Co-meilleur buteur de la sélection danois (52 buts), Jon Dahl Tomasson est l’une des grandes figures du football dans son pays. Comme beaucoup de compatriotes, Tomasson est passé par les Pays-Bas. Et malgré plusieurs pays visités tout au long de sa carrière, il a toujours gardé un lien particulier avec les Pays-Bas. Au point de s’y installer après sa carrière de joueur.

Sans être un serial buteur comme Henrik Larsson ou Ole Gunnar Solskjær, Tommie est considéré comme un finisseur élégant et fiable. Buteur complet capable de prendre les espaces malgré un déficit de vitesse ou d’endosser le costume de renard des surfaces grâce à un positionnement parfait, également doué dans le jeu aérien et clinique dans l’exercice du penalty, le danois s’inscrit dans la lignée des goleadors scandinaves de grande classe.

Une éclosion rapide

Natif de Copenhague, Jon voit le jour en 1976. Cinq ans plus tard, il chausse sa première paire de crampons pour fouler la pelouse du Solrød BK, près de Køge. Située à 39 kilomètres au sud de la capitale, cette ville est principalement connue pour être l’un des plus anciens ports du pays. A l’âge de neuf ans, il rejoint le plus grand club de la région : le Køge BK. Jon y continue son apprentissage express. Et en dépit de son jeune âge (16 ans), il intègre l’équipe première.

« Sa très grande force était sa capacité à combiner et sa très grande mobilité. Il était très bon dans la profondeur, c’était donc un plaisir de jouer avec lui. Il est entré et a marqué des buts dès le début, et il y a très peu de jeunes de 16 ans qui le font. » – Erik Rasmussen, ex-coéquipier à Køge BK

Pendant deux saisons consécutives, le club réussit à grimper dans la hiérarchie locale passant des séries nationales en deuxième division. Puis en première division. Les performances de JDT n’y sont pas étrangères. Si lors de la saison 1992, il ne prend part qu’à deux rencontres, son temps de jeu s’accroît les années suivantes avec 15 matchs en 1993 et 31 en 1994. Son efficacité augmente également. Elle passe de 0 à 5 et de 5 à 23 buts en championnat. Au total, toutes compétitions confondues, son bilan est de 55 parties et 37 réalisations.

En décembre 1994, à l’issue de la saison danoise, ses prestations séduisent le sc Heerenveen. Comme tant de joueurs nordiques, Tomasson (18 ans) se dirige vers les Pays-Bas. Après une demi-saison d’adaptation où il démontre déjà de belles prédispositions offensives, il devient un titulaire à part entière dès l’exercice 1995/96. Régulier et réaliste, le danois s’impose comme le buteur N°1 de son nouveau club (14 buts). Il récidive la saison suivante (18 buts). Désigné Meilleur Talent Néerlandais de 1996, il coiffe au poteau Patrick Kluivert et Boudewijn Zenden au palmarès.

Flop et rebond

Attiré par la bonne affaire, le Newcastle de Kenny Dalglish le recrute pour l’associer à Alan Shearer dans un rôle de deuxième attaquant : de neuf et demi. Malgré une bonne préparation estivale, la grave blessure de l’international anglais cumulée au départ controversé de Les Ferdinand vers Tottenham oblige Tomasson à évoluer seul en pointe de l’attaque des Magpies. L’expérience tourne au fiasco. Incapable de s’adapter à sa nouvelle position et au rythme élevé de la Premier League, le danois ne s’éternise pas en Angleterre et retourne aux Pays-Bas. Direction Rotterdam. Au Feyenoord, il retrouve son poste de prédilection : attaquant de soutien.

Dès la première saison, De club van het volk (le club du peuple) s’empare de l’Eredivisie. Le quatorzième titre de leur histoire. Le club de Rotterdam s’adjuge également la Super Coupe des Pays-Bas contre l’Ajax d’Amsterdam. Méconnaissable par rapport à l’année précédente, Tomasson marque régulièrement. Si les saisons suivantes, Feyenoord ne parvient pas à faire mieux que de se classer aux places d’honneur (3ème, 2ème et 3ème), Jon carbure : il claque sa dizaine de buts (minimum) par an. Meilleur buteur du club en 2000-01 avec un total de 15 buts, le danois est imité la saison suivante par son nouveau coéquipier : Pierre van Hooijdonk (24 goals).

