Kennedy Bakircioglu n’aura pas eu la carrière attendue que tant de personnes lui avaient offerte sur le jeu de simulation Championship Manager pour lequel il est surtout connu. L’annonce de la fin de sa carrière pour la fin de saison en Suède début novembre est passée sous silence radio notamment en France tout comme sa carrière de joueur, et pourtant le suédois restera à jamais comme une légende dans son club d’Hammarby où aujourd’hui il va disputer son dernier match devant son public et sortir comme un héros, une légende.
Car on le sait il n’y a pas de carrière type pour faire d’un joueur une légende, et après tout qu’est-ce qu’une légende dans un sport ? Quelqu’un qui enchaîne les gros clubs avec un gros palmarès ou quelqu’un qui marque à jamais un club de son passage par les valeurs qu’il aura dégagées ? Sans doute les deux, et c’est pour cette dernière option que Kennedy restera dans les esprits des supporters d’Hammarby puisqu’à 38 ans, après un sacré parcours, il va tirer sa révérence en cette fin de saison en Suède. Retour sur un parcours peu commun où le nom Kennedy aura un héritage certain.
Un grand héritage familial et début de carrière prometteur en Suède :
Kennedy Bakircioglu c’est avant tout une superbe histoire d’intégration à la Zlatan Ibrahimovic, dans un pays souvent décrié pour sa politique migratoire. Sa famille était arrivée à Södertälje dans le compté de Stockholm en 1972 de Midyat en Turquie où ils ont dû fuir étant harcelés. Son père, Benjamin « Muller » Bakircioglu, aura joué de 1976 à 1992 dans le club amateur de l’Assyriska en cinquième et sixième division, club établi par la diaspora assyrienne dont sa famille provient également. Il aura évolué durant toute sa carrière amateur dans ce club où il reste encore aujourd’hui le meilleur buteur.
C’est en 1980 que né son fils nommé Kennedy, en hommage à l’ancien président des Etats-Unis, John F. Kennedy tragiquement assassiné en 1963. Tout comme son père, il fait ses débuts à Assyriska à seulement 15 ans et qui depuis est monté en troisième division puis seconde. Ses bonnes performances pour son âge attirent forcément les observateurs, et en décembre 1998, il effectue un essai à Manchester United sous la demande de Sir Alex Ferguson. Mais l’essai ne se révélera pas concluant au grand regret du jeune suédois de 18 ans qui rêvait tellement de ce club.
Hammarby – Acte I :
Il ne reste pas longtemps sur l’échec de son essai en Angleterre, car les clubs de l’élite suédois ne laisse pas passer la belle occasion. Il a alors le choix pour l’anecdote entre l’AIK et Hammarby, deux clubs rivaux de Stockholm. Mais conseillé par son père, il rejoint les vert et blanc où il lui voit plus de perspective d’avenir et de temps de jeu. Choix payant puisque le jeune Kennedy devient rapidement le chouchou du public (et à cette même époque des joueurs de CM 01/02), positionné comme milieu offensif. Il apportera d’ailleurs le but du titre en 2001 de champion de Suède, le premier dans l’histoire du club et actuellement le seul !
La même année, il découvre les joies de la sélection suédoise sous Lars Lägerback après avoir connu les principales sélections jeunes. Mais il n’aura que peu de temps de jeu sous le maillot Blågult malgré sa montée en puissance à Hammarby avec une saison à 11 buts en 2002 puis 12 en 2003. Mais, Kennedy se sent prêt pour l’étranger après avoir vu échouer son transfert au Beşiktaş la saison passée, il veut partir coûte que coûte. Il refuse alors de prolonger son contrat à Hammarby, le voyant sanctionner seulement quelques jours face à l’importance qu’il avait dans cette équipe. En fin d’année 2003, c’est avec la grande déception des fans qu’il choisit de partir librement pour la Grèce à Iraklis sous l’étonnement de tous.
Carrière freinée entre mauvais choix , non confiance et blessures à répétition :
Pour sa première expérience à l’étranger alors âgé de 23 ans, Kennedy fait donc le choix de la Grèce à l’Iraklis motivé par le fait d’être entraîné par le coach suédois Mats Jingblad qui le voulait absolument. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu, l’entraîneur se fait rapidement congédier et le club éprouve rapidement des problèmes financiers où les salaires ne sont plus payés.
Kennedy Bakircioglu est alors vendu à Twente aux Pays-Bas, où il retrouve le plaisir et les hautes performances avec notamment une saison 2006-2007 à 15 buts lui faisant redécouvrir la sélection et après deux saisons au club, s’engager au club historique néerlandais à l’Ajax. Au sommet de sa carrière, sur le point de prouver à tous qu’il a l’étoffe pour devenir le joueur que tous lui prédestinaient lorsqu’il évoluait en Suède, les malheurs reviennent à la surface avec une blessure l’éloignant des terrains puis la non confiance de Marco van Basten puis Martin Jol en font un échec pour son passage dans le club ajacide.
