Quand on pense à la Finlande, au niveau sportif, difficile de le lier directement au football. On pense d’abord à l’automobile, au saut à ski, au hockey sur glace, ou encore au Pesäpallo, dit le Baseball finlandais. Mais surement pas au ballon rond. Car, le pays des mille lacs, dit le plus heureux au monde selon le dernier rapport de la World Happines Report de mars 2018, ne l’est surement pas grâce au football. Un championnat qui n’attire pas et une sélection qui n’a jamais disputé une grande compétition dans son histoire, le football finlandais n’a pas de quoi faire rêver. Et pourtant.
Cela pourrait bien changer, car à moindre mesure comme l’Islande, les Finlandais ont de plus en plus d’engouement pour leur sélection qui ne cesse de les impressionner depuis plusieurs mois. Et cela avec comme référence la Ligue des Nations. Une première place de son groupe devant la Grèce, la Hongrie et l’Estonie, qui les guideront en Ligue B. Enfin une référence pour le peuple finlandais qui n’avait jamais vraiment eu de quoi s’enthousiasmer par le passé, et qui entame ses éliminatoires d’Euro 2020 avec plus de certitudes. Car en cas de non qualification directe, la Finlande aura l’opportunité grâce à la Ligue des Nations de disputer un tour finale de chapeau 3. L’espoir est de mise. Retour sur l’histoire du football finlandais et ses exploits actuels :
Un passif du football finlandais entre malchances et résignations
Paradoxalement, les débuts footballistiques en Finlande sont plutôt bons et précurseurs. Encore sous emprise russe, la fédération nationale est créée en 1907. Puis l’année suivante, la Finlande est directement intégrée à la FIFA. Cela leur permet de disputer le tournoi de football aux Jeux Olympiques 1912, chez leur voisin suédois, où ils termineront à une honorable 4e place sur 11 participants.
Cette place du perdant, hors podium, symbolisera toute l’histoire du football finlandais qui va suivre c’est-à-dire un palmarès vide. Car oui, la sélection finlandaise, ce n’est pas moins de 18 participations aux qualificatifs de Coupe du Monde depuis 1938 et 13 pour l’Euro depuis 1968, sans jamais arriver à décrocher une participation aux tournois.
Le néant s’installera durant de nombreuses décennies, la Finlande sera même considérée comme l’une des nations les plus faibles d’Europe niveau football. Les premiers frissons dans les stades finlandais n’arriveront que dans les années 80/90. Le peuple veut y croire, mais cela ne veut décidément pas. L’Euro 80 est loupé pour un point derrière la Grèce et la Hongrie et la Coupe du Monde 86 pour seulement deux.
Dans les années 90, un motif d’espoir arrive, le roi, l’apôtre, arrive. Jari Litmanen, le meilleur footballeur finlandais de l’histoire, éclot d’abord au pays puis à l’Ajax où il deviendra le premier finlandais a remporté la Ligue des Champions de 1995 et arrivera à la 3e place au Ballon d’Or la même année. Tout est mis en œuvre pour y croire, car l’année suivante, la fédération frappe un gros coup avec l’arrivée du sélectionneur danois Richard Møller Nielsen, vainqueur surprise de l’Euro 92 et de la Coupe des Confédérations 95 avec son pays.
Et ils n’étaient pas loin de réussir l’exploit, à quelques secondes mêmes des barrages lors de la dernière journée de qualification pour la Coupe du Monde 98. Un Finlande – Hongrie, où les Hongrois ont un point d’avance qui obligent les Finlandais à l’emporter. C’est ce qu’ils font parfaitement à Helsinki au Stade Olympique où le peuple a répondu présent avec 31 670 spectateurs, mais une fois de plus le sort s’acharne sur eux. Un coup du sort à la dernière seconde sur un contre son camp à la suite d’un cafouillage dans la défense finlandaise après un corner adverse. Le ciel était tombé sur la tête des Finlandais, une nouvelle fois.
Nielsen n’abdique pas lors pour les qualifications à l’Euro 2000, il dispose d’une des meilleures générations données à la Finlande qui s’exportent de plus en plus à l’image du défenseur Sami Hyypiä à Liverpool ou l’attaquant Mikael Forssell à Chelsea, inspirés par Jari Litmanen désormais à Barcelone. Mais dans un groupe avec la Turquie et surtout l’Allemagne, la Finlande de Nielsen terminera de nouveau 3e. Cela en est trop de ses échecs à rien, Nielsen est remplacé par un entraîneur finlandais qui fait des merveilles au pays avec l’HJK : Antti Muurinen, premier entraîneur à amener un club finlandais en poule de Ligue des Champions en 98/99.
