Quasiment 30 ans après le sacre inattendu de 1992, le Danemark va se présenter à l’Euro 2020 avec l’une des générations les plus complètes et performantes de leur histoire en pleine maturité. Une sélection en construction à travers un projet sur le long terme initié par la fédération avec un changement complet d’idée de jeu. Projet incarné par le nouveau sélectionneur Kasper Hjulmand qui a pu profiter du report d’un an pour être de la compétition et pour préparer de la meilleure des manières cet événement.
Dans ce rôle d’outsider où il sera bien difficile d’égaler leur meilleur résultat, mais en évoluant durant toute la phase de groupe à domicile devant leurs supporters au Parken à Copenhague avec une jauge autorisée de 25 000 supporters, ce Danemark a de quoi surprendre et plaire à beaucoup de suiveurs du football. Présentation :
Parcours de qualification :
Les phases de qualifications auront été disputées sous les ordres du norvégien Age Hareide qui n’aura pas convaincu. Sélectionneur depuis la non-qualification à l’Euro 2016, où il aura certes qualifié la sélection pour la Coupe du Monde 2018 jusqu’en huitième de finale tombé contre la Croatie aux pénaltys et conduit une série d’invisibilité de 19 matchs, mais son Danemark était peu attrayant dans le jeu avec un bloc bas, une Eriksen dépendance sur coup de pied arrêté notamment, cela malgré le potentiel de l’effectif. Et cela aura été le cas aussi lors des éliminatoires en terminant 2nd de leur groupe à un point des Suisses malgré 4 points pris contre eux. La faute à des résultats en dent de scie, même s’ils auront tout de même validé leur ticket direct grâce à l’Euro étendu à 24.
En effet, ils auront connu des débuts poussifs, notamment un match inaugural en Suisse catastrophique en ayant été mené 3-0 jusqu’à la 84e minute avant un retour au score complètement fou en quelques minutes. Ensuite un nul à domicile face à l’Irlande. Puis plus tard, un nul dangereux face à la Géorgie et un match décisif face à la Suisse sauvé par le but décisif de Poulsen en fin de match. Pour éviter les barrages, les Danois devaient assurer lors de l’ultime rencontre au moins le nul en République d’Irlande, ce qu’ils ont pu faire après un 1-1, non sans peur après une égalisation de Matt Doherty à la 85e minute.
Résultats :
Suisse – Danemark 3-3 (Zanka, Gytkjaer, Dalsgaard)
Danemark – Irlande 1-1 (Hojberg)
Danemark – Géorgie 5-1 (Dolberg x2, Eriksen, Poulsen, Braithwaite)
Gibraltar – Danemark 0-6 (Gytkjaer x2, Eriksen x2, Delaney, Skov)
Géorgie – Danemark 0-0
Danemark – Suisse 1-0 (Poulsen)
Danemark – Gibraltar 6-0 (Skov x2, Eriksen x2, Braithwaite, Gytkjaer)
Irlande – Danemark 1-1 (Braitwhaite)
Avec un contrat se terminant à l’issue de l’Euro 2020, avec le report causé par la pandémie et avec un remplaçant déjà annoncé publiquement, toutes les parties se seront entendues pour que Hjulmand dispute la compétition et soit directement le nouveau sélectionneur. Et il aura rapidement convaincu qu’il était un très bon tacticien comme il l’avait montré à Nordsjaelland, l’un des clubs avec le XI le plus jeune au monde, capable de faire progresser les jeunes tout en jouant un très beau jeu plébiscité au Danemark. Il a rajeuni l’équipe en lançant Joakim Maehle et Jonas Wind et des joueurs qu’il a révélés dans son ancien club Andreas Skov Olsen, Mikkel Damsgaard et Mathias Jensen et surtout proposer un style de jeu différent de position. C’est l’ambition affichée de la sélection avec notamment le tacticien qui opère en U21 désormais Albert Capellas (ex-Masia), qui propose de belles séquences qu’on a pu voir à l’Euro il y a quelques semaines jusqu’en quarts de finale et qui vont être suivies par toutes les sélections désormais des U15 aux A.
Hjulmand aura débuté par la Ligue des Nations en Ligue A où son Danemark aura terminé second derrière la Belgique avec 2 défaites mais devant l’Angleterre avec 4 points pris contre eux et l’Islande avec 6 points pris. Et il a très bien commencé les qualifications de Coupe du Monde avec 3 victoires en 3 rencontres, avec un 2-0 à l’extérieur face à l’Israël puis une montée en puissance avec un 8-0 contre la Moldavie et un impressionnant 4-0 à l’extérieur contre l’Autriche. Puis lors des 2 matchs de préparation, ils n’auront pas montré leur meilleur visage dans le jeu mais une belle solidité défensive d’abord contre l’Allemagne avec un nul 1-1, paradoxalement peut être le pire match depuis sa nomination avec trop d’erreurs techniques puis une victoire 2-0 contre la Bosnie avec une meilleure répétition générale et avec des essais comme une pointe à deux buteurs en fin de match qui pourrait être repris en cas de but à rattraper lors du tournoi.