« J’ai passé quatre bonnes années à Feyenoord et je n’osais pas rêver de pouvoir terminer cette période en remportant la Coupe UEFA. » – Jon Dahl Tomasson

Le duo formé par les deux attaquants permet à Rotterdam de réaliser une superbe campagne européenne et de s’inscrire au palmarès de la Coupe UEFA (2002). Tour à tour, ils éliminent le SC Freiburg, les Rangers F.C., le PSV Eindhoven et l’Internazionale Milano avant de se défaire de l’équipe allemande du Borussia Dortmund en finale (3-2). Provoquant le pénalty du 1-0 (et l’expulsion de Jürgen Kohler) et auteur du troisième but, Tomasson est logiquement élu homme du match. En fin de contrat, et après quatre saisons au Feyenoord, le scandinave décide de rejoindre librement la Serie A en signant pour l’AC Milan.

La grande joie de Tomasson après son premier trophée Européen avec cette C3, décisif lors de cette finale. Crédit photo : UEFA Europa League.

Un bilan contrasté

Pour sa première saison dans la péninsule italienne, Tomasson est confronté à une rude concurrence avec la présence dans l’effectif de Filippo Inzaghi, Rivaldo et Andriy Chevtchenko. Principalement utilisé comme remplaçant, le buteur nordique donne satisfaction par son implication et son professionnalisme. S’inspirant de son coéquipier Super Pippo, il inscrit quelques buts de joueur de surface. Grâce à leur parcours européen, il enrichit également son palmarès d’une Ligue des Champions remportée face à la Juventus (0-0, 3/2 aux tab). Lors de la saison suivante, Ancelotti lui donne plus de temps de jeu. Tomasson en profite pour tirer son épingle du jeu.

Malgré une grande concurrence et une équipe au top, Tomasson aura su rester professionnel et combatif pour s’y imposer. Crédit photo : AC Milan.

Il améliore son bilan personnel en scorant à 12 reprises en Serie A. Réaliste et très bien positionné, il marque régulièrement en suivant les ballons relâchés par les gardiens adverses ou en terminant de près les offrandes de ses partenaires (Kaká notamment). Au terme de l’année, les Rossoneri s’emparent du Scudetto. Mais l’arrivée de Hernán Crespo en Lombardie lors du mercato estival suivant n’arrange pas ses affaires. De nouveau relégué sur le banc, il retrouve son rôle du joker de luxe lancé en cours de match pour inverser la tendance ou pour effectuer le turn-over nécessaire pour le bon fonctionnement de l’équipe.

« L’éthique du travail danoise m’a surpris. Surtout leur capacité spéciale à tout donner à l’entraînement. C’étaient des joueurs très professionnels et très compétents. C’est Jon Dahl Tomasson qui a le mieux performé et qui a fait preuve de la plus grande continuité, lui qui a toujours dû se battre pour le temps de jeu contre des attaquants de classe mondiale. Il n’a jamais eu la vie facile, mais il n’a jamais abandonné et a essayé de prendre toutes les chances qu’il a eues. » – Carlo Ancelotti, ex-coach du Milan.

En début de saison, il remporte la Supercoupe d’Italie contre la Lazio (3-0). Le parcours domestique du Milan est très bon avec une deuxième place sur le podium de Serie A. Finalement, le titre remporté par la Juve est non attribué suite au scandale du Calciopoli. Deux ans après le succès à Old Trafford, Milan retourne en finale pour y affronter les Reds de Liverpool. Cependant, à Istanbul, pas de miracle pour le Diavolo. Menés 3-0 à la pause, les Anglais recollent au score pour s’imposer aux tirs au but 3-2. Le transfert de Christian « Bobo » Vieri le pousse vers la sortie. Placé sur la liste des transferts, il trouve une porte de sortie à Stuttgart.

La Bundesliga et la Liga …

Le VfB et son nouveau coach, le mythique italien Giovanni Trapattoni, s’acquittent du montant de 7,5M€ pour attirer Tomasson dans le sud-ouest de l’Allemagne. Là bas, il retrouve son coéquipier en sélection : Jesper Grønkjær. La saison 2005/06 n’est pas vraiment réussie avec une neuvième position au classement. Le Trap, en conflit avec plusieurs cadres de l’équipe (dont les danois), est viré en février 2006 pour manque de résultats. Le bilan offensif est insuffisant même si Jon est le meilleur de son équipe (8 buts). Blessé pour une longue période lors de la première partie de la saison suivante, il ne participe qu’à quatre rencontres et décide de se relancer en Espagne lors du mercato hivernal. Il ne voit donc pas Stuttgart remporter le titre 2007.

« Ce transfert est la meilleure solution pour toutes les personnes concernées. Pour Jon, les choses ne se sont pas passées comme prévu au VfB à la fin. Ça s’est très bien passé à Villarreal ces derniers mois et il a retrouvé ses anciennes forces. Nous lui souhaitons bonne chance pour sa future carrière. » – Horst Heldt, ex-directeur sportif du VfB Stuttgart.

