Le football c’est aussi des aventures de vies, de découvertes sur soi et sur ce qui nous entoure, et le footballeur français Yoann Fellrath a pu s’en rendre compte depuis son début de carrière.

Passé par de nombreux pays après sa formation en France, avec le Canada, la Colombie, l’Irlande, la Roumanie ou encore la Suède où il évolue actuellement, il a pu revenir pour nous sur son parcours entre mésaventures et force de caractère pour rebondir tout en prenant toujours du plaisir sur le carré vert peu importe où il évolue :

Yoann Fellrath a évolué cette saison à Örebro Syrianska en 3e division suédoise.

Bonjour Yoann, peux-tu nous parler de ton parcours de footballeur ?

J’ai commencé le football à Lyon où je suis né, au sein de mon premier club, le FC Bourgoin-Jallieu. J’ai gravi les échelons, j’étais souvent surclassé et je devais intégrer l’équipe première en DH, mais j’aurais été sur le banc avec peu de temps de jeu. Et à cet âge-là, je voulais absolument jouer, donc j’ai décidé de rejoindre Lyon Duchère.

Je suis ensuite parti à 19 ans en 2013 au Canada où j’ai rejoint l’université Élans de Garneau au Québec et où niveau football tout s’est bien passé pour moi. J’ai même été sélectionné parmi les meilleurs joueurs pour les étoiles canadiennes de soccer masculin de l’ACSC. Je combinais mes études à côté, puis est arrivé l’hiver à -30°, c’était quelque chose ! Ce n’était pas possible pour moi. Durant l’hiver, j’ai pu recevoir des propositions d’universités aux États-Unis en Floride et en Californie notamment. Le football américain ça me disait vraiment, c’était un rêve, mais m’engager pour 4 ans niveau études ce n’était pas vraiment ce qui me plaisait. Moi c’était clairement le football, je voulais jouer pleinement que pour ça.

J’ai donc abandonné ce rêve, et je suis ensuite parti en Colombie. De base pour les vacances pour rejoindre le père de mon meilleur ami à Medellin. Je jouais dans les quartiers comme ça et au sein de sa famille il y avait un agent qui a pu me trouver un club, l’Olimpia Global en D3. Bon niveau football, ce n’était pas la folie, je dirais le niveau DH. Mais humainement et au quotidien, j’ai vraiment aimé cette expérience colombienne la meilleure que j’ai pu vivre.

Là-bas, j’ai pu décrocher un essai au Deportivo Independiente Medellin, qui avait terminé deuxième de la D1 colombienne cette année-là en 2015. Tout c’était bien passé, mais malheureusement il y avait un quota de 3 étrangers possibles. Et cela n’a pas pu se faire pour moi. Cela aurait clairement été une superbe opportunité pour ma carrière. Parfois cela se joue sur des détails et donc après ça je suis retourné en Europe, même si ce n’est pas tellement ce que je voulais.

À mon retour en Europe, j’ai pu avoir un essai en Irlande à Wateford où j’ai joué des matchs amicaux face à Dundalk ou encore Cork City, les meilleures équipes du pays. Contre Cork City je crois qu’on perd 5-0, j’ai dû avoir qu’une seule occasion mais le coach m’a dit à la fin qu’il me voulait vraiment dans son équipe, qu’il avait aimé ma combativité et hargne sur le terrain. Je devais signer là-bas, mais encore une fois un détail a fait que ça n’a pas pu se faire, cette fois-ci administratif, puisque mon ancien club en Colombie n’avait pas envoyé le document me permettant de signer un contrat. Cela aurait pu être une belle expérience, mais à nouveau je devais rebondir.

Nouvelle mésaventure, c’est là que j’ai eu l’opportunité d’aller en Suède avec un entraîneur que j’avais croisé. C’était pour jouer en Division 2, la 4e division suédoise, le niveau était bas. J’ai enchainé plusieurs clubs donc Örebro Syrianska et puis à un entrainement je me blesse à l’orteil. Et en même temps, après m’être séparé de mon ex-copine, je n’avais plus d’appartement. J’avais nulle part où dormir et en Suède c’est très difficile la recherche et les disponibilités de logements. Un enfer et le club ne pouvait pas m’aider malgré qu’ils souhaitent me garder.

Je suis donc retourné en France à Tarbes en National 2 où j’ai marqué 6 buts en 15 matchs. C’est une division difficile où j’ai pu jouer avec d’anciens joueurs de L1/L2 et je suis ensuite revenu quelques mois dans mon club où tout a commencé à Bourgoin-Jallieu en National 3.

Après cela, je suis retourné à l’étranger, où j’ai eu cette opportunité en Roumanie et où on prenait en charge mes soins, on m’aidait à trouver un logement et on me faisait confiance. Cela s’est fait très vite, en une semaine. Tout se passait bien sportivement on était 3e, on jouait dans un stade de 30 000 places, mais lors des derniers mois on n’était plus payé. On était 3 français et on n’est donc pas resté au club.

Puis retour en Suède au BK Forward en 4e division, 4 attaquants de bon niveau avec moi compris. J’étais le petit français le seul étranger et avec la situation ils devaient en enlever un. C’était moi. Au final, j’ai pu retourner à Örebro Syrianska en début d’année qui évoluer désormais une division au-dessus. Mais au début de saison, je n’étais pas même pas placé sur la feuille de match. Je m’entrainais avec le groupe, mais j’étais en tribunes. Je ne comprenais pas pourquoi, l’entraineur voulait mon retour c’était le même que lors de mon premier passage mais il ne me faisait pas jouer.

