during the Barclays Premier League match between Manchester United and Swansea City at Old Trafford on August 16, 2014 in Manchester, England.

Alors que l’Euro approche à grands pas, le nombre de « spécialistes » football est tranquillement en train d’exploser. Chacun y va de son avis sur les convocations de joueurs, sur les compositions, sur les futurs résultats et même sur les numéros du loto en 2076. La grande majorité de ces personnes va rester dans une zone de confort à ne parler que des évidences, des joueurs surmédiatisés. Quelques-uns seront plus téméraires et vont profiter du manque de connaissance général pour dire des âneries sur des joueurs et sélections moins connues. Mais pas un, et c’est quasiment une évidence, pas un n’ira donner un autre avis sur l’Islande à part celui du « ils vont se faire rétamer ». Peut-être que la compétition sera effectivement difficile pour un pays gros comme ma poche, surtout face au Portugal et l’Empire d’Autriche-Hongrie. N’empêche que je mets mon billet sur la présence de l’Islande au moins en 8e, sinon plus loin.

Pourquoi suis-je si confiant ? Tout simplement parce que l’équipe a la recette parfaite pour créer des surprises : un collectif fort autour d’une star qui élève le niveau de ses coéquipiers. Le terme de « star » est peut-être un peu léger d’ailleurs, celui de dieu serait plus vrai. L’Islande va se présenter à l’Euro 2016 avec en numéro 10 Gylfi Thor Sigurdsson. C’est son vrai nom. Peut-être que vous ne le connaissez pas encore, mais dans deux mois il y a de grandes chances pour que ce nom ne vous soit plus inconnu. Histoire que vous puissiez briller en société et draguer de la midinette blonde en fanzone, je vais vous raconter son histoire.

 

Naissance et début : Thor se dresse au-dessus des humains.

Sigurdsson est né le 9 septembre 1989 à Reykjavik. Sa jeunesse ne sera pas simple sur cette île exposée au vent, avec sa météo froide et ses gens rustres. Pardon ? C’est un cliché ? Ah excusez-moi. La jeunesse de Gylfi se déroule donc parfaitement bien au sein d’un magnifique pays et d’une société composée de gens agréables et aimant. Le temps va peu à peu faire son œuvre et sa petite figure d’ange va finir par se retrouver à 1m86 du sol, soit la distance parfaite pour que la connexion cerveau/pied ait une efficacité maximale. A 17 ans, alors qu’il distribuait les caviars (islandais) dans le club local de Breidablik il est repéré et engagé par Reading. Ces derniers, dans le but de l’aguerrir aux futures joutes du football professionnel anglais vont d’abord le faire jouer pendant deux ans dans leur équipe U18.

Émerveillés par tant de classe, les dirigeants lui font signer son premier contrat professionnel à l’été 2008. Il est immédiatement prêté à Shrewsbury Town. Pour son premier match, il ouvre son compteur face à Bournemouth. Ce sera son seul but avec le club. Le prêt n’étant que d’une durée d’un mois, il n’aura que le temps de participer à six matchs. A la non-trêve hivernale, il rejoint, toujours en prêt, Crew Alexandra. A peine deux jours après son arrivée au club il marque pour ses débuts lors d’une victoire 4-0 contre Brighton. Son prêt est finalement étendu jusqu’à la fin de la saison, il terminera avec 3 buts au compteur en 15 matchs.

 

La saison suivante sera celle de son explosion. Comme diraient certaines personnes « l’ange s’est envolé ». A seulement 20 ans sa saison est exemplaire. 16 buts, 9 passes décisives en 38 matchs de championnat. Un but, une « assist » lors de son seul match de league cup. En plus de ces performances affolantes, il participe à l’épopée de Reading en FA cup. Lors de ce parcours, le club va sortir Liverpool à Anfield lors d’un replay, puis Burnley (alors en Premier League), West Bromwich chez eux lors d’un nouveau replay. Finalement, Reading s’inclinera 2-4 à domicile face à Aston Villa lors des quarts de finale. Gylfi marquera 3 buts lors de cette campagne, tous d’une importance capitale. Il plante l’égalisation sur pénalty à Liverpool lors du temps additionnel. Il sera ensuite le seul buteur du match face à Burnley (87′). Enfin, c’est lui qui offre la victoire face à WBA dans le temps additionnel. Un véritable homme providentiel.

Lors de cette saison, Gylfi sera nommé joueur du mois de janvier en championship. Les supporters l’éliront même joueur de Reading de la saison. Fort de ces performances, il signe en mai un contrat le liant pour 3 ans au club anglais. La saison 2010-2011 débutera sur les mêmes bases : premier match et premier but contre Scunthorpe. Finalement il ne jouera que 4 rencontres (deux buts) pour Reading cette saison-là. Son niveau de jeu ayant attiré un bon nombre de clubs de Premier League et de première division dans d’autres pays, il est transféré au TSG Hoffenheim 1899 à la fin de l’été. C’est un record de vente pour le club qui laisse partir l’islandais pour plus de 6M£.