Il est alors poussé vers la sortie, et découvre un nouveau pays et championnat en Espagne au Racing Santander en 2010 alors âgé de déjà 30 ans et n’ayant pas pu confirmer les espoirs placés en lui. Ce transfert est pour lui la dernière chance de pouvoir briller à l’étranger. Sa première saison n’est pas mauvaise avec 6 buts en 32 rencontres mais blessé au talon d’Achille la saison suivante où il ne dispute que 7 rencontres, il voit son club descendre en seconde division. Cela en est alors terminé de l’étranger, Kennedy n’aura pas pu apporter son talent à l’étranger il veut finir sur une carrière sur une bonne note et pour cela une seule solution : rentrer à la maison.
Hammarby – Acte II :
Parti en quelque sorte en mauvais terme avec Hammarby suite à son départ en fin de contrat, Kennedy Bakircioglu est accueilli en véritable héros à son retour au club alors qu’ils sont descendus en Superettan, la seconde division suédoise. Sur la première mi-saison qu’il dispute, il inscrit 5 buts en 9 rencontres et se voit donner le brassard de capitaine.
Il aura marqué les esprits pour son retour en inscrivant de nombreux buts historiques, avec en 2013 le dernier but au Söderstadion, l’ancien stade d’Hammarby qui évolue désormais au Tele2 Arena avec Djurgården. Puis en 2014, après une superbe saison à 17 buts, il inscrit les deux buts dans le match qui a ramené Hammarby dans l’élite, l’Allsvenskan, qui plus est, le jour de son anniversaire. Lors de la saison 2015, il retrouve donc la première division avec son club et de nouveau ses buts marquent l’histoire du club : premier but du club en Allsvenskan pour le retour et le premier but lors du derby de Stockholm dans le nouveau stade.
Il n’aura pas beaucoup joué cette saison, pour sa dernière, avec seulement 10 rencontres pour 131 minutes de temps de jeu cela aura été suffisant pour marquer encore une dernière fois les esprits. Car cet apôtre des coups-francs, à fait fort très fort. 6 minutes après être entré en jeu, son équipe d’Hammarby affronte l’IFK Göteborg et obtient un coup franc à plus de 30m. Aucun problème pour Kennedy qui s’en charge et transforme en pleine lucarne. Ce but ne restera pas dans l’histoire pour son importance (Hammarby ayant gagné 3-0), mais surtout pour sa célébration qui aura fait le tour du monde, une sorte d’adieu au monde du football.
Cette célébration d’un supporter jetant un verre de bière et Kennedy le réceptionnant parfaitement et buvant une gorgée aura fait le tour d’internet, permettant de refaire parler du joueur et de son formidable pied droit. Mais ce que peu de personnes savent, c’est que tout était préparé, avec des heures d’entraînements avec ses coéquipiers pour espérer le réussir une fois au stade si jamais il marquer. Car Kennedy Bakircioglu est un acharné de travail et c’est cette exigence qui lui a permis de rendre fier son père et d’avoir une carrière plus qu’honorable et de marquer à tout jamais la vie des supporters d’Hammarby.
Kennedy n’aura obtenu seulement que 3 trophées dans sa carrière et 14 sélections avec la Suède où il n’y avait malheureusement pas de place pour lui comme numéro 10 dans un système de 4-4-2. Un énorme QI football qui n’aura malheureusement pas pu réellement servir à l’étranger et un joueur qui restera malheureusement pour la plupart qu’une légende CM n’ayant pas confirmé.
Mais quelle importance pour lui, car comme il le dit le plus important pour s’est d’avoir marqué un club et ses supporters à jamais. Il est le joueur le plus aimé d’Hammarby, a donné le nom Kennedy en Suède à déjà plus de 50 enfants dont les parents ont été marqués par ce joueur. Comme l’a fait 50 ans plus tôt la légende Nacka Skoglund à Hammarby, où à chaque Noël le joueur et de nombreux supporters se rassemblent toujours devant sa statue, et qui s’est peut être bientôt cela sera au tour de Kennedy d’avoir sa statue. En attendant, aujourd’hui, Kennedy Bakircioglu va jouer son dernier match devant son public et leur faire définitivement ses adieux en tant que joueur en essayant d’apporter une qualification Européenne et en soignant sa sortie, une dernière fois.
À 38 ans, Kennedy aura tiré au maximum pour ce plaisir qu’il a toujours éprouvé de jouer au football. Mais il est désormais tant pour lui de profiter de sa famille et notamment de son fils Leo Kennedy qui est également un fou du ballon rond et rêve déjà de jouer pour Hammarby et de marquer autant les esprits que son père. De génération en génération, on se transmet l’amour du ballon rond et du club d’Hammarby et on espère que les Kennedy continueront de faire briller le football suédois, si ce n’est son fils où déjà les 50 enfants portant son nom non plus pour l’ancien président des Etats-Unis mais pour ce joueur fantasque qui aura marqué une communauté de supporters.
Bilan carrière :
Assyrska 1996-1998 : 34 matchs – 10 buts
Hammarby 1999-2003 : 127 matchs – 38 buts
Iraklis 2003-2005 : 24 matchs – 4 buts
Twente 2005-2007 : 66 matchs – 23 buts
Ajax 2007-2010 : 35 matchs – 6 buts
Racing Santander 2010-2012 : 39 matchs – 6 buts
Hammarby 2013-2018 : 138 matchs – 41 buts
Suède : 14 sélections.
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