Il suffit parfois de peu de chose pour donner à un club un accent très étranger. Des exemples de clubs aux colonies ne sont pas difficiles à trouver dans l’histoire contemporaine du football : Wolverhampton avec sa troupe de joueurs lusophones, le Real Madrid et son armada oranje il y a une dizaine d’années ou encore les nombreux joueurs nigérians au FC Midtjylland. Ces colonies peuvent s’expliquer par différents facteurs.
NordiskFootball vous propose de revenir sur ces clubs européens qui ont accueilli / ou accueillent encore un contingent danois dans leurs quartiers : L’Ajax, Evian, le Celta Vigo ou encore Brentford. Pour cette première partie, nous nous attarderons aux deux premiers cités.
L’Ajax, lieu de formation par excellence pour jeunes Danois
Le monstre du football néerlandais est depuis des décennies grand amateur des footballeurs danois. Cette histoire d’amour a débuté en 1975 avec l’arrivée de l’excellent et prometteur duo Søren Lerby et Frank Arnesen du Fremad Amager. Depuis, on compte pas moins de 25 joueurs danois ayant porté les couleurs ajacides, dont certains auront connu de très beaux moments, d’autres de moins beaux. Si on ne remonte pas trop loin dans l’histoire du foot, on peut faire ressortir les joueurs suivants.
Des très bons passages…
Jesper Gronkjaer : le natif de Nuuk au Groenland est arrivé à 20 ans à l’Ajax en provenance d’Aalborg. En deux petites saisons, Gronkjaer a fait des ravages sur son flanc, notamment sous les ordres de Morten Olsen. Il sera élu meilleur joueur de la saison par les fans. En 2000, il quitte les Pays-Bas et rejoint Chelsea. Les blessures entacheront considérablement ses performances à Londres faisant de Jesper un joueur inconstant.
Christian Eriksen : Eriksen ou le modèle de réussite. Le jeune Eriksen intègre le noyau A de l’Ajax en 2010 après deux petites années avec les jeunes. Il explose tout de suite profitant d’une grande liberté créative dans un jeu offensif. Après cinq fastes années, il quitte le club avec le sentiment du devoir accompli. Il débarque alors à Tottenham.
Lasse Schøne : Schøne débarque aux Pays-Bas à l’âge de 17 ans mais à Heerenveen et non pas à l’Ajax. Il ne rejoindra le mythique club en 2012. Lasse Schøne est depuis lors devenu le meneur de cette jeune équipe grâce à son expérience. Il vient d’ailleurs de fêter fin octobre sa 250éme rencontre sous le maillot blanc et rouge. Assez polyvalent au milieu du terrain, il comptabilise 61 réalisations et 47 passes décisives avec son club.
N’ont pas été cités des joueurs comme Fischer (qui a toujours bien performé avec l’Ajax, la suite ayant été plus compliquée) ou encore Michael Laudrup, qui a été champion sous l’ère Olsen.
… mais également des échecs ou des passages en demi-teinte
Parmi les joueurs dont le passage ne restera pas dans les annales du club, on peut citer Krohn-Dehli (qui n’a jamais réussi à s’imposer au club), Boilesen (qui avait bien démarré mais qui a disparu des écrans de radar, il officie maintenant au FCK) ou encore Lucas Andersen (arrivé en tant que grande promesse mais qui n’a jamais percé au final, il est entre temps rentré à Aalborg en prêt après un passage en Suisse).
La liste présentée des joueurs danois ayant porté la vareuse ajacide depuis 2000 est bien sûr non-exhaustive, il manque par exemple Christian Poulsen, Dennis Rommedahl, Zimling. Cette saison, on cite également Dolberg et Rasmus Kristensen ou encore chez les jeunes Victor Jensen.
La majeure partie de ces joueurs ont été recrutés très jeunes au Danemark. Cet exode danois s’explique par l’excellent travail de John Steen Olsen, recruteur danois de l’Ajax. Olsen couvre les championnats scandinaves pour le compte des Ajacides ; à son tableau de chasse se trouvent par exemple Zlatan, Eriksen ou encore Grønkjær. La proximité géographique et la ressemblance culturelle entre les Pays-Bas et le Danemark jouent évidemment un grand rôle facilitant de fait l’adaptation de jeunes Danois.
De l’Evian à la source danoise
Durant la période la plus faste de son histoire (entre 2011 et 2015, c’est-à-dire ses seules années en L1), Evian a compté nombre de joueurs danois. Pour sa première saison, le club savoyard a pour ainsi dire lancé une tendance qui allait se répandre dans les clubs moyens français : acheter danois. Le bon rapport qualité-prix ainsi que l’intégration souvent rapide constituaient le principal atout des joueurs danois. Outre Evian, Guingamp a également fait fort à l’été 2014 en achetant 3 danois en autant de semaines (Lössl, Jacobsen et Schwartz).
Armé d’une petite armée de vaillants Danois, le club savoyard a connu l’élite française et a même chatouillé de très près la Coupe de France (perdue 3-2 contre Bordeaux lors de l’exercice 2012-2013). Tous les Danois n’ont toutefois pas laissé des souvenirs impérissables en Savoie (Bille-Nielsen, Juelsgaard voire Kahlenberg), mais d’autres ont davantage marqué les esprits, notamment entre les perches (Stephan Andersen, 42 rencontres ; Kasper Hansen, 39 rencontres). Dans le jeu, on retiendra bien évidemment Daniel Wass (147 rencontres, probablement le meilleur joueur du club) ou encore Christian Poulsen, venu se ressourcer après une longue carrière européenne.
Même si l’exemple de Bille-Nielsen, le cousin de Daniel Wass – archétype du footballeur qui n’a pas inventé l’eau chaude et chez qui l’argent monte vite à la tête – vient démolir en une fraction de seconde le profil calme du joueur standard scandinave, les recruteurs et entraineurs ont pour habitude de décrire le footballeur danois comme un joueur cultivé et professionnel. Michael Jakobsson, agent de joueur, expliquait en 2014 : « Le championnat danois est de plus en plus compétitif. Les jeunes joueurs des clubs danois sont toujours bien éduqués (…) Ce sont des joueurs généralement très sérieux, disciplinés et les clubs français louent leur facilité d’intégration. » La faiblesse économique des clubs danois (hors FC København) contribue aussi grandement à cet exode vers la France, avec très souvent un bon rapport qualité – prix. Au Danemark, vendre un joueur deux millions est un événement salvateur qui permet souvent de passer une saison plus tranquillement en ce qui concerne les finances. La Superligaen est un peu la proie idéale pour des clubs moyens de championnats européens plus huppés.
A suivre dans le second et dernier volet vendredi prochain : les Danois au Celta Vigo et à Brentford.
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