Les deux grandes révélations du championnat danois, Robert Skov et Andreas Skov Olsen, nous ont émerveillé de leur talent en cette saison 2018/2019. Ils sont tous les deux danois, gauchers, évoluant sur le côté droit et sortant d’une incroyable saison record en Superligaen. L’un ayant brisé le record du plus grand nombre de buts sur une saison dans le championnat danois au nombre de 29, et l’autre avec 22 buts, de l’adolescent ayant marqué le plus de buts dans le championnat danois.
C’est tout naturellement qu’avec le marché des transferts estival qui bat son plein et avec le début de l’Euro U21 où les deux se disputent une place de titulaire, ils soient tous les deux très demandés annonçant un probable départ. Les « Skov » ne sont pourtant ni frères ni de la même famille, mais chacun avec leurs propres qualités, ils nous promettent une superbe rivalité pour l’avenir du football danois à leur poste. Présentation des deux Skov dont vous n’avez pas fini d’entendre parler :
Robert Skov, le pied gauche doré
Contrairement à Andreas Skov Olsen, Robert Skov ne disputait pas sa première saison professionnelle cette saison, mais déjà sa 5e saison pleine avec des débuts remontant à mai 2013 alors âgé de 16 ans. C’était sous le maillot de Silkeborg son club formateur, où il aura connu la seconde division et l’élite pour un total de 106 matchs pour 23 buts et 20 passes décisives en 4 ans et demi. Club qui a aussi vu passer dans son académie Kasper Dolberg, qu’il aura côtoyé comme coéquipier, mais qui lui aura fait le choix à 17 ans de partir poursuivre sa formation à l’étranger en s’engageant à l’Ajax.
Skov aurait pu également suivre cette voie de l’étranger, mais a préféré opter pour la stabilité et la patience. Un potentiel déjà certain pouvait se lire dans ses prestations au club, déjà habile dans l’exercice des coups de pied arrêtés et de l’enroulé pied gauche sur son côté droit, qui l’aura d’ailleurs emmené disputer sa première grande compétition aux JO 2016 de Rio où il aura inscrit le seul but pour son pays du tournoi. Tout cela ne laissera pas insensible le meilleur club danois depuis le début des années 2000, le FC Copenhague, qui déboursera 1M€ pour s’attacher ses services. De nouveau il privilégia de rester au pays malgré des intérêts étrangers, allant à l’encontre de la tendance de la fuite des talents au Danemark.
Avec déjà une bonne expérience en Superligaen, son adaptation fut pourtant assez lente au FCK, où il aura eu du mal à se faire une place face à une concurrence plus accrue. Recruté au mercato hivernal, ses 6 premiers mois à Copenhague n’auront donné qu’un seul petit but en 21 rencontres malgré 15 titularisations. Un déclic eut lieu lors de la saison suivante avec une bonne préparation, de la confiance et toujours la même rigueur de travail, où Robert Skov a alors eu un impact bien plus important, qui de fait entraînera une répercussion positive sur ses statistiques.
Le jeune danois originaire de Silkeborg, décrit comme un garçon simple et humble, comme montré par la chaîne YT du club quelques mois après son arrivée dans un petit reportage décrivant sa journée type d’entraînement, où il est le seul joueur à s’y rendre par bus dans la banlieue de Copenhague précisément le « 9A » jusqu’à l’arrêt Glostrup, allait voir sa carrière prendre une tout autre tournure. Toujours avec les mêmes habitudes, week-end après week-end, le milieu droit dans le 4-4-2 du FC Copenhague portait son équipe offensivement avec notamment au mois de décembre une sacrée performance avec trois triplés en l’espace de 4 journées. Et bien sûr avec de telles performances, l’issue ne pouvait qu’être favorable pour lui et le club retrouvant le titre de champion et Robert Skov étant élu meilleur joueur du championnat et terminant meilleur buteur.
Du haut de son numéro 29 dédié à son grand-père né en 1929, Robert Skov aura marqué cette saison 29 buts en 34 rencontres de championnat. Du jamais vu dans le championnat danois, le milieu droit ayant battu le record qu’avait établi le buteur Ebbe Sand lors de la saison 1997/1998 avec 28 buts en 33 matchs pour Brøndby IF, le club rival de la capitale. Bien aidé par un fabuleux pied gauche avec lequel il aura marqué 26 fois (seulement 1 du droit et un de la tête), il aura également ajouté à cela 9 passes décisives. Sur les 86 buts inscrits par son équipe du FC Copenhague en championnat, il était directement impliqué statistiquement sur 38, soit 44% quasiment la moitié. Rajouté à cela un but en qualification d’Europa League plus un but en groupe face à Bordeaux, pour terminer la saison en club à un impressionnant 31 buts.
Robert Skov est un joueur qui aime prendre sa chance de loin, en champ ouvert cela est dévastateur grâce à sa bonne orientation du corps, ce qui donne régulièrement des buts incroyables avec sa belle frappe puissante du gauche. Mais surtout grâce à cette frappe, il possède une arme redoutable capable de débloquer de situations à n’importe quel moment : les coups-francs. Motivé par ses parents puis les formateurs de Silkeborg, à s’entrainer à cet exercice durant des heures d’entraînement depuis son enfance avec un ballon immobile devant lui pour les botter, cela a fini par payer.
