La campagne de qualification à l’Euro 2020 signe la fin d’une ère. En effet, depuis la Coupe du monde, l’équipe nationale a manqué de créativité et de vitesse. L’Islande n’a pas réussi à se qualifier directement pour l’Euro et cela est sûrement dû au jeu trop stéréotypé islandais mais aussi au manque de renouvellement de l’équipe.
Une Coupe du monde difficile à digérer
L’Islande avait surpris son monde en allant jusqu’en quart de finale de l’Euro 2016 ; mais cela ne semble qu’un lointain souvenir au vu des performances durant la Coupe du monde. Les contre-performances de la sélection semblent causées par le vieillissement de l’équipe avec seulement trois changements entre le match contre le Portugal à l’Euro et celui contre le Nigeria à la Coupe du monde. Malgré cette Coupe du monde ratée et le changement de sélectionneur, il n’y a pas eu de réel électrochoc lors de la Ligue des Nations durant laquelle l’Islande a été surclassée par la Belgique et la Suisse.
Néanmoins, il y a eu une bonne nouvelle : Erik Hamrén, le nouveau sélectionneur, a donné du temps de jeu aux jeunes du groupe : Albert Guðmundsson (AZ Alkmaar, 21 ans en 2018) qui était tout de même présent dans le groupe des 23 pour la Coupe du monde et Arnór Sigurðsson (CSKA Moscou, 19 ans en 2018). C’est le début d’une nouvelle ère !
2019 : Le début du renouvellement
Cette année, un jeune joueur a fait ses grands débuts avec l’équipe première (en compétition) : Mikael Anderson (21 ans), révélation de ce début de saison. Le talentueux ailier du FC Midtjylland impressionne enfin après avoir été prêté deux fois en deux ans (Vendsyssel FF, Excelsior).
Ainsi, sur ce dernier rassemblement, cinq joueurs ont 25 ans ou moins, sachant que Rúnar Alex Rúnarsson (24 ans) et Albert Guðmundsson sont blessés…
Un renouvellement difficile en défense
Les nouveaux arrivants jouent principalement au milieu de terrain ou en attaque. Le secteur défensif commence à souffrir du manque de changement. En effet, si on prend en compte tous les défenseurs ayant joué au moins un match des éliminatoires, la moyenne d’âge est de 30 ans ! Ainsi, l’expérience est le point fort de la défense, mais le point faible est le manque de vitesse… Et cela se voit lorsque l’Islande affronte des sélections telles que la France ou la Belgique. Le problème vient du fait que l’Islande peine à trouver de jeunes défenseurs aussi talentueux que Ari Skúlason, Ragnar Sigurðsson, Kári Árnason ou encore Birkir Sævarsson. Les jeunes défenseurs islandais ont du mal à exploser, et cela est surtout problématique sur les côtés puisqu’en défense central, on connaît déjà les remplaçants de Sigurðsson et Árnason : Hörður Magnússon (CSKA Moscou, 26 ans) et Sverrir Ingason (PAOK Salonique, 26 ans) ou Hjörtur Hermannsson (Brøndby, 24 ans). Axel Andrésson (Viking FK, 21 ans) – qui a très peu joué cette saison à cause d’une grave blessure – pourrait en 2020 montrer l’étendue de son talent après avoir fait ses gammes en Angleterre.
Ísak Ólafsson (SönderjyskE, 19 ans) – qui joue déjà avec les U21 – pourrait lui aussi être un candidat crédible dans les prochaines années pour une place en défense centrale. Il pourrait former la paire avec Finnur Pálmason (18 ans, KR Reykjavik) ; qu’il ne serait pas étonnant de voir quitter le championnat tant ses performances sont exceptionnelles cette saison (7 clean-sheets et un but en 17 matchs). Il fait de plus parti de l’équipe type de Pepsi Max deild 2019 ! Il a par ailleurs joué deux matchs en équipe nationale U21 cette saison.
A l’inverse, sur les côtés… C’est le désert ! Côté droit, Alfons Sampsted (IFK Norrköping, 21 ans) a du mal à percer puisqu’il a été prêté trois fois depuis août 2018… Il est d’ailleurs en prêt jusqu’à fin novembre à Breidablik. Côté gauche, Hördur Gunnarsson (ÍA Akranes, 21 ans) a brillé cette saison en marquant 2 buts et en délivrant 2 passes décisives : de bonnes statistiques pour un défenseur jouant de plus dans une équipe promue. Ce sont des performances qui, on l’espère, séduiront certains clubs danois ou suédois – passage obligé pour pouvoir progresser. C’est un grand saut qu’ont déjà fait certains jeunes défenseurs : Teitur Magnússon (18 ans) joue en U19 à Odense (Danemark), Atli Barkarson (18 ans) jouait avec les U18 de Norwich mais a été libéré et a rejoint le Fredrikstad FK (Norvège).
La relève est assurée au milieu et en attaque
La question que tout le monde se pose en voyant les équipes de jeunes : pourront-t-elles faire aussi bien que leurs aînées ? Trois générations exceptionnelles (88-89-90) ont vu briller de nombreux milieux et attaquants en équipe nationale tels Birkir Bjarnason, Gylfi Sigurðsson, Aron Gunnarsson, Rúnar Sigurjónsson, Rúrik Gíslason, Jóhann Guðmundsson, Kolbeinn Sigþórsson, Alfreð Finnbogason, Viðar Kjartansson. Difficile donc de faire mieux… Mais si les différents coachs (équipe A, U21, U19) travaillent « main dans la main », la transition devrait se faire facilement et l’Islande ne connaîtra pas de creux générationnel comme cela a été le cas pour les Pays-Bas, la République Tchèque ou la Grèce actuellement. En effet, dans les années à venir, les talents jouant aujourd’hui en U19 et en U21, pourraient faire oublier ces légendes du football islandais.
