Monaco champion de France de Ligue 1, Strasbourg champion de Ligue 2… L’un de nos « Nordisk » préférés y est forcément pour quelque chose ! Pontus Farnerud semble, en effet, être le porte-bonheur de cette saison, lui qui a revêtu le maillot des deux clubs. Impossible, donc, de ne pas lui demander de ses nouvelles ! Qui plus est, le Suédois est de ces joueurs que le public adore. Milieu de terrain talentueux et élégant balle au pied, il est un homme abordable et extrêmement sympathique en dehors des pelouses. D’ailleurs, à en croire les voeux que lui ont adressés les supporters sur les réseaux sociaux pour ses 37 ans (le 4 juin), personne à l’ASM et au Racing ne l’a oublié !
Né à Helsingborg, formé à Landskrona, Pontus débarque sur le Rocher à l’été 1998, tout juste âgé de 18 ans. Il fait ses débuts en D1 en mars 1999, face à Metz. Un an plus tard, il est sacré Champion de France avec l’ASM. En 2003, après une victoire en Coupe de la Ligue, le Suédois est prêté à Strasbourg. Il refait ensuite une saison dans la Principauté, avant de retourner en Alsace. Malgré un beau parcours en Coupe de l’UEFA, où le Racing termine premier d’un groupe comprenant la Roma et Bâle, le club alsacien est relégué en 2006.
Après plus de 150 matches de L 1, Pontus signe alors au Sporting Lisbonne avec lequel il remporte notamment deux Coupes du Portugal en deux saisons. S’en suivent trois années et demie et un titre de champion de Norvège avec Stabaek. En 2012, il rentre en Suède, à Göteborg, où il terminera sa carrière. Côté sélection nationale, le joueur compte 11 apparitions avec les « A » suédois. Il a notamment participé à la Coupe du Monde 2002 et à l’Euro 2004.
Le plus français des suédois nous a offert un peu de son temps, et ça fait carrément plaisir !
Pour commencer, que fais-tu actuellement ? Le grand public français n’a plus forcément l’occasion de te suivre… De quoi sont faites tes journées ?
Je vis entre la France et la Suède. Je travaille depuis deux ans et demi pour la télé suédoise comme consultant. Au début en France, pour les matchs du PSG avec Zlatan et depuis qu’il est parti, pour le championnat de Suède.
Tu as mis un terme à ta carrière en 2013, suite à une blessure à la hanche. Comment réagit-on lorsqu’on est footballeur professionnel et qu’un médecin vous dit « Il faut arrêter » ?
C’était très difficile parce que j’avais envie de continuer. Je me suis fait opérer à la hanche, mais malheureusement j’avais toujours mal et ma dernière année j’étais obligé de prendre des cachets et des piqûres tout le temps. C’était très dur mentalement de ne pas pouvoir jouer au même niveau qu’avant et ne jamais être à 100%.
Souhaiterais-tu revenir plus proche des terrains ?
Oui j’aimerais bien revenir sur les terrains ou travailler pour un club. On verra bien.
As-tu une idée du poste que tu voudrais occuper ?
Je vais prendre ma licence pour devenir entraîneur cette année, mais je suis assez ouvert.
Puisque tu suis l’Allsvenskan (1ère division suédoise), y a-t-il des jeunes talents que tu conseillerais à des clubs français ou que tu verrais au plus haut niveau ?
Oui, le championnat est très intéressant. Il y a des talents, des « anciens » (Källström, Isaksson, Jonas Olsson, Rosenberg, mon frère, etc…) qui sont revenus, beaucoup de nouveaux stades très modernes et surtout beaucoup de clubs avec des supporters au top niveau européen. Le plus grand talent, Alexander Isak, vient de signer à Dortmund. Haksabanovic (Halmstad), Sarfo (Sirius), Irandust (Häcken), Svanberg (Malmö) sont de jeunes joueurs intéressants.
Selon toi, pourquoi les suédois, comme ceux que tu as cités, reviennent-ils souvent au pays en fin de carrière ? Toi aussi tu étais à Göteborg avant ta blessure…
Je pense que la plupart des joueurs suédois ont cette envie. Ils ont envie de revenir dans leur équipe de cœur ou/et de finir chez eux, dans le championnat de leur pays. C’est aussi par rapport aux familles et aux enfants je pense, pour qu’ils rentrent à l’école en Suède et fassent leur éducation en suédois.
Parlons de Monaco. Un titre de champion de France, une demie-finale de Champions League… Comment as-tu vécu cette magnifique saison ? As-tu suivi les matchs de l’ASM ?
Bien sûr que j’ai suivi cette équipe ! Je suis très content pour l’équipe, les supporters et le club. Avec un jeu très offensif et de jeunes joueurs, c’est plus que mérité !
Quel monégasque t’a le plus impressionné ?