Car en effet, il est sans doute déjà un des meilleurs tireurs de coup-franc, comme il a pu le montrer cette saison avec 8 coups-francs transformés en championnat en 39 tentatives (21% de réussite). Ce qui en fait le meilleur buteur cette saison dans cet exercice des championnats mondiaux devant Lionel Messi à 6. « Roberto » comme on le surnomme dans son entourage aime également prendre ses responsabilités où il tire les pénaltys et en a transformé 7 cette saison.
«Quelqu’un appelle ça la mémoire musculaire. Le corps se souvient de ce que vous faites à l’entraînement est ce que vous devez faire en match. Il faut beaucoup d’entrainement pour les mettre en compétition mais j’adore m’entraîner et pratiquer les coups francs. Avec beaucoup d’entrainements, vous ne réfléchissez quasiment plus» – Robert Skov sur la pratique des coups-francs pour le média danois EkstraBladet.
Andreas Skov Olsen, l’ascension fulgurante
Repéré par le FC Nordsjælland à 11 ans lors d’un tournoi international de la jeunesse nommé la Tivoli Cup, le natif d’Hillerød aurait pu voir sa carrière ne jamais voir le jour. En effet, Andreas Skov Olsen a dû faire preuve d’un grand mental et d’une grande motivation pour poursuivre son rêve de faire une carrière un jour dans le football. Vers ses 13 ans, il a subi une blessure à la hanche suivie d’une intervention chirurgicale qui a entraîné son éloignement des terrains pendant un an et demi jusqu’à ses 15 ans et qu’il soit complètement réhabilité.
Dans un club misant beaucoup sur l’académie et la jeunesse, ainsi que sur l’aspect technique et le projet sportif, cela a persuadé Skov Olsen et ses parents de continuer à tout donner pour un jour voir Andreas réaliser son rêve de devenir footballeur professionnel. Et ils ont bien fait, ses débuts vont rapidement avoir lieu, après avoir martyrisé les défenses en U19 avec 15 buts en 14 rencontres puis juste le temps de quelques matchs en réserve (3 buts en 5 matchs), et il se voyait faire ses débuts professionnels en fin de saison 2017/2018 à 17 ans et demi pour seulement quelques minutes en fin de rencontres.
C’est la saison 2018/2019 qui va marquer ses grands débuts dans le monde professionnel, après une bonne pré-saison et surtout des débuts impressionnants en qualifications d’Europa League avec 3 buts en 6 matchs, cela a convaincu son entraîneur Kasper Hjulmand de le placer directement comme titulaire à la reprise de championnat sur l’aile droite malgré ses 18 ans. Contrairement à Robert Skov qui pour sa première saison professionnelle dans l’élite n’avait inscrit qu’un but, Andreas Skov Olsen a lui directement pris les rênes du jeu offensif de son club en se montrant très vite décisif.
Placé dans un 4-3-3 très offensif, avec beaucoup de jeunesse et de fougue notamment en contre-attaque, Skov Olsen a complètement explosé et au top de la confiance nous a livré une saison rarement vue à ce niveau dans le football à son âge. En tout cas au Danemark cela était inédit, il sera devenu l’adolescent ayant le plus marqué de l’histoire du championnat danois. Le précédent record appartenait à Peter Møller avec 18 buts en 1991/1992. Plus récemment, Andreas Cornelius avait atteint 16 buts lors de la saison 2012/13. Mais ce qu’a fait Andreas Skov Olsen qui rappelons le est un ailier droit, sera très difficile à égaler avec 22 buts inscrits à 18/19 ans.
Lui qui habite encore chez ses parents à Hillerød, qui n’a pas encore terminé ses études secondaires, pour sa première saison professionnelle voyait sa vie complètement être chamboulée par ses prestations faisant grandir sa notoriété et l’intérêt des clubs étrangers. 36 rencontres en championnat pour 22 buts en faisant le meilleur buteur de moins de 20 ans d’Europe devant le joueur du Benfica João Félix. Et également le second meilleur buteur du championnat danois à égalité avec le buteur sénégalais du FC Copenhague Dame N’Doye. À quoi on peut rajouter 4 passes décisives et les 4 buts dans les autres compétitions pour être au complet.
Sur son bilan de ses 22 buts en championnat, on voit bien que Andreas Skov Olsen est ambidextre avec une belle aisance des deux pieds malgré une dominance pour le gauche, avec 12 buts inscrits du gauche et 9 du droit pour un but de la tête. Il aura pris quelques responsabilités également en cours de saison avec 3 pénaltys et un coup-franc. 17 de ses 22 buts ont été inscrits dans la surface et donc seulement 5 à l’extérieur, cela montre sa grande tendance à revenir dans la surface avec notamment la spéciale à la Robben et les gestes techniques inspirés de Neymar, deux de ses idôles dont il avoue s’inspirer grâce aux compilations sur Youtube.