Il faut toujours rester humble mais à l’entrainement je montrais que j’avais ma place. Mes coéquipiers ne comprenaient pas, tout comme le staff et les supporters. Je n’ai jamais compris pourquoi mais je lui ai montré par la suite ce que je valais. Après une semaine de vacances, il m’a enfin donné ma chance que j’ai directement saisie en marquant notamment face au futur champion Vasalund un enchainement contrôle et reprise de volée pleine lucarne. Je marque également un doublé face à un concurrent direct à la descente. Au final, je termine meilleur buteur de mon équipe avec 10 buts dans une équipe qui joue le maintien avec peu d’occasions. Et on a pu assurer le maintien lors de la dernière journée.

Le lendemain du maintien, en allant boire un café avec un coéquipier, dans la ville il y a beaucoup de Syriens et 2 m’ont reconnu et sont venus me féliciter pour ma saison et mes 10 buts en me remerciant d’avoir participé au maintien et qu’ils espéraient que j’allais rester la saison prochaine. Cela fait plaisir ce genre de moment, je ne joue pas au football pour le salaire, c’est un rêve d’enfant et un plaisir de pouvoir jouer à n’importe quel niveau dans n’importe quel pays. Sur un terrain j’aime prendre des risques aussi et tenter des choses, notamment lors de la dernière journée j’ai fait un retourné acrobatique qui n’est pas passé loin. C’est ce qui me définit cette insouciance et hargne, c’est ce qui fait aussi que je prends plaisir depuis tout petit à jouer au football et que j’arrive à chaque fois à m’en sortir et rebondir.

Tu es en fin de contrat dans quelques semaines, arrives-tu à un moment où tu aimerais te poser dans un club en restant en Suède ou alors tu as encore envie d’aventure et découverte ?

Je ne sais pas encore ce qui va se passer, j’ai discuté avec le coach et tout mais je vais voir dans les prochaines semaines avec mon agent.

J’aimerais beaucoup pouvoir évoluer un peu plus haut, notamment en Superettan, la seconde division. Cela serait mon objectif. J’arrive à un âge à bientôt 28 ans où j’aimerais me poser. Et pour l’instant toutes mes expériences en Suède se sont bien passées au niveau footballistique et j’aimerais pouvoir confirmer.

Tu évolues au poste de buteur où tu as notamment porté le numéro 9 cette saison, quelles sont tes caractéristiques tes et points forts et axes d’amélioration sur un terrain ?

Je suis un buteur avec un bon physique mesurant 1m85 pour 78kg. J’ai une bonne finition, un bon de la tête et je suis technique. Au niveau faiblesse, il me manque sans doute un peu d’explosivité sur quelques mètres pour prendre de vitesse les défenseurs.

Tu as donc fait de nombreux pays et donc beaucoup voyagé dans ta vie, humainement et mentalement tu as-dû évoluer, qu’est-ce que cela t’a apporté ?

Cela me permet de désormais pouvoir mieux appréhender les situations. Quand on est jeune, on est un peu impulsif et faire des choses que l’on regrette. Aujourd’hui je prends mieux les choses, il y a des moments où j’aurais pu exploser mais je me contiens et travaille encore plus. Je suis croyant, je crois en Dieu, et j’ai pu affronter beaucoup de choses grâce à lui. Il m’apporte beaucoup au quotidien pour être l’homme que je suis aussi. Tout comme l’expérience que j’ai pu acquérir au fil des années.

L’endroit où j’ai le plus appris sur moi et les autres, ça reste la Colombie. J’ai beaucoup aimé la mentalité là-bas, leur façon de vivre souvent de pas grand-chose. Mais ils savent profiter. J’ai notamment pu voir les inégalités accentuées entre les plus riches et les très pauvres.

Enfin pour finir, tu as dû être un battant pour arriver à vivre du football et faire carrière, quels conseils donnerais tu de ton expérience jusqu’à aujourd’hui à de jeunes français hésitant à partir du pays et qui ont dû mal à s’imposer en France ?

Lors de mon retour en France, les français étaient impressionnés que j’ai pu jouer dans de tels pays. La plupart d’entre eux avaient juste connu la France pour plusieurs raisons aussi mais je pense que 90% ne tentent jamais le coup à l’étranger. Si je peux conseiller, cela serait de ne pas hésiter à prendre des risques. Moi j’en ai pris très jeune car j’en avais envie et je rêver à la base des États-Unis.

J’ai toujours pu avoir ma famille auprès de moi pour me soutenir à des milliers de kilomètres, c’est une grande force et je savais que si ça ne marchait pas pour moi je pourrais revenir. Je ne regrette rien, il y a eu des moments difficiles où financièrement c’était dur de vivre malgré ma volonté. Mais aujourd’hui je suis fier de mon parcours et de ce que je suis et j’espère que cela va pouvoir continuer ainsi en continuant à prendre autant de plaisir sur le terrain.


Un grand merci à Yoann Fellrath pour son témoignage et sa sympathie à nous raconter sans filtre son parcours. Nous lui souhaitons le meilleur pour la suite et vous pourrez le suivre sur :

Son compte Instagram

Laisser un commentaire