Jon Dahl Tomasson rejoint Villarreal en prêt avec option d’achat. Avec le submarino amarillo (sous-marin jaune), le danois remplace numériquement le turc Nihat Kahveci blessé jusqu’à la fin de la saison 2006/07. En rejoignant la Liga, il devient le cinquième joueur à avoir évolué en Premier League, Serie A, Bundesliga et Primera División. Sa moitié d’année est jugée satisfaisante par les dirigeants espagnols pour l’engager définitivement. Il signe un contrat de deux ans.

Si la saison de Villarreal est une réussite collectivement avec une magnifique deuxième position au classement devant le Barça, celle de JDT est nettement moins positive. Aligné principalement en Coupe de l’UEFA, il claque cinq buts en huit matchs. Mais il ne parvient pas à décrocher une place de titulaire en championnat. Il doit se contenter d’un temps de jeu peu conséquent. Santi Cazorla, Guillermo Franco, Diego Godín, Robert Pirès, Gonzalo Rodríguez ou Marcos Senna forment l’ossature de cette équipe. Frustré par cette expérience, il demande à quitter le club.

… avant de revenir aux Pays-Bas

En juillet 2008, il quitte Villarreal librement et revient à Feyenoord avec un nouveau contrat de trois ans à la clé. Son retour est prolifique avec quatre buts en trois matchs. Mais une accumulation de blessures le laisse sur le carreau de septembre à janvier 2009. Finalement, son total de rencontres se solde à 14 participations (9 buts) en Eredivisie. Encore handicapé par les blessures l’année suivante, il parvient tout de même à être désigné meilleur buteur du club (12 buts) devant Roy Makaay.

Lors de cette saison, ils atteignent également la finale de la KNVB Beker (coupe des Pays-Bas) contre l’Ajax. Cependant, le dénouement n’est pas celui espéré pour le Feyenoord. Cette dernière manche se dispute en match aller/retour. La première rencontre se déroule à Amsterdam. Les Lanciers l’emportent 2-0. Au De Kuip, De Stadionclub ne parvient pas à inverser la tendance. Malgré une nouvelle réalisation de Tomasson, Rotterdam doit s’incliner 1-4. Et laisse la coupe aux rivaux de l’Ajax.

« Je dis stop même si c’est une décision très difficile. Ce n’est pas une journée agréable car c’est merveilleux d’être footballeur professionnel. Je suis fier de ma carrière. J’ai remporté la Coupe UEFA avec Feyenoord et la Champions League avec l’AC Milan, c’est magnifique. » Jon Dahl Tomasson

Handicapé par une nouvelle blessure contractée (une tendinite) lors du Mondial 2010, il tente quand même de refouler les pelouses dès le mois d’août. Mais pas assez rétabli, il manque la première partie de la saison 2010/11. Malgré de nombreuses séances de soins et de rééducation, il doit mettre un terme à sa carrière prématurément. En juin 2011, il annonce publiquement sa décision. Son dernier match sous les couleurs rouges et blanches aura donc été la finale retour (perdue) contre l’Ajax Amsterdam.

Avec l’équipe nationale

Considéré comme l’un des meilleurs talents de sa génération, Tomasson débuté sa carrière internationale très tôt. Dès ses 16 ans, il endosse la tunique rouge de la sélection scandinave (U16) pour trois rendez-vous internationaux. Avec deux buts à la clé. Très vite, il monte de catégorie pour intégrer les U17 (8 matchs, 8 buts). Puis les U19 en 1993. Elu Joueur danois de l’année 1994 chez les moins de 19 ans, il a des stats très intéressantes (16 m, 12 b). Son parcours avec les équipes de jeunes continue avec les U21 (10m, 5 b) et même la sélection B. Il connait enfin les honneurs de l’équipe nationale A en mars 1997 contre la Croatie.

Son flop à Newcastle le laisse sur la touche pour la Coupe du Monde 1998. Le sélectionneur suédois du Danemark Bo Johansson lui préfère Martin Jørgensen, Brian Laudrup, Peter Møller, Miklos Molnar ou encore Ebbe Sand. Il retrouve De Rød-Hvide avec son arrivée au Feyenoord. Son réalisme devant le but (6 buts en 7 matchs) lors de la phase de qualif pour l’Euro 2000 le rend indispensable. Utilisé en milieu offensif derrière Ebbe Sand, le duo cartonne. Le parcours du Danemark n’est malheureusement pas brillant lors de cette compétition européenne. JDT ne marque aucun but en trois rencontres.