Difficile de choisir… Les deux latéraux ont été très importants dans le jeu offensif. Bernardo Silva avait beaucoup progressé depuis son arrivée. Falcao a su rebondir et il est devenu un vrai leader. Germain est un exemple pour beaucoup de jeunes. N’importe quand et n’importe où, il se donne toujours à 100% pour le club. Fabinho est arrivé comme latéral droit, et maintenant il est l’un des meilleurs milieux de terrain du championnat. Lemar est très décisif. Et Mbappé, si jeune, si mature et tellement de qualités !
Tu avais participé au dernier titre de Monaco, en 2000, alors que tu n’avais que 19 ans. Quel souvenir gardes-tu de cette saison, avec des joueurs comme Gallardo, Trézéguet, Barthez ou Simone à tes côtés ?
Je garde beaucoup de souvenirs, mais surtout celui d’avoir fait partie de cette équipe fantastique ! Bien sûr, je me souviens du match contre Nancy (31e journée). Quand je rentre en jeu, je donne un ballon à Marco (Simone), qui centre pour Dado (Prso) qui marque (à la 92e minute, score final 2-2, ndlr) et on est officiellement champions !
Cette saison, tu es un porte-bonheur, puisqu’il y a aussi Strasbourg qui fait son retour en Ligue 1, après des années de galère suite à la relégation administrative en CFA2. Pensais-tu que le Racing arriverait à revenir aussi vite dans le monde pro, et mieux, en Ligue 1 ?
Non, sincèrement, je n’y croyais pas. Le Racing, la ville, le club, les supporters méritent d’être en Ligue 1 ! Mais ce ne sera pas facile de passer du National à l’élite en deux saisons…
Le public strasbourgeois fait beaucoup parler de lui, avec une Meinau souvent pleine, et des records d’affluence au inférieures. Est-ce que toi aussi tu sentais l’importance du club pour les Alsaciens ?
Oui, et je me sentais vraiment à la maison. C’est très important pour un club d’avoir une histoire, des supporters qui sont là pour le meilleur et pour le pire moment. Il y a une âme dans ce club.
Lors de tes passages au Racing, tu as eu la chance de jouer avec ton petit frère, Alexander (arrivé en janvier 2004). Cela a dû être particulier pour vous ! Est-ce toi qui avais suggéré aux dirigeants de le faire venir ?
Bien sûr c’était particulier, c’est un rêve qui se réalisait ! Nous avons également fait un match ensemble en équipe nationale et je suis très fier et très content que nous ayons porté le même maillot en club et en sélection ! Mais non, ce n’était pas grâce à moi qu’il était venu. C’est Marc Keller qui a fait le forcing pour qu’il signe à Strasbourg, même s’il avait d’autres clubs derrière lui.
Puisque tu connais Marc Keller, c’est lui qui a repris les rênes du Racing en CFA. Est-ce que cela t’a étonné qu’il se lance dans ce projet ?
Je ne suis pas du tout étonné qu’il ait décidé de prendre les choses en main et qu’il y soit arrivé. C’est quelqu’un de très sérieux, qui connaît le monde du foot, qui aime le club et qui fait tout pour le RCS.
J’aimerais maintenant que tu nous donnes ta vision du foot ! Tu es plutôt « attaque de feu » ou « défense de fer » ? Si on te donnait un budget illimité, quel(s) joueur(s) prendrais-tu dans ton équipe ?
Moi je suis pour le beau jeu, mais bien sûr avec la victoire au bout ! Je suis fan de Barcelone et j’adore des joueurs comme Iniesta, Xavi, Zidane, Pirlo. J’aime aussi les défenseurs qui sont très à l’aise avec le ballon et qui se projettent vers l’avant. Mais si je pouvais choisir n’importe quel joueur, je prendrais Messi.
Le 9 juin, la France et la Suède s’affronteront à Solna dans un match extrêmement important pour la qualification à la CM2018. Quels sont, selon toi, les atouts de cette équipe de Suède ?
L’équipe de Suède a pas mal changé avec le nouveau sélectionneur (Janne Andersson), surtout après la retraite internationale de joueurs clés, comme Zlatan. Maintenant je vois plus une équipe qu’avant, avec de jeunes joueurs très intéressants. C’est une équipe très disciplinée, qui défend bien ensemble et laisse peu d’espaces à son adversaire.
Très solidaire et collectif mais individuellement pas au même niveau que les français.
Un pronostic pour le match ?
Je pense que la France gagnera 2-1.
Et alors, qui vas-tu supporter ?
Toujours la Suède mais je suis pour le beau jeu, le jeu offensif donc si la Suède ne fait que défendre et que la France joue mieux, j’espère que ça payera pour l’équipe de France.
Un grand merci à Pontus pour sa disponibilité et sa gentillesse ! En espérant le retrouver, un jour peut-être, à la télévision française ! 🙂