Après notre premier volet consacré aux clubs de l’Ajax Amsterdam et d’Evian, focus dans ce deuxième article sur les autres écuries qui ont fait ou font toujours confiance à des joueurs danois : le Celta Vigo et Brentford, pour qui les relations avec le Danemark ne se résument pas à un ou deux joueurs.
Celta : la direction sportive dans les mains d’un danophile
Enthousiasmée par la réussite sportive au club de Krohn-Dehli, la direction galicienne a continué à miser sur les Danois dans sa politique de transfert. L’intérêt porté au championnat danois par le Vigo s’explique à l’origine par la présence d’une seule et même personne : Miguel Torrecilla alors directeur sportif. Le footballeur espagnol s’est reconverti à la fin de sa carrière en directeur sportif et atterrit de fait au Celta Vigo en 2009. L’homme suit de très près le football danois, et c’est lui qui amorce l’arrivée de Krohn-Dehli en provenance du Brøndby à l’été 2012. Il remet ensuite le couvert en 2015 en s’offrant Daniel Wass en provenance d’Evian.
L’aventure de Torrecilla en Galice s’arrête brusquement en 2016 lorsque ce dernier décide de rejoindre les rangs du Betis Séville (où il a d’ailleurs signé le latéral gauche Durmisi aujourd’hui à la Lazio). Cela aurait pu signer la fin des prospections au pays d’Andersen, mais ce ne fut pas le cas. Bien au contraire, la nouvelle direction de Vigo va encore plus loin en signant en 2016/2017 deux promesses danoises : le jeune Pione Sisto du Midtjylland ainsi que Andrew Hjulsager. L’année d’après, le Vigo acquiert les services d’Emre Mor que Dortmund avait acheté une saison auparavant à Nordsjælland. Cette saison, c’est une autre perle danoise qui a rejoint la Galice en la personne de Mathias Jensen (Nordsjælland).
Les réussites
Krohn-Dehli : l’ancien espoir de l’Ajax a disputé quelque 108 rencontres pour le club galicien et est devenu un joueur important lors de son passage. Il rejoint après trois saisons le FC Séville.
Wass : Après avoir explosé en France, Wass a poursuivi sur sa lancée et a repris le flambeau laissé par Krohn-Dehli d’une bien belle manière (136 rencontres, 14 buts et 20 passes décisives). Sa polyvalence et son coup de patte ont attiré les dirigeants de Valence qui ont déboursé 7 millions pour s’attacher ses services durant le dernier mercato estival.
Sisto : Le jeune ailier d’origine ougandaise est un autre joueur qui a percé en Superliga danoise. Après une centaine de rencontres avec le Midtjylland, il a rejoint le Vigo où il est très régulièrement titulaire. Son talent est indéniable mais la constance lui fait cruellement défaut. Sisto est capable du meilleur comme du pire. Quoi qu’il arrive, le joueur comptabilise à l’heure actuelle en 96 rencontres 12 réalisations et 15 passes décisives. Joueur important du Vigo la saison passée, un peu moins cette saison, Il est entre-temps également devenu titulaire à part entière en sélection danoise.
Les bilans en demi-teinte
Andrew Hjulsager : Arrivé six mois après Pione Sisto, Hjulsager n’a pas vécu pareille fortune que son compatriote : Il n’a quasiment pas joué en un an et a ensuite été prêté six mois à Grenada en Segunda Division où il n’a pas forcément eu plus de temps de jeu. Hjulsager aperçoit peut-être le bout du tunnel ces derniers temps. Lors de son faible temps de jeu pour le moment, il était rentré 45 minutes dans le partidazo Betis – Vigo (3-3) et offert sur un plateau d’argent deux passes décisives. Depuis lors, le joueur de 23 ans est régulièrement appelé par son coach. Sa carrière au Celta se lance peut-être seulement.
Emre Mor : Annoncé comme un futur grand, le joueur dorénavant turc (nationalité sportive) n’impressionne pas outre mesure à Vigo après son échec à Dortmund. Il peine à confirmer son « statut », il pêche notamment par son manque d’implication et de travail. La direction galicienne a tout de même investi 13 millions sur l’ancien ailier de Nordsjælland… Flop en vue ? Des rumeurs à son sujet parlent en tout cas d’un départ de Vigo cette hiver..
Mathias Jensen : Le milieu de 22 ans, élu meilleur jeune joueur du championnat danois après une saison 2017-2018 tonitruante avec le Nordsjælland, connaît un début de saison particulièrement compliqué, notamment ralenti par plusieurs blessures. Il n’a pour le moment disputé qu’une seule rencontre avec son nouveau club. Plus de blessures que de rencontre pour le moment.