Ses amis footballeurs dont on a pu questionner sur leurs impressions et qualités d’Andras Skov Olsen, sont unanimes. Pour Magnus Kofod Andersen, son coéquipier à Nordsjaelland : «C’est un excellent dribbleur et il l’a toujours été. Il est devenu très bon devant le but, est très efficace dans ce qu’il fait. Il n’a pas besoin de beaucoup de temps pour se mettre en position de frappe sur son pied gauche. », et pour Joakim Maehle son coéquipier avec le Danemark Espoirs : «Son pied gauche est mortel. Il est aussi assez grand et puissant sur ses appuis, il sait utiliser ses qualités physiques».
Skov Olsen montre une exemplarité et détermination parfaite sur le terrain, lui qui a un tatouage sur lequel est marqué «Patience» et porte à chaque match un playerTek GPS permettant de mesurer différentes informations clés comme le rythme cardiaque, ses courses, son nombre de kilomètres parcourus, etc… On peut sentir sa volonté de réussir et de se donner tous les moyens pour réaliser son rêve à plus haut niveau. Dès cet été ? Tel est la question, on a eu des mauvais exemples dernièrement des anciens joueurs du FC Nordsjaelland n’ayant pas encore convaincu à l’étranger comme Marcus Ingvartsen à Genk ou Emiliano Marcondes à Brentford. À Andreas de trouver le club avec les garanties et le style de jeu qui lui correspond, sinon il le sait lui-même la meilleure option sera de rester une année de plus au club.
Une magnifique saison réalisée par Robert Skov et Andreas Skov Olsen qui auront marqué l’histoire du championnat danois à jamais. Beaucoup de ressemblances peuvent donc être déduites pour les deux même si Andreas évolue un peu plus haut comme pur ailier comparé à un Robert Skov qui est plus bas sur le terrain et participe plus au jeu défensif de son équipe. Leur même nationalité et poste vont poser problème en sélection déjà pour cet Euro U21 qui débute lundi pour les Danois, où Robert Skov le titulaire aux éliminatoires part avec une longueur d’avance.
Andreas Skov Olsen pourrait donc à l’avenir plus évoluer, en tout cas en sélection, dans un rôle de buteur avec un peu plus de physique et ce qui nous permettrait de voir les deux associés. En tous les cas, le Danemark a une chance formidable d’avoir deux joueurs d’aussi grande qualité et à grand potentiel qui se battront pour une place de titulaire à droite en sélection. Robert Skov vient d’ailleurs d’effectuer ses débuts en sélection A face à la Géorgie ce mois-ci, et nul doute qu’après l’Euro U21, il sera un sélectionné régulier. Tout comme Skov Olsen surtout avec le nouveau sélectionneur qui est son ancien entraîneur Kasper Hjulmand, qui doit prendre ses fonctions à l’été 2020.
Trois ans et demi de différence d’âge entre les deux, 5 cm en plus pour Andreas (1m87 contre 1m83), le média danois EkstraBladet a demandé à Robert Skov et à Andreas Skov Olsen ce qu’ils prendraient de l’autre footballistiquement. Pour Robert sur Andreas : «Il est un plus technique que moi. Il peut faire des feintes que je voudrais faire. C’est une incroyable arme pour dribbler ses adversaires». À l’inverse : «Ce serait à cent pour cent avoir son coup de pied sur phase arrêté. C’est le meilleur de la Superligaen. Je travaille aussi mes coups francs, mais je ne l’ai pas encore égalé. Mais c’est clairement quelque chose qu’il m’inspire»
Après cette saison accomplie, il va être difficile de les voir rester vu leur situation. Pour Robert Skov, l’actuel sélectionneur du Danemark, Åge Hareide, lui a conseillé de rester encore une saison à Copenhague avant de partir pour la première fois à l’étranger. Déjà bien patient, il sera intéressant de voir si le joueur veut confirmer encore après une telle saison où se sent prêt à prouver hors frontière. Pour Skov Olsen, même après une première vraie saison professionnelle, comme beaucoup de jeunes Danois on pourrait déjà le voir partir. Lucide, il se donne le temps de trouver le bon club qui pourra lui promettre le temps de jeu nécessaire pour sa progression, sinon il restera. Pour le moment, la Real Sociedad semble avoir une longueur d’avance pour l’enrôler pour environ 8M€, cela après l’Euro U21.
Leurs parcours montrent que chaque joueur peut avoir une progression différente malgré un talent certain pour les deux. Le hasard aura fait qu’ils auront explosé lors de la même saison, avec leurs entraineurs respectifs qui auront parfaitement su en tirer le meilleur profit et avec une confiance au maximum. Espérons que peu importe la décision prise cet été, cela soit de nouveau le cas la saison prochaine et dès maintenant à l’Euro U21 avec une belle génération danoise, car ses joueurs nous ont montré qu’ils avaient l’étoffe pour s’installer dans les mémoires collectives hors Danemark. Les Skov’s.
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