Effectif :
1- Kasper Schmeichel, Leicester (ENG) – 34 ans
16- Jonas Lössl, Midtjylland (DEN) – 32 ans
22- Frederik Rønnow, Schalke 04 (GER) – 28 ans
4- Simon Kjær, AC Milan (ITA) – 32 ans
6- Andreas Christensen, Chelsea (ENG) – 25 ans
2- Joachim Andersen, Fulham (ENG) – 25 ans
3- Jannik Vestergaard, Southampton (ENG) – 28 ans
13- Mathias Zanka Jørgensen, FC Copenhague (DEN) – 31 ans
18- Daniel Wass, Valence (ESP) – 32 ans
5- Joakim Mæhle, Atalanta (ITA) – 24 ans
26- Nicolai Boilesen, FC Copenhague (DEN) – 29 ans
17- Jens Stryger Larsen, Udinese (ITA) – 30 ans
23- Pierre-Emile Højbjerg, Tottenham (ENG) – 25 ans
8- Thomas Delaney, Dortmund (GER) – 29 ans
10- Christian Eriksen, Inter Milan (ITA) – 29 ans
24- Mathias Jensen, Brentford (ENG) – 25 ans
15- Christian Nørgaard, Brentford (ENG) – 27 ans
25- Anders Christiansen, Malmö (SWE) – 30 ans
19- Jonas Wind, FC Copenhague (DEN) – 22 ans
12- Kasper Dolberg, OGC Nice (FRA) – 23 ans
9- Martin Braithwaite, Barcelone (ESP) – 29 ans
21- Andreas Cornelius, Parme (ITA) – 28 ans
20- Yussuf Poulsen, RB Leipzig (GER) – 26 ans
11- Andreas Skov Olsen, Bologne (ITA) – 21 ans
14- Mikkel Damsgaard, Sampdoria (ITA) – 20 ans
7- Robert Skov, Hoffenheim (GER) – 25 ans
Le XI probable :
Le Danemark de Hjulmand évolue en fonction de l’adversaire soit en 4-3-3 soit en 4-2-3-1 avec un positionnement demandé aux ailiers plus intérieur ou sur la ligne. En voulant faire le jeu et marquer un but soit d’avance soit de retard, la tactique sera surtout intérieur offensivement avec des arrières latéraux plus offensifs. Au contraire en voulant contenir le score ou conserver un but d’avance, les offensifs seront plus sur leur ligne. Le sélectionneur prône un jeu de position avec des arrières latéraux Maehle et Wass offensifs et une équipe qui aime bien porter le ballon.
Points forts :
- Un XI d’équipe quasiment complètement défini avec beaucoup d’expériences et une bonne situation en club avec du temps de jeu et où beaucoup évoluent dans le top 5. L’équilibre de l’équipe est assez complet aux différents positionnements tout comme la profondeur de banc.
- Les défenseurs et milieux sont capables de remonter rapidement le ballon et transformer une transition en attaque dangereuse, avec de la vitesse sur les ailes notamment Poulsen qui est normalement un 9 tout comme Braithwaite mais positionné sur un côté pour profiter de leur qualité et avec un Wind plus adroit devant le but. Ils sont également bien rodés défensivement très compact et difficile à prendre avec une très bonne charnière Christensen – Kjaer qui commencent à avoir de très bons automatismes.
- Des jeunes qui lorsqu’ils en ont l’opportunité ont rapidement répondu présents, Maehle et Wind se sont notamment imposés comme titulaires. Et les deux ailiers offensifs de Serie A Andreas Skov Olsen (Bologna) et Mikkel Damsgaard (Sampdoria) qui peuvent apporter un grand plus avec leur entrée en fin de matchs et du dynamisme où ils proposent constamment des solutions intéressantes.
Points faibles :
- On n’irait pas jusqu’à parler de dépendance, mais ce Danemark aura besoin d’un grand Christian Eriksen, où il a un rôle clé dans l’aspect offensif et dans la transition au sein de cette sélection et de la tactique de Hjulmand. S’il est en moins bonne forme comme ça peut être le cas parfois en club, cela se fera grandement ressentir dans le jeu proposé.
- La question du 9 est un grand débat au pays. Kasper Dolberg a peu impressionné alors que Jonas Wind a plutôt convaincu à chaque fois qu’il a joué malgré le peu d’expérience. Andreas Cornelius a fait une bonne entrée en jeu face à la Bosnie avec un but et son bon jeu de tête pourrait servir. Il y aurait aussi l’opportunité de décaler Yussuf Poulsen pour mettre Skov Olsen sur le côté. Plusieurs options disponibles, mais pour l’instant peu de garanties et on sait l’importance d’avoir un bon 9 assuré dans ce genre de compétition.
