Après une saison plus que réussie sur le plan sportif, Brann retrouve l’Eliteserien un an après l’avoir quittée. Retour sur cette saison de folie qui a vu l’équipe de Bergen faire tomber plusieurs records.
Qui l’aurait cru ? Un an après une saison catastrophique en première division ponctuée par une descente en Obos-Ligaen lors d’un match de barrages complètement dingue face à Jerv, le club de Bergen remonte directement en Eliteserien au terme d’une saison dominée de bout en bout. Il semblerait que les clashs en interne et les polémiques qui ont fait le tour du globe semblent bels et bien derrière eux désormais.
L’ambition du club était claire dès la mi-décembre après le match contre Jerv. Birger Grevstad, ex-président du club norvégien, avait déclaré dans une interview donnée à TV2 « Si c’est ça le niveau de l’Obos-Ligaen, alors nous serons premiers. Nous n’avons tout simplement pas eu de chance.«
Cependant tout n’était pas si simple car en 2021 Kåre Ingebrigtsen, entraîneur principal, a été remplacé en pleine saison suite aux mauvais résultats obtenus ( 9 défaites, 4 matchs nuls, 1 victoire). De plus, le président du club, Geirmund Brendsæter, et Espen Brochmann ont démissionné du conseil d’administration ainsi que Vibeke Johannesen alors directrice générale du club à ce moment.
Le défi pour cette saison n’était donc pas uniquement sportif mais aussi administratif. Malgré tout, les supporters sont tous restés derrière leur club et appellent eux-mêmes à une mobilisation générale pour aider le club à retrouver l’élite le plus rapidement possible.
Avant tout il fallait construire un effectif solide, Brann a conservé ses joueurs importants comme Sivert Nilsen, Aune Heggebø et Bård Finne pour ne citer qu’eux. Combiné à cela le recrutement devait être malin, en ce sens le club a recruté Niklas Castro en provenance d’Aalesund, un attaquant qui performait bien les trois dernières saisons particulièrement en Obos-Ligaen. À cela s’ajoute l’arrivée de Crone Svenn, un défenseur danois en manque de temps de jeu à Lyngby et l’arrivée de Vegard Moberg, un défenseur expérimenté aussi en manque de temps de jeu à Bodø/Glimt. Autre coup de poker réussi, le gardien de but Matias Dyngeland cherchait un nouveau défi après avoir perdu la quasi-totalité de son temps de jeu à Elfsborg et Vålerenga. Il s’est rapidement imposé comme gardien titulaire au sein de son nouveau club et est à l’origine de plusieurs clean-sheets cette saison. Une certaine stabilité était aussi recherchée, cependant l’entraineur en place à ce moment ne souhaitait pas prolonger avec Brann à la fin de la saison malgré plusieurs offres de prolongation. Le club norvégien s’est donc activé à trouver un nouveau coach, Kjetil Knutsen a été contacté mais finalement Erik Horneland a prolongé au club, un soulagement pour la direction.
Après un premier succès lors du premier match de la saison face à Ranheim (0-4), les joueurs de Brann n’ont pas réussi à enchainer en concédant deux matchs nuls face à Åsane et Sogndal. Mais ce n’était qu’une question de temps avant que la machine ne se mette en route puisque s’en est suivi une incroyable série de vingt-cinq victoires en vingt-six matchs toutes compétitions confondues. Les hommes d’Erik Horneland marchent littéralement sur l’Obos-Ligaen, le collectif déployé et la solidité défensive fait qu’aucune équipe ne peut résister au club de Bergen. Rapidement les gros résultats s’enchainent, 1-5 contre le KFUM Oslo, 7-0 contre Mjøndalen et plus récemment 7-0 contre la lanterne rouge Grorud. Il aura fallu attendre la 27ème journée de championnat pour que Brann s’incline (3-1 à Mjøndalen), seule petite déception pour le club qui aurait pu devenir le premier à ne pas perdre un seul match en Obos-Ligaen. Au final le club de Bergen entre tout de même dans l’histoire en battant plusieurs records :
- Plus grand nombre de points (81) -> le précédent record était Bodø/Glimt (79) en 2019
- Plus grand nombre de buts inscrits (95) -> le précédent record était Bodø/Glimt (83) en 2017
- Le plus petit nombre de buts encaissés (16) -> le précédent record était Odds (19) en 1998
- Le plus grand nombre de victoires (26) -> le précédent record était Aalesund (25) en 2019
- La plus grande marge avec son dauphin (23 points) -> le précédent record était Bodø/Glimt (16) en 2017
Les supporters :
Jouer en seconde division n’a eu aucun impact sur le soutien des supporters, nous retrouvons quasiment la même affluence que lorsque l’équipe jouait en Eliteserien les années précédentes. Hormis les saisons 2020 et 2021 où l’accès au stade était (très) limité à cause du Covid-19, Brann réalisait en moyenne une affluence comprise entre 10 000 et 12 000 spectateurs, soit autant que cette saison avec une moyenne de 10 429 spectateurs !
