Le football nous pousse parfois à effectuer des détours inattendus. En manque de ballon rond et de tribunes pendant notre périple à Copenhague, la trêve internationale nous contraint à venir découvrir les joies de la troisième division danoise. Direction Vanløse et le football vrai, au bout de la ligne 2 du métro dans la capitale danoise.
C’est avec une quinzaine de minutes de retard, dûes à notre méconnaissance du quartier de Vanløse que nous arrivons au match. Le Vanløse IF, de noir et de blanc vêtu, reçoit le Copenhagen AB. Les locaux ont déjà connu la première division, dans les années 70 semble t-il. Ils ont même pu goûter aux joutes européennes, en 1974 après une victoire en Coupe du Danemark et vu passer deux légendes danoises : Michael Laudrup et Preben Elkjaer-Larsen. D’entrée de jeu, nous avons à faire à un stadier francophone :
–« Vous venez de France, mais que faites-vous ici ? » s’étonne t-il.
– « Nous recherchions un match de football local et NordiskFootball nous a conseillé de venir là. »
– « Vous êtes au courant que c’est de la 3ème division danoise ? »
– « Oui mais cela reste du football non ? » lui rétorquons-nous.
– « C’est vrai, alors bienvenue à Vanløse. On a même un français dans l’équipe, celui avec les chaussures oranges là-bas. Bon il est pas tout à fait français mais son père est français. »
Pour ce match de Division 2, qui est en réalité le 3ème échelon du football danois, les deux équipes veulent assurer leur place en playoffs. Les installations sont sommaires, mais la tribune de 3600 places assises possède l’avantage de se trouver très proche du terrain, à l’anglaise, et nous laisse admirer le spectacle. Des tribunes qui n’ont pas réellement fait le plein, 800 âmes peuplent les gradins, mais qui vibrent sur les roulements des tambours de la Sektion E, le kop des supporters visiteurs.
Il faut dire que l’AB Copenhagen, est un club historique ici. Titré neuf fois champion du Danemark, il a coulé pour des problèmes financiers. Toutefois, petit à petit, le phenix renaît de ses cendres. Aujourd’hui, il semble bien armé pour atteindre de nouveau le 2ème échelon du football danois.
Le match se déroule et peu d’occasions franches sont à déclarer. Les deux équipes jouent rapidement vers l’avant, trop sûrement et les erreurs techniques sont nombreuses notamment dans les trentes derniers mètres. Il faut dire que les vingt-deux acteurs ne sont pas aidés par l’état du terrain. Les mauvais rebonds sont légions durant ce premier acte. Rasmus Gaudin, le fameux joueur d’origine française, tente bien d’inquiéter le gardien visiteur sur coup de pied arrêté mais Tobias Brogaard veille au grain.
L’occasion de s’arrêter sur ce fameux Rasmus Gaudin. Meilleur joueur de Vanløse, il a la particularité d’être… international danois. En effet, lors de l’imbroglio autour des primes de match en octobre dernier, seuls des joueurs des divisions inférieures danoises avaient été retenu pour affronter la Slovaquie. Rasmus faisait donc partie des vingt trois sélectionnés. Mieux, numéro dix sur le dos, il avait effectué un très bon match même s’il n’avait pu empêcher la défaite de son équipe, trois buts à zéro.
Vanløse IF, lors de sa cape en sélection danoise face à la Slovaquie.
Toujours est-il que malgré son international, Vanløse ne marque pas et les deux équipes rentrent aux vestiaires sur un score nul et vierge. L’occasion pour nous de goûter les traditions locales, la Carlsberg bien évidemment, ainsi que cette longue saucisse agrémentée d’un petit morceau de pain et d’ognons frits.
D’entrée de seconde mi-temps, les visiteurs reprennent le dessus. Peu avant l’heure de jeu, Rasmus Tangvig se joue de la défense de Vanløse avant d’ajuster le portier d’une frappe puissante sous la barre. La Sektion E exulte et les battements de tambours repartent de plus belle. On ne voit pas comment les locaux pourraient retourner la situation. Ils abusent de longs ballons sur la tête de l’immense Asger Højmark, 1m97, mais ne sont pas à la retombée de ses déviations. Sur un tacle très engagé, madame l’arbitre renvoie Adnan Curovic à la douche.
Désormais à onze contre dix, Vanløse y croit de nouveau. L’entraîneur Jesper Holdt passe en 3-5-2 en faisant monter son latéral droit, Nicolai Johansen, une autre tour de contrôle d’1m92. La tactique ne porte pas ses fruits et l’AB Copenhagen parvient à logiquement conserver le score de 1-0 et peut s’empresser de fêter la victoire avec son public et d’envisager clairement la montée dans le but de pourquoi pas, retrouver son lustre d’antan.
Récit de match retranscrit par Baptiste Fauvel (@bfauvel10) des @F_GlobeTrotters.