Parmi ces jeunes islandais, certains se démarquent plus que d’autres : tout d’abord, chez les U21, catégorie dans laquelle on souhaite se qualifier pour l’Euro 2021, Jón Þorsteinsson (20 ans, Aarhus GF) est rayonnant en club – 4 buts, une passe décisive- ainsi qu’en sélection avec deux buts en éliminatoires de l’Euro. Willum Willumsson (21 ans, Bate Borisov) a lui aussi marqué à deux reprises dans ces éliminatoires: il est encore peu connu puisqu’il joue dans un championnat plus « exotique » mais cela lui permet de jouer fréquemment avec l’équipe première du Bate (19 matchs TCC). Kolbeinn Finnsson (20 ans, Borussia Dortmund) a fait parler de lui fin août en étant transféré de Brentford au BVB : il a pris part à la moitié des matchs de son équipe (il évolue avec la réserve du club). Kolbeinn Thórdarson (19 ans, Lommel United) joue avec l’équipe première en deuxième division belge- il l’a rejoint le 31 juillet dernier. Alex Hauksson (20 ans, Stjarnan) a joué 19 des 22 matchs de championnat et est impliqué sur 10% des buts de son équipe. Il compte déjà à 15 sélections avec les U21 !
Sveinn Guðjohnsen (21 ans, Spezia) joue très peu en club malgré ses belles performances : 4 matchs, 2 buts, 1 passe décisive. En équipe nationale, il possède les mêmes statistiques cette saison (avec un match de plus) ! Côté attaque toujours, la France découvre cette année un nouveau joueur islandais, Kristófer Kristinsson (20 ans), arrivé cet été à Grenoble en Ligue 2. Il n’a pas encore été décisif avec l’équipe première mais a déjà marqué avec l’équipe réserve, de bonne augure pour la suite !
Les U19 eux aussi sont excellents : ils se sont d’ailleurs qualifiés pour le tour Élite avec notamment neuf buts en deux matchs (contre la Grèce et l’Albanie) ! Ces U19 possèdent de nombreux petits génies du ballon rond… Le premier commence à faire grand bruit en Italie. Agé de seulement 17 ans, Andri Fannar Baldursson est d’ailleurs apparu sur la feuille de match avec le groupe professionnel de Bologne fin octobre ! Chez les jeunes, il a pour l’instant pris part à tous les matchs de son équipe (1 but). Ísak Thorvaldsson (18 ans, Norwich) évolue déjà avec les U23 de son club (1 but, 1 passe décisive en 10 matchs). Ísak Jóhannesson (16 ans, IFK Norrköping) est l’un des talents les plus précoces : il joue avec les U19 en sélection et a joué quelques minutes avec les pros de l’IFK fin septembre. Orri Kjartansson (17 ans) joue depuis 2018 aux Pays-Bas et, depuis cette saison, il est surclassé en moins de 19 avec le SC Heerenveen.
En attaque, le deuxième fils d’Eidur Guðjohnsen, Andri Guðjohnsen (frère de Sveinn Guðjohnsen) joue depuis une saison au Real Madrid ! Il n’évolue pas encore avec les pros puisqu’il n’a que 17 ans mais il apparaît comme l’une des pépites islandaises à suivre dans les prochaines années… Un autre joueur né en 2002 évolue dans le centre de formation du meilleur club du pays – au Danemark cette fois-ci – Kristall Ingason (17 ans) qui a signé au FC Copenhagen début 2018. Cette saison, il a marqué deux buts en trois matchs avec les U19. Danijel Djuric (16 ans, FC Midtjylland) a rejoint le Danemark en début d’année ; il jouait jusqu’alors avec les U19 de Breidablik. Mikael Ellertsson (17 ans, SPAL) possède un parcours semblable à celui de son coéquipier en équipe nationale – Andri Baldursson – en se dirigeant vers l’Italie. Enfin, un talent brut s’est révélé cette saison en deuxième division islandaise avec le club promu, Grótta. Orri Óskarsson a débuté avec l’équipe première à 14 ans et joue déjà avec l’équipe nationale U17 (9 buts en 9 sélections) : exceptionnel ! Il rejoindra le FC Copenhague en 2020.
Qui remplacera Hannes Halldórsson ?
Outre Rúnar Rúnarsson, trois gardiens pourraient lui faire de l’ombre : Patrik Gunnarsson (19 ans) joue à Brentford (Championship) tandis que Jökull Andrésson (18 ans) joue lui aussi en deuxième division anglaise, mais avec Reading, en U23. Elías Ólafsson (19 ans, FC Midtjylland) est prêté cette saison au club de troisième division, l’Aarhus Fremad, ce qui lui permet d’avoir une place de titulaire cette saison ! Son gabarit hors-normes (2,01m) lui a permis de réaliser 8 clean-sheets en 13 matchs ! Un mur !
Malgré ses résultats en dents de scie depuis la Coupe du monde, l’avenir semble prometteur pour la sélection islandaise; surtout si les jeunes islandais signent dans des clubs leur offrant un maximum de temps de jeu., comme ils ont en pris l’habitude !
Très bon article, complet félicitations.