Une fois de plus, le groupe ultras Bataljonen nous ont gâté cette saison avec des animations et une ambiance de feu à chaque match que ce soit à l’extérieur ou à domicile :
Un succès sans limite :
Cette année le succès de Brann ne s’arrête pas à l’équipe première, l’équipe féminine a elle aussi connu une saison exceptionnelle. Suite à une fusion entre le club de Sandviken et de Brann, le club de Bergen a joué sa première saison en Toppserien et les résultats ne se sont pas fait attendre. En dix-huit matchs en saison régulière, les joueuses d’Oliver Harder ont terminé première du classement en remportant quatorze rencontres pour trois matchs nuls et une seule défaite. Les play-offs ont suivi la même dynamique, sur les six matchs disputés les joueuses de Brann en ont remporté quatre pour deux matchs nuls et terminent donc premières de leur groupe, synonyme de qualification en Ligue des Champions. Le club a d’ailleurs fait ses débuts dans cette compétition cette année sans pour autant impressionner. Après avoir éliminé ALG Spor et Subotica, Brann a finalement échoué aux portes de la qualification après s’être incliné face à Rosengård dans une double confrontation très compliquée. Et parce qu’il n’y a pas que l’équipe première qui bat des records, lors du match Brann – Vålerenga plus de 10 000 billets ont été vendus, du jamais vu depuis Røa – Asker en 2006 (8 856 spectateurs). Malheureusement pour elles, ce record a rapidement été battu une semaine plus tard par Rosenborg qui a réalisé une affluence de 11 636 spectateurs. Pour clôturer cette première saison en beauté, le club a remporté sa première coupe de Norvège en s’imposant face à Stabaek sur le score de 3-1 dans une superbe ambiance à l’Ullevål Stadion .
Et comme tout cela n’était pas assez, la réserve de Brann a réalisé une incroyable saison en quatrième division. Emmenée par un fabuleux Elias Myrlid (dix-sept buts en vingt-quatre matchs disputés cette saison), l’équipe réserve a remporté dix-huit de ses vingt-six rencontres ce qui leur a valu une première place synonyme de montée en troisième division.
Pour clôturer cette article nous vous proposons avec SN_Scout trois jeunes joueurs à suivre la prochaine saison à Brann :
Niklas Jensen Wassberg (18 ans) : Joueur assez longiligne, qui joue au poste de milieu offensif gauche. Il descend beaucoup au centre du jeu pour ensuite essayer de chercher constamment à jouer face au jeu et de faire avancer le jeu offensif de Brann. Il est extrêmement à l’aise balle au pied. C’est un joueur assez unique car il est très instinctif dans ses choix. Il ne se pose pas beaucoup de questions et cela donne lieu à de magnifiques coups de génie (cf. sa passe-roulette face à Start début juillet). Il est très fort lorsqu’il s’agit de créer des espaces, il se rend toujours disponible entre les lignes, un bonheur pour ses coéquipiers. Il est également à l’aise des deux pieds. Seul point faible, le fait qu’il a du mal à être lucide après des phases à haute intensité avec ballon. Cette année il a joué 940 minutes pour trois buts inscrits et deux passes décisives.
Markus Haaland (17 ans) : Jeune joueur de 17 ans, Markus s’illustre déjà par sa polyvalence, capable d’évoluer en 8 mais aussi en faux 9 et sur les ailes. Il a fait ses débuts en pro en coupe avec Brann, et a d’ailleurs inscrit un but dans ce match. Markus Haaland aime beaucoup partir d’une position basse pour remonter le ballon vers la surface adverse. De cette position, il peut décocher notamment de très belles frappes (cf. son but face à Voss). Ce qui distingue Markus des autres joueurs, c’est donc comme dit précédemment, sa polyvalence. En défense il peut s’apparenter à un genre de N’Golo Kanté norvégien, capable de gratter de nombreux ballons dans une position haute, pour ensuite réduire la pression sur lui par des dribbles très bien sentis la plupart du temps. Il est très impressionnant dans la répétition des efforts longs qu’il produit, et peut très largement tenir tout un match à haute intensité.
Jonas Tviberg Torsvik (17 ans) : On change un peu de registre, en s’attaquant cette fois-ci à l’analyse d’un très prometteur latéral gauche. Jonas est, pour son âge, déjà très développé physiquement. C’est un latéral avec un registre plutôt défensif, même si il est capable de bien dédoubler dans certaines phases et d’envoyer des centres de la ligne de but. Selon nous il sort du lot car il a cette capacité de toujours tenir son vis à vis sous pression, de le garder à bonne distance et ensuite adapter ses plans en utilisant sa rapidité et son physique propre. Son côté est très peu souvent mis en péril.