 

Passage étrange en Allemagne et retour en Premier League.

Une fois encore, le bel homme va parfaitement s’adapter à son nouveau club. Dès sa deuxième apparition il marque un splendide coup-franc face à Kaiserslautern. Au total, il participera à 32 matchs toutes compétitions confondues avec Hoffenheim cette saison-là. Malgré seulement 13 matchs disputés en tant que titulaire, il trouvera quand même le moyen de marquer 10 fois et de délivrer 3 passes décisives. Quel bel homme. Une fois de plus, les supporters l’élisent homme de la saison. Une preuve de plus que le bon goût est international. Pourtant, l’impensable va se produire. Marco Pezzaiuoli, alors entraîneur intérimaire, va laisser sa place à Holger Stanislawski. Ce dernier étant aveugle et sourd (je ne vois que ça pour comprendre le « pourquoi du comment » de cette situation), il va laisser Sigurdsson cirer le banc pendant 6 mois. A peine 7 apparitions avant que Swansea, meilleur club gallois, ne propose un prêt avec option d’achat. Alors coaché par Brendan Rogers, le promu enchaîne les belles performances. L’arrivée de Sigurdsson va permettre à l’équipe de disposer d’un véritable numéro 10. Créateur, passeur, buteur, c’est exactement le rôle qui convient à l’islandais. Une fois de plus ses débuts sont fracassants. Pour son premier match (entrée à la mi-temps), il réalise sa première passe décisive en offrant le but de la victoire contre Arsenal (3-2). La suite de ses performances sera tout aussi exceptionnelle. 18 matchs, 7 buts, 5 passes décisives, il sera élu meilleur joueur de Premier League pour le mois de mars.

Tout cela sera suffisant pour convaincre les gallois de faire une offre de 6.8M£. Malheureusement, le départ de Brendan Rogers pour Liverpool fera capoter le transfert et c’est Tottenham qui s’offrira les services du joueur pour 8.8M£. Les deux saisons suivantes seront difficiles pour Sigurdsson. Il faut dire que l’instabilité chronique qui caractérise le club londonien n’aidera en rien son adaptation. En deux saisons, il réalisera 83 apparitions (pour une moyenne de 50′ jouées par match), il marquera 13 buts et fera 9 assists. Finalement, ce sera un nouveau changement d’entraîneur qui relancer sa carrière : la nomination de Garry Monk à la tête de Swansea. Le nouveau coach ayant été coéquipier de Gylfi lors de son premier passage au Pays de Galles, il connaît ses qualités de meneur de jeu. Gallois et londoniens vont alors s’entendre sur un transfert un peu particulier : le jeune espoir gallois Ben Davies et un peu de liquidités contre l’islandais. On peut ainsi estimer le transfert autour des 8.5M£.

 

Confirmation en sélection et à Swansea : faire tomber la foudre en Europe.

Pourquoi changer les bonnes habitudes, premier match officiel avec le club et premier double-double. Un but, une passe décisive et voilà Manchester United qui perd son premier match d’ouverture à domicile depuis 1972. Le reste de la saison sera tout aussi fantastique pour l’islandais. Swansea termine le championnat aux portes de l’Europe en battant son record de point en Premier League. Les 7 buts et 10 assists de Gylfi (plus deux buts en coupe) y sont largement pour quelque chose.

L’islandais a enfin trouvé son style de jeu : beaucoup de pressing, peu de mobilité balle au pied pour se concentrer au maximum sur les passes dangereuses vers ses coéquipiers, une excellente qualité de centre. Mais surtout, surtout, une maîtrise exceptionnelle des coup-francs et des frappes lointaines. En plus de tout cela il est totalement inefficace dans le jeu aérien : c’est un vrai numéro dix à l’ancienne. Voici la preuve en image.

Malheureusement cette saison aura été bien plus difficile pour les gallois. En lutte avec la relégation toute la saison, il aura fallu attendre 2016 pour que l’équipe se réveille et arrive enfin à enchaîner les résultats. Heureusement, le niveau général des concurrents directs va permettre à Swansea d’assurer un nouveau maintien au sein de l’élite. Tout comme son club, le début de saison de Sigurdsson aura été délicat. Fin 2015 il n’était qu’à deux buts (un coup-franc et un penalty) et une assist. Depuis, il a retrouvé son rythme de croisière avec pas moins de 9 buts en 14 rencontres. Dès qu’il va mieux, Swansea gagne, preuve de son importance capitale au sein de l’équipe.

 

Pendant ce temps, inutile de préciser que l’homme est international. Et pas n’importe lequel puisque Sigurdsson est le meneur de jeu de la meilleure équipe de l’Histoire du football islandais. Il a grandement participé à la qualification historique de l’équipe pour l’Euro 2016. Avec six buts inscrits lors des huit matchs de qualification (dont les trois buts de son équipe contre les Pays-Bas) et une passe décisive, Gylfi est le fer de lance de cette sélection qui compte bien marquer la compétition de son empreinte.

Et personnellement… J’y crois.

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