Mais pas que des Danois…
Le recrutement de Stanislav Lobobtka lui aussi en provenance de Nordsjælland à l’été 2017 est une autre exemple de l’intérêt du club galicien pour le championnat danois. Dès son arrivée au club, le petit format slovaque est devenu titulaire indiscutable tant sous Unzué la saison passée que cette saison sous Mohamed avant que ce dernier ne soit remercié début novembre. Le joueur revient petit à petit d’une blessure à la cheville, il sera de retour en 2019. Sa valeur marchande ne cesse de grimper et est actuellement estimée à 25 millions.
Brentford, the big danish connection
Brentford mérite amplement de terminer cette série. Depuis 2012, année où le très arithmétique Matthew Benham a pris le contrôle du club à 100%, Brentford s’est lancé dans des politiques de transfert et sportive basées sur les analyses de données. Lorsque Benham devient actionnaire majoritaire, le club officie en League Two. Il réussira ensuite au terme de la saison 2013/2014 à faire monter son club en Championship.
La connexion danoise débutera réellement en 2015 lorsqu’il nomme Rasmus Ankersen, également dans le business de l’analyse footballistiques, en tant que co-directeur sportif des « Bees ». Matthew Benham et Rasmus Ankersen bossent déjà ensemble depuis 2014. Cette année-là, le milliardaire anglais avait racheté le FC Midtjylland alors en proie à de graves problèmes financiers. Benham nomma Rasmus Andersen au poste du Président du conseil d’administration. (Retrouvez ici notre article sur le rachat du FC Midtjylland par Benham). Mais un troisième homme vient compléter le tableau des relations entre les deux institutions, en la personne de Cliff Crown.
Les liens Midtjylland / Brentford se présentent comme suit :
Midtjylland : BENHAM (propriétaire) ; ANKERSEN (président) ; CROWN (membre du Conseil d’administration)
Brentford : BENHAM (propriétaire) ; ANKERSEN (co-directeur sportif) ; CROWN (Président)
Des joueurs…
Brentford pointe aujourd’hui à la 18eme place (sur 24) en Championship. Les premiers transferts de joueurs Danois ont donc été impulsés par Ankersen à l’été 2015 (Vibe de Göteborg et Bjelland de Utrecht). Les deux joueurs resteront chacun trois saisons. Lasse Vibe deviendra même meilleur buteur du club en 2016/2017 avec 16 buts TTC.
Voici un petit récapitulatif des joueurs danois qui ont transité par Brentford depuis 2015 :
2015-2016 : Vibe et Bjelland
2016-2017 : Vibe et Bjelland
2017-2018 : Vibe, Bjelland, Bach Sørensen, Dalsgaard et Marcondes
2018-2019 : Bach Sørensen, Dalsgaard, Marcondes.
Depuis sa montée, le club finit chaque saison dans le milieu du classement avec des moyens plus limités que certaines autres équipes. Cette saison, seul Dalsgaard fait partie des joueurs cadres. Marcondes n’a par exemple par encore répondu aux attentes depuis son arrivée de Nordsjælland en 2018 : Il n’a pas encore inscrit le moindre but en 16 rencontres.
Outre des joueurs d’équipe première, le club a également misé sur l’avenir en recrutant Luka Racic (FCK) et Nikolaj Kirk (FCM) qui évoluent cette saison en équipe B. Cette même équipe B compte d’ailleurs 8 joueurs de nationalités nordiques..
et le staff !
Le Danemark a également envahi le staff des « Bees ». Thomas Frank a signé un contrat d’entraineur-adjoint en 2016 après son départ précipité de Brøndby (son président l’avait critiqué sur les réseaux sociaux sous un pseudonyme). L’ancien sélectionneur des Espoirs a occupé le poste d’adjoint pendant deux ans avant d’être nommé entraineur principal en octobre 2018. Il est assisté par un autre Danois, Brian Riemer (ancien coach U19 du FCK). En janvier 2018, Lars Friis (ex-AGF) rejoint le club en tant qu’entraineur de l’équipe B. Il entraine actuellement Luka Racic et Nikolaj Kirk.
La présence de plusieurs Danois dans une équipe n’est évidemment pas gage de succès, les Danois ne s’exportent pas toujours facilement, certains explosent une ou deux saisons en Superliga et puis tardent à convaincre à l’étranger. Mais l’avantage est que ces joueurs sont souvent jeunes et qu’ils auront de nombreuses possibilités pour rebondir.