C’est la déception de la saison en Eliteserien. Lillestrøm, qui ambitionnait de se qualifier en Coupe d’Europe au début de la saison, est relégué en Obos-Ligaen quatre ans après son retour dans l’élite. Peu, voire aucun, suiveur assidu du championnat norvégien aurait pu prédire une telle baisse de performance de la part du LSK. Un club qui, rappelons-le, a terminé quatrième à deux reprises puis sixième la saison passée et qui a été européen durant cette même période. Alors comment expliquer un tel déclin ? Éléments de réponse.

Une trahison historique

Tout a vraiment commencé à chavirer dès 2023. Si sportivement tout allait relativement bien pour le club norvégien, un véritable séisme est venu le secouer en juillet de la même année. Alors qu’il avait prolongé son contrat jusqu’en 2027 six mois plus tôt, Geir Bakke, l’entraîneur, décide de quitter le club au beau milieu de la saison après plus de 1287 jours passés à la tête de l’équipe. Le tout pour rallier… Vålerenga ! L’ennemi juré !

Une véritable bombe qui a causé un déferlement médiatique et une haine de la part des supporters quasiment sans précédent. Évidemment, lorsqu’une telle figure du club (celle qui a fait remonter le club en Eliteserien) part du jour au lendemain pour s’engager avec le rival, il faut quelque temps pour s’en remettre. Débute alors un véritable jeu de chaises musicales sur le banc du LSK. Alors que le club avait gardé le même coach à sa tête depuis trois saisons et demie, sept autres se sont succédé jusqu’à aujourd’hui. Sept entraîneurs différents en un an et demi. Difficile de créer un cadre et une dynamique stable dans de telles conditions.

Les supporters demandent la démission des dirigeants

Un argument que partage les Kanaris-Fansen, le groupe des supporters ultras du club, qui se sont fendus d’un communiqué assassin envers la direction et les joueurs après la relégation. « À un moment donné, la situation était tellement chaotique que nous nous sommes retrouvés sans entraîneur parce que le conseil d’administration/la direction sportive avait réaffecté Asterhed (alors entraîneur intérimaire) au poste d’entraîneur adjoint, avant même que nous ayons signé un nouvel entraîneur principal (!) » Mais pour eux, le problème est encore plus profond et ils appellent toute la direction à démissionner dans les plus brefs délais. « L’entraîneur doit-il une fois de plus partir ? Absolument pas ! Le conseil d’administration, le directeur général, le directeur sportif, l’équipe d’entraîneurs et les joueurs, toutes ces personnes ont une responsabilité dans la relégation. Toutes les personnes impliquées dans la gestion quotidienne de l’équipe masculine ont une responsabilité. Ce sont exactement les mêmes personnes (à l’exception de certains) qui ont été responsables de la relégation en 2019. On nous répète que « nous disposons des meilleures installations du pays pour gérer un club de haut niveau ». C’est bien beau, mais cela ne répond pas à la question de savoir pourquoi nous avons été relégués deux fois en cinq ans. » Ambiance.

Les supporters de Lillestrøm ont accroché une banderole appelant à la démission de leur directeur sportif Simon Mesfin.

Ce que l’on retient principalement de ce communiqué, c’est que les joueurs ne sont pas tant pointés du doigt. Ceux qui le sont le plus sont les membres du conseil d’administration et la direction sportive. Pour comprendre, il faut remonter à l’été 2023, au moment où Geir Bakke quitte le club.

Une direction interne qui chavire

Le mercato estival s’annonçait plutôt tranquille pour le club norvégien. Pas de pression particulière, mais une envie de faire deux ou trois « bons coups ». Sauf que du jour au lendemain, panique générale. Il fallait trouver un nouvel entraîneur. À l’époque, Gaute Helstrup, en pleine bourre avec Tromsø, était la cible numéro un selon les informations du journal local Romerikes Blad. Offre déclinée par le technicien. Presque un mois s’écoule sans que le LSK ne trouve un remplaçant. Jusqu’au matin du 10 août où est officialisée l’arrivée d’Erik Bakke (aucun lien familial avec Geir). Enfin un peu de répit ! Eh bien… non. Simon Mesfin, le directeur sportif, reçoit une offre très intéressante du Queens Park Rangers (Angleterre). Après plus d’une semaine d’incertitude, il déclinera cette dernière. Voilà comment en quelques semaines, un club sain et stable s’est vu être déstabilisé de touts bords. D’autant plus que le courant ne passe pas entre le nouvel entraîneur et les joueurs.

La pression s’accentue et les supporters se font de plus en plus insistants. Ils veulent des recrues pour viser plus haut ! Pour la première fois depuis quatre ans, l’hermétique direction interne se laissait influencer. Par la suite, elle va même s’affaiblir puisque Simon Mesfin est hospitalisé le 8 décembre 2023 pour un prolapsus du cou. Depuis, il est en arrêt de travail à 80%.

Avec aussi peu de stabilité sur le banc, il était évident que les joueurs finiraient par en pâtir. Car si c’est en interne que la relégation s’est amorcée, c’est sur le pré qu’elle s’est confirmée. Cette saison, les cadres n’ont pas été à la hauteur. Ruben Gabrielsen, capitaine de l’équipe, est le premier à le confirmer « J’ai été très mauvais cette saison. J’en ai parlé avec les supporters, mais ce que l’on s’est dit restera entre eux et moi. » Gjermund Åsen, qui a quitté la pelouse en pleurs face à Sandefjord quand la relégation est devenue officielle, est également très critique « Décevoir nos supporters avec des résultats aussi faibles est probablement la chose la plus dure que je puisse vivre. » Nous ne pouvons pas conclure ce paragraphe sans parler du serial buteur Thomas Lehne Olsen qui n’a marqué que huit buts cette saison. Son plus faible total depuis… la relégation de Lillestrøm en Obos-Ligaen cinq ans auparavant.

Cette relégation est un petit coup de tonnerre en Norvège. Elle rappelle à tous que malgré la réussite sportive, n’importe qui peut basculer du mauvais côté, du jour au lendemain. Depuis la relégation, Morten Kokkim, président du LSK depuis huit ans, a décidé de passer la main lors de la prochaine assemblée annuelle en mars prochain. Les tensions ne se sont pour autant pas apaisées entre les supporters et leur direction. L’hiver s’annonce long et intense alors qu’à quelques kilomètres de là, l’heure est à la fête à Oslo puisque le rival Vålerenga remonte en Eliteserien… avec Geir Bakke à sa tête.

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