♥ La star : Christian Eriksen
L’homme fort de cette sélection, le maestro, qui dirige le jeu offensif. Du haut de ses 108 sélections à 29 ans, Christian Eriksen est le joueur avec le plus de caps de la liste et le 4e plus capé de l’histoire de la sélection où il a désormais égalé Thomas Helveg. Dans son rôle de meneur de jeu avancé il va construire les actions à travers sa bonne vision de jeu et sa créativité et sa variété de longueurs de passes. Il sera également l’homme des coups de pied arrêtés où il peut être très dangereux.
Passé de Tottenham à l’Inter en janvier 2020, il a connu des difficultés lors de sa première année à Milan sous Antonio Conte et était même mis à disposition au mercato hivernal en janvier dernier. Mais il a riposté, montré son esprit combatif et professionnalisme pour saisir sa chance sur le peu de temps de jeu qu’il pouvait avoir pour finalement bien finir et remporter la Serie A. Son premier trophée depuis 2014 et premier championnat depuis 2013 lorsqu’il était à l’Ajax. Cela laisse espérer le voir dans cet Euro en pleine forme et bien mentalement pour porter les siens.
♣ Le joueur à surveiller : Joakim Maehle
Latéral droit en club depuis ses débuts professionnels, il est pourtant titularisé en sélection sur le côté gauche montrant toute sa polyvalence et importance. Il a connu sa 1re sélection en septembre 2020 face à la Belgique lorsqu’il évoluait encore à Genk et en est désormais à 10 sélections avec une place de titulaire et de belles choses montrées. Notamment par ses qualités de contre-attaqueur où il alterne les impressionnants allers-retours sur son couloir. Joakim Maehle est un latéral moderne rapide et explosif avec de belles qualités techniques qui sait trouver ses adversaires de par ses passes ou centres précis.
Formé à Aalborg au Danemark après une formation en jeune compliqué où il était loin d’être excellé et où le club a longtemps hésité avant de lui proposer un contrat professionnel, il a depuis progressé à grande vitesse avec seulement une saison professionnelle au Danemark pour ensuite passer 3 ans et demi en Belgique à Genk où il a pu découvrir la Ligue des Champions après un titre de champion. Et alors qu’il devait s’engager en France à l’Olympique de Marseille en toute fin de mercato estival, son club qui aura joué le temps et les gourmands, l’aura finalement vendu cet hiver pour l’Atalanta. Il aura quasiment joué tous les matchs de la seconde partie de saison mais n’a pas encore pu montrer tout son potentiel même s’il a pu développer son aspect défensif essentiel en Serie A qui reste un point faible. On en attend beaucoup lors de cet Euro où dans la tactique de Hjulmand il pourrait avoir un grand rôle lors des récupérations et lancements d’attaques.
♦ Le joueur qui peut se révéler : Jonas Wind
Il peut être le 9 dont le Danemark a besoin pour les dix prochaines années, tant son potentiel en tant que buteur complet est grand. Lancé par Kasper Hjulmand en octobre dernier, il compte déjà 3 buts en 7 sélections (336 minutes) et devrait être le buteur aligné lors de cet Euro comme titulaire tant il a plu dans ce dispositif du 4-3-3/4-2-3-1. Avec son gabarit imposant (1m90), il dispose d’une bonne puissance physique qu’il combine avec belle technique, ce qui lui offre une grande flexibilité sur le front de l’attaque, cassant l’image classique du pivot. Une intelligence de positionnement également parfois comme meneur sur le terrain qui en fait une menace constante offensivement.
Formé au FC Copenhague, il y a pour le moment disputé 67 rencontres pour 25 buts et 12 passes décisives depuis ses débuts lors d’un match de Ligue Europa contre l’Atlético de Madrid en 2017/2018. Freiné par une blessure au genou qui l’a éloigné des terrains durant 9 mois, il se montre patient avant de quitter son club formateur en attendant la belle opportunité que pourrait lui offrir l’Euro en cas de bonne compétition.
Qu’attendre du Danemark lors de cet Euro 2020 ?
Absent de l’Euro 2016 en France, le Danemark va pouvoir retrouver cette compétition pour la 9e fois avec bien sûr comme meilleur résultat la victoire en 1992. Au pays, il y a une belle effervescence pour cet Euro, grâce aux résultats prometteurs et au beau jeu produit depuis l’arrivée de Hjulmand qui sera accentuée avec en plus des matchs à domicile au Parken.
Si la Belgique avait dominé ces Danois lors de la Ligue des Nations en tout cas au tableau d’affichage, sur un match, et à domicile, le Danemark a de quoi pouvoir poser problème et pourquoi pas faire un résultat mais devrait normalement être supérieur aux Finlandais et Russes et viser au moins la seconde place dans ce groupe. Dans ce rôle d’outsider, ce Danemark peut surprendre et espérer au moins rallier les quarts de finale avec une génération de joueurs dans leurs meilleures années qui ont de quoi inquiéter les plus grandes nations présentes.