Néanmoins, la malchance du tirage au sort continue avec l’Angleterre et de nouveau l’Allemagne. Le sélectionneur finlandais malgré des bons résultats en restant invaincu à domicile avec notamment un 5-1 contre la Grèce et des nuls 2-2 contre l’Allemagne et 0-0 contre l’Angleterre, n’y pourront rien avec une nouvelle 3e place. La Finlande obtient tout de même à la suite de ses bons résultats grâce à son pressing redouté et efficace, sa meilleure place au classement FIFA en étant 30e, notamment amélioré grâce à ses victoires en amicaux par la suite contre le Portugal ou encore la Belgique. Cette tendance positive sera de courte duréen les éliminatoires à l’Euro 2004 et CDM 2006 seront loupés, la fédération décide alors de miser sur des sélectionneurs à grandes expériences internationales. Du lourd pour espérer décrocher le Graal tant attendu par un peuple qui ne vibre pour le moment que par le hockey en sport collectif.
Les grands noms Roy Hodgson puis Stuart Baxter pour espérer marquer l’histoire finlandaise
Le coach britannique Roy Hodgson est une grosse pointure pour la Finlande, lui qui a notamment entraîné l’Inter Milan et le FC Copenhague, sélectionné la Suisse et brillé en Suède. Son mandat aura surtout été marqué par l’attribution du surnom de la sélection, les Huuhkajat à savoir les Grands Ducs.
Cela est arrivé en juin 2007, lors du match Finlande-Belgique comptant pour les éliminatoires de l’Euro 2008, lorsqu’un hibou est venu perturber le match en se posant sur la barre transversale adverse. Cela aura provoqué la suspension du match durant six minutes, n’empêchant pas les Finlandais de l’emporter 2-0. Le hibou est désormais devenu la mascotte de la sélection finlandaise jusqu’au surnom donc.
Mais malgré une bonne campagne de qualification pour l’Euro 2008 avec le record de points (24), à trois points du Portugal second, l’objectif pour l’anglais n’est pas abouti et il décide de ne pas prolonger.
La fédération décide alors de ressortir un gros nom et un Britannique en la personne de Stuart Baxter qui a aussi brillé en Suède et sélectionné l’Afrique du Sud. Son mandat est marqué par le rajeunissement de l’équipe qui arrivait à une fin de cycle avec les arrivées en sélection notamment de Tim Sparv, l’actuel capitaine aujourd’hui, ou de Roman Eremenko aujourd’hui sur le retour en sélection. De nouveau les résultats sont bons, mais de nouveau l’objectif d’une qualification certes pas loin n’est pas atteint et le sélectionneur plie bagage.
On se dirige vers une période de transition marquant la fin d’une ère. La retraite internationale du Roi, Jari Litmanen, en novembre 2010 face à Saint-Marin (8-0), meilleur buteur de la sélection (32) et joueur le plus capé (137) qui n’aura malheureusement jamais eu la chance de disputer une compétition internationale avec son pays rime avec la fin d’une époque.
La Finlande vit ses plus mauvaises années depuis longtemps en effectuant des campagnes qualificatives ratées. Seul point notable à souligner, le match nul en 2013 face à l’Espagne de Vicente del Bosque pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 2014. 20 tirs à 1 (le but de Pukki) pour l’Espagne, 80 % de possession de balle, la définition parfaite du hold-up et de la spécialité des Finlandais l’art de défendre avec la tactique en sapin de noël. Match désormais surnommé « Le miracle de Gijon ».
Ce n’est que pour l’année des 100 ans d’indépendance en 2017, après avoir connu huit siècles de domination suédoise et un autre en tant que Grand-Duché de Russie, que le football finlandais va commencer à retrouver du baume au cœur.
2017, début de la renaissance pour la Finlande
Cette renaissance coïncide avec la nomination en tant que sélectionneur de Markku Kanerva. Le finlandais a longtemps attendu son moment et connait parfaitement cette sélection puisque d’abord sélectionneur U21 de 2004 à 2009, depuis 2011 il était l’entraîneur assistant des différents sélectionneurs qui se sont accumulés.