Jon Dahl Tomasson et Ebbe Sand, un sacré duo pour le Danemrk. Crédit photo : DBU

Avant de rejoindre l’Italie, Tomasson dispute la Coupe du Monde 2002. Son bilan personnel est plus satisfaisant avec 4 goals en 4 parties. L’aventure danoise s’interrompt en huitièmes de finale contre l’Angleterre (0-3). Le buteur danois s’illustre également lors de l’Euro 2004. Brillant, il est nommé dans l’équipe type de la compétition grâce à ses trois buts (en quatre matchs). Sélectionné dans la liste des 23 pour la coupe du monde en Afrique du Sud, il inscrit son dernier but international lors de l’ultime match du groupe E contre le Japon (défaite 3-1). La FIFA le désigne comme le Meilleur joueur danois du Tournoi. Suite à sa tendinite, il arrête également sa carrière internationale. Au total, en treize saisons et 112 capes, il détient le record de buts en sélection (52 buts avec Poul Nielsen).

« Il est le joueur ultime de l’équipe. Il s’est toujours davantage concentré sur l’équipe que sur ses propres performances. Quatre finales, 112 sélections et 52 buts parlent d’eux-mêmes. Un grand respect pour un grand joueur ! » – Morten Olsen, ancien international et sélectionneur danois

Reconversion

Jon Dahl Tomasson ne reste pas longtemps inactif. Peu après l’annonce de sa retraite, il devient l’adjoint du club néerlandais du SBV Excelsior Rotterdam (filiale du Feyenoord). A l’issue de la saison 2011/12, l’équipe est reléguée de Eredivisie en Eerste Divisie. Leon Vlemmings succède à John Lammers dans l’optique de remonter immédiatement en première division. Mais le pari est perdant. Du coup, les dirigeants confient cette mission à Tomasson pour la saison 2013/14.

Cependant, il ne va pas au terme de son contrat. Débauché par Roda, il termine la saison avec le club de Kerkrade, membre de l’élite. Engagé pour trois saisons et demi, il ne reste que cinq mois avec De Koempels. Viré fin mai 2014, il paie au prix fort la rétrogradation de Roda à l’issue de la saison. Pour la première fois de sa jeune carrière de coach, il se retrouve au chômage. Mais il ne reste pas trop longtemps sur la touche. Dès juin 2015, il retrouve un poste. Il est nommé entraîneur-adjoint au Vitesse Arnhem de Peter Bosz.

« Ça doit être Jon Dahl Tomasson. C’est complètement évident. 
Oui, ce serait idiot de ne pas le prendre. En équipe nationale, la continuité est essentielle. La DBU sait ce qu’ils obtiendront s’ils choisissent Jon Dahl. » –
Åge Hareide, actuel sélectionneur danois.

L’exercice se déroule bien jusqu’à la trêve. Lors du mercato hivernal, le technicien néerlandais accepte la proposition du Maccabi Haïfa et quitte le club à la cinquième position du classement. Rob Maas prend la suite. Tomasson devient premier assistant. Mais l’équipe chute et termine à la treizième place. Finalement, Tomasson ne poursuit pas l’aventure au GelreDome. A l’été 2016, il s’engage comme entraîneur-adjoint avec la fédération danoise : Dansk Boldspil-Union. A ce jour, il occupe encore ses fonctions sous la direction de Åge Hareide et ce dernier le verrait bien prendre sa succession, même si pour le moment cela sera surement ailleurs avec l’arrivée en 2020 de Kasper Hjulmand.

Un duo efficace le Danemark étant 10e au classement FIFA, actuellement sur une série de 28 matchs sans défaite mais moins séduisant dans le jeu…. Crédit photo : DBU.

Attaquant moderne et percutant, Jon Dahl Tomasson savait s’adapter à ses partenaires pour briller et les faire briller. Apprécié de ses entraîneurs pour son implication, notamment à l’entrainement, Tommie était un modéle pour ses coéquipiers. Grand voyageur, il a écrit une belle page de sa carrière aux Pays-Bas (principalement au Feyenoord) où il a effectué une grande partie de son parcours professionnel. Si sa reconversion n’est pas (encore) une franche réussite, il continue son apprentissage auprès du sélectionneur national.

Statistiques :

1992-1994 – Køge BK : 55 matchs, 37 buts

1994-1997 – Heerenveen : 87 matchs, 44 buts

1997-1998 – Newcastle United FC : 35 matchs, 4 buts

1998-2002 – Feyenoord Rotterdam : 151 matchs, 69 buts

2002-2005 AC Milan : 113 matchs, 35 buts

2005-2007 – VfB Stuttgart : 43 matchs, 12 buts

2007-2008 – Villarreal CF : 48 matchs, 12 buts

2008-2011 – Feyenoord Rotterdam : 42 matchs, 21 buts

Palmarès :

1 Eredivisie : 1999

1 Supercoupe des Pays-Bas : 1999

1 Coupe de l’UEFA : 2002

1 Ligue des Champions : 2003

1 Coppa Italia : 2003

1 Serie A : 2004

1 Supercoupe d’Italie : 2004

2 fois Joueur danois de l’année : 2002, 2004

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