Dans notre premier article consacré au recrutement du FC Copenhague, nous avons vu que le club de la capitale est friand de joueurs danois en difficulté à l’étranger. Rapatrier des exilés constitue le premier axe de cette politique de transfert, recruter des joueurs dans les pays de l’Est en constitue le second. Depuis maintenant trois ans, la cellule de recrutement du FCK n’hésite pas à mettre le prix pour attirer des joueurs assez bien côtés dans leurs ligues nationales. L’objectif du club est simple : engager des joueurs souvent jeunes disposant d’une grosse marge de progression pour les faire jouer un ou deux ans et ensuite faire une plus-value sur leur vente. Force est pourtant de constater que ces transferts peinent la plupart du temps à répondre aux attentes. Décryptage.
En prenant les joueurs concernés Lüftner, Vavro, Matic, Gregus, Pavlovic et Verbic, un premier constat s’impose d’emblée : à l’exception de Verbic (ailier gauche vif et technique), tous les autres joueurs précités correspondent à merveille au schéma tactique de Ståle Solbakken à savoir un 4-4-2 assez physique reposant sur un tronc central (défenseurs centraux, milieux centraux ainsi qu’ attaquants) composé de joueurs plus athlétiques et physiques que techniques. Ce n’est une surprise pour personne connaissant un tantinet le championnat danois, le jeu du FCK sous Solbakken repose essentiellement sur le travail des ailiers et de latéraux offensifs pour servir les deux tours postées aux avant-postes.
Gregus et Matic pour faire oublier Delaney
Pendant ses longues années de service au sein du club, Thomas Delaney servait véritablement de métronome au milieu de terrain. Sa régularité lui a valu un joli transfert au Werder Brême en janvier 2017. Le départ de Delaney était programmé et attendu, les dirigeants s’y sont donc préparés et ont signé dès le mercato estival de 2016 un international slovaque alors âgé de 25 ans répondant au nom de Jan Gregus. Chose assez cocasse, c’est son club le Jablonek qui sortait un an plus tôt grâce à un très bon Gregus le FCK au troisième tour préliminaire de l’Europa League. Depuis son arrivée à Copenhague, le milieu slovaque a comptabilisé 70 rencontres (dont 32 cette année mais seulement deux en playoffs dernièrement). Ses matchs ne sont pas mauvais, mais il ne transcende pas non plus son équipe lorsqu’il joue.
Delaney à peine parti, le FCK décide de casser sa tirelire à l’hiver 2017 en s’adjugeant les services de Uros Matic – frère de l’illustre Nemanja Matic – pour la somme de 3 millions d’euros . Matic avait en son temps rejoint son frère au Benfica après quoi il s’en alla au NAC Breda pour ensuite atterrir en Autriche à Sturm Graz. Après six mois de feu à Graz, le Serbe rejoint donc le champion danois. Son profil de joueur rugueux capable de tantôt défendre tantôt se projeter vers l’avant plait énormément aux Lions. Pourtant, malgré tous les espoirs placés en lui, le joueur maintenant âgé de 28 ans ne répond pas aux attentes et déçoit depuis son arrivée : cette saison, il a souvent été le dernier dans la hiérarchie au milieu de terrain. De nombreuses rumeurs le faisaient quitter Copenhague cet été… et c’est effectivement le cas. Matic est prêté une saison avec option d’achat en Autriche, à l’Austria Wien. Même si le club autrichien venait à lever l’option d’achat, le FCK devrait tout de même y laisser quelques écus. Un transfert qui s’apparente malgré lui à un fiasco.
Il est important de préciser que Copenhague a entretemps – en aout 2017 – acheté l’expérimenté milieu grec Zeca en provenance du Panathinaikos. Malgré des débuts compliqués, le Grec a petit à petit réussi à s’imposer et a joué une grosse partie des rencontres de playoffs avec Rasmus Falk. La concurrence au milieu de terrain a ainsi été rude.
Consolider les bases arrière
Après le chantier au milieu de terrain à la suite du départ de Delaney, c’est la défense qu’il a fallu remodeler après le départ de Zanka.