Kanerva était donc le candidat parfait pour lancer une nouvelle dynamique, non pas au niveau tactique qui est la même depuis de nombreuses années mais au niveau collectif en créant un véritable groupe de joueurs 100% concentrés sur la sélection lors des trêves. Il n’a donc pas retenu ceux qui ne voulaient plus faire partie de la sélection comme pour la retraite de l’ancien capitaine Niklas Moisander (Werder Brême) et ses 62 sélections, Perparim Hetemaj (Chievo Vérone) et ses 49 sélections et Alexander Ring (New York City) et ses 44 sélections qui souvent blessé veut se concentrer à 100% à son club. Seul Roman Eremenko (Rostov), suspendu 2 ans pour dopage revenu dans le football russe pourrait faire son retour pas pour cette trêve étant blessé.
Le sélectionneur fait donc sans joueurs absolument extraordinaires, sans stars mais avec des joueurs se battant pour le collectif comme a su le faire l’Islande dernièrement. Une bonne fin de campagne éliminatoire de la CDM 2018 rattrapant les débuts catastrophiques avec notamment une victoire face à l’Islande (1-0), mettant fin à deux années sans victoires. C’est lors de la nouvelle compétition créée, la Ligue des Nations, que la Finlande a pu se remettre de nouveau en avant et voir le travail effectué par Kanerva.
Dans un groupe composé de la Grèce, la Hongrie (mauvais souvenir de 97) et l’Estonie, la Finlande en est sortie vainqueur faisant parler sa solidité défensive. 3 victoires un à zéro lors des trois premières journées grâce à trois buts de Teemu Pukki l’homme en forme à Norwich qui a terminé meilleur buteur du Championship avec 29 buts et 10 passes décisives en 43 rencontres, qui a fait parler son sens du but comme en sélection. Puis une victoire deux à zéro face à la Grèce, 12 points sur 12 possibles le plus dur était fait. Et malgré deux défaites pour finir, 1-0 face à la Grèce et 2-0 contre la Hongrie, le plus dur était fait. Une qualification pour un tour final celles des play-offs de la Ligue des Nations pour espérer décrocher un ticket pour l’Euro 2020 qui serait historique et en plus l’accès à la ligue B.
Ces performances, ont permis à la Finlande de passer de 110e au classement FIFA en juillet/août 2017 à 59e aujourd’hui. Mais surtout, ils ont retrouvés de l’engouement avec un public qui répond présent. L’engouement est total pour la sélection finlandaise et cela fait plaisir à voir avec notamment comme ambassadeur Jari Litmanen très présent en tribune pour soutenir sa nation.
Tout n’est pas encore parfait niveau football en Finlande, certes. Dans un pays où le hockey est plus populaire (deux fois champions du monde) que le football, et où la Premier League est bien plus regardée à la télé que le championnat local, la Veikkausliiga, jugé faible et avec une moyenne de 2 308 spectateurs. Un chiffre qui ne cesse de baisser chaque année avec un engouement amoindri par la domination régulière de l’HJK qui a remporté 8 des 10 dernières saisons.
Mais dans ce pays aux 5 millions d’habitants qui a permis à toute une génération au monde d’avoir un Nokia 3310, les motifs d’espoirs sont bien là. Des résultats retrouvés avec la possibilité de voir le pays enfin représenté dans une compétition de football. Le plus dur restera à faire avec un groupe de qualification à l’Euro 2020 difficile avec l’Italie dès ce soir, la Bosnie-Hérzégovine, la Grèce, l’Arménie et le Liechteinstein.
Et des motifs d’espoirs à long terme également. La Finlande dispose d’une belle génération à venir également, elle qui a organisé l’Euro U19 2017 et pourra compter à l’avenir dans ses rangs et qui évoluent déjà à l’étranger entres autres : Jaako Oksanen (MC, 18 ans, Brentford), Saku Ylatupa (AG, 19 ans, AIK), Anssi Suhonen (18 ans, MOC, Hambourg) Marcus Forss (BU, 19 ans, Brentford). Lassi Lappalainen (20 ans, AG, HJK), Fredrik Jensen (21 ans, MOC, Augsburg) qui sont désormais en sélection A. À eux de montrer que la Finlande n’est pas qu’une terre de perdant dans d’autres sports on le sait déjà, au football on attend que ça ! Peut-être avec l’Euro 2020 l’an prochain ?
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