nationalité américaine.
Saison | Equipe | Championnat | Matchs | Buts | Passes déc. |
2009 | Fjölnir | Pepsideild | 16 | 1 | 0 |
2010 | Fjölnir | Inkasso-deildin | 18 | 12 | 0 |
2010/2011 | AGF | 1. Division | 18 | 2 | 2 |
2011/2012 | AGF | Superligaen | 32 | 8 | 3 |
2012/2013 | AGF | Superligaen | 20 | 14 | 1 |
AZ | Eredivisie | 6 | 3 | 0 | |
2013/2014 | AZ | Eredivisie | 53 | 32 (Tot.|Eredivisie) |
26 | 17 | 7 | 6 |
2014/2015 | AZ | Eredivisie | 24 | 9 | 4 |
2015/2016 | AZ | Eredivisie | 1 | 0 | 0 |
Werder | Bundesliga | 6 | 2 | 0 | |
2016/2017 (en cours) |
Werder | Bundesliga | 8 | 1 | 1 |
Islande U21 | 10 | 1 | 0 | ||
États-Unis | 19 | 4 | 2 | ||
TOTAL | 231 | 83 | 20 |
Aron Johannsson a fait de bonnes performances et s’est avéré efficace en attaque avec une bonne finition mais également des qualités en placement et en anticipation qui le rendent dangereux dans la surface. Il reste très attaché aux deux pays dans lesquels il a grandi : il retourne en Islande assez régulièrement. En 2015, il a affirmé dans une interview vouloir jouer en MLS au pic de sa carrière. Malheureusement on peut voir que sa carrière est un peu gâchée par les blessures.
À 26 ans il a encore le temps de se relancer, on lui souhaite de revenir à son meilleur niveau le plus rapidement possible !