En août 2017, Ståle jette de nouveau son dévolu sur un autre joueur slovaque, un défenseur central cette fois-ci. L’heureux élu se nomme Denis Vavro. Champion avec son club du MSK Zilina, Vavrov est dans la foulée élu meilleur U21 de son championnat. Mais c’est une nouvelle fois un tour préliminaire européen entre les deux équipes qui incitera les dirigeants danois à passer à l’action (cela avait déjà été le cas avec Gregus comme expliqué ci-dessus, mais également avec N’Doye lorsqu’il évoluait encore au Pana, le FCK aime recruter des joueurs qui brillent face à lui). Auteur de deux très belles rencontres, le jeune Vavro a tapé dans l’oeil de Ståle qui s’empresse alors de signer cette promesse du football slovaque. En une saison, le défenseur d’1m90 justifie de plus de 44 rencontres. Ses débuts étaient particulièrement laborieux, mais il a pu profiter de la blessure de Johansson pour glaner des minutes de jeu. La fin de saison lui a particulièrement souri puisqu’il a quasiment toujours été titulaire lors des playoffs. Le joueur devrait encore progresser la saison prochaine et pourquoi pas devenir un pion essentiel.
Un mois avant la signature de Vavro, le FCK officialise l’arrivée d’un premier défenseur central en provenance du Slavia Prague : Michael Lüftner. Là aussi, le club sort le chéquier et dépense la modique somme de 1,5 million d’euros pour le Tchèque. Une somme considérable pour un défenseur. Son objectif est simple, remplacer Zanka. Avec 49 matchs joués cette saison, la tour aura joué un rôle de première importance dans la défense de Ståle même si ses prestations n’ont pas toujours été excellentes. Il aura aussi profité de l’indisponibilité de Johansson.
Renforcer le secteur offensif
Pour son secteur offensif, les Lions ont misé sur Andrija Pavlovic (serbe) et Benjamin Verbic (slovène) qui n’évoluent actuellement plus au Danemark.
Verbic est le seul transfert totalement réussi parmi ceux cités dans cet article : le joueur s’est épanoui et a progressé durant son séjour au Parken et son départ était une bonne affaire financière pour le club. Transféré en juillet 2015 de Celje en Slovénie, l’ailier vif a rapidement conquis les supporters des Lions. En deux années et demie, il a comptabilisé 22 buts et 14 passes décisives en 99 rencontres. Verbic arrivait bientôt en fin de contrat et son temps était révolu à Copenhague. En janvier 2018, le Dynamo Kiev a mis sur la table une offre très attractive de 4 millions plus bonus au club qui a donc laissé partir son dynamiteur.
Andrija Pavlovic aura lui porté les couleurs du FCK pendant deux saisons. Arrivé de Cukaricki en juillet 2015, le buteur d’1m89 n’aura pas par ses 22 buts en plus ou moins 80 rencontres marqué l’histoire du club. De plus, il ne faisait pas toujours preuve d’énormément de zèle à l’entrainement, ce qui n’a pas plu à son entraîneur. Ce manque d’implication lui a valu de ne jouer que les seconds rôles en seconde partie de saison. C’est donc en toute logique que l’attaquant de 24 ans a déjà paraphé un contrat au Rapid Wien qu’il rejoindra dès juillet prochain. Le club réalise une perte d’un peu moins d’un million sur son transfert.
Le FC Copenhague aime prospecter à l’Est et dénicher des joueurs généralement prometteurs. Pour ce faire, il ne lésine pas sur les moyens en achetant à coup de millions. Ces investissements ne sont pas toujours gage de réussite tant sportivement que financièrement (Pavlovic, Matic) ; seul Verbic aura donné satisfaction. Parmi les joueurs cités, Lüftner et Gregus – et dans une moindre mesure Vavro – doivent encore confirmer la saison prochaine pour ne pas être catalogués de flop. La saison 2017/2018 des Lions a été mauvaise, il n’est donc pas étonnant que peu de joueurs sortent du lot (ou est-ce la relation inverse : une mauvaise saison à cause de la qualité des joueurs ?). L’histoire nous a souvent montré que Ståle arrivait souvent à se relever après une saison décevante.
Comment fera-t-il pour revenir au sommet la saison prochaine ? Dans quel état seront les finances après une saison terne sans Champions League à la clef ? Peut-être trouvera-t-il la solution en continuant à rapatrier des Danois et à prospecter à l’Est ? Le club fera peut-être dorénavant plus attention avant de dépenser sans compter. Seul l’avenir nous le dira.