Accroché à domicile par un PAOK plus agressif et plus réaliste, le Malmö FF d’Henrik Rydström devait donc accomplir une performance de haut niveau en ce mardi soir. Face à une équipe de Thessalonique chauffée à blanc par la ferveur de son public, la tâche s’annoncait ardue.
Un marathon plutôt qu’un sprint
Comme à l’accoutumée, les premières minutes de jeu sont à l’avantage des himmelsblått (ciel et blanc en suédois). Aidés par l’indiscipline grecque, ils obtiennent les premières occasions de cette partie. Auteur d’un but splendide en championnat ce week-end, Sergio Peña profite d’un coup franc à trente mètres pour alerter une première fois Kotarski (3e). Sous les sifflets du Toumba Stadium, les Suédois confisquent le ballon et font tourner, à la recherche d’une erreur qui pourrait leur permettre de capitaliser.
Le danger se rapproche alors de la surface et la délivrance vint. Sur une touche longue, Pontus Jansson, au duel avec deux défenseurs, parvient à prolonger ce ballon de la tête jusqu’au deuxième poteau. Le tant désiré Sebastian Nanasi surgit et ouvre le score de la tête (0-1, 10e). Le plus dur est désormais fait. Ou pas. Car bien que si dominant en début de saison, Malmö semble par instant perdre le rythme de son football et prend des airs de sprinteur, là où le football, surtout au cours de soirées européennes, a l’allure d’un marathon. Pris à son propre jeu, le MFF subit le sursaut d’orgueil du PAOK.
Plus prompts sur les ballons, plus agressifs dans les duels, plus précis techniquement, ils mettent à présent le danger sur le but d’un Johan Dahlin qui paraît tendu. La défense plie dans un premier temps, repousse le danger, mais peine à reprendre le dessus. Poussés par leur public, les Grecs connaissent un temps fort. Très en vue, Mady Camara combine avec Taison et appuie sur les faiblesses adverses. Pris à revers, Jens Stryger-Larsen doit concéder une faute excentrée bien qu’aux abords de la surface et la plus grosse occasion grecque se précise (21e). Taison, véritable star de cette équipe du PAOK, se charge alors du coup de pied arrêté. Il adresse un centre fort, rasant.
Attendant un ballon coupé au premier poteau, Johan Dahlin reste statique et observe le ballon filer jusqu’au second. Personne ne peut le reprendre et le gardien suédois laisse filer. Erreur d’appréciation, le ballon accroche le petit filet, ras du poteau et Taison égalise (1-1, 21e). Tout est à refaire. Ce but, au-delà de relancer le suspense, vient surtout offrir un regain d’énergie énorme au club de Thessalonique. Désormais totalement en confiance, ils multiplient les occasions et poussent Johan Dahlin dans ses retranchements. Les minutes qui suivent sont pratiquement à sens unique et l’affaire se complique pour le champion de Suède.
Un scénario fou
À l’approche de la mi-temps, le temps fort grec ne semble pas décidé à cesser et les locaux se sentent pousser des ailes. Sur une action qui semble anodine, Koulierakis décoche une frappe à trente-cinq mètres qui profite d’une nouvelle mauvaise lecture de la trajectoire pour fusiller Dahlin côté opposé (2-1, 43e). S’ensuit alors cinq minutes lunaires. Sur l’offensive qui suit, Sören Rieks adresse un centre millimétré au second poteau pour… Sebastian Nanasi qui, du plat du pied, vient égaliser (2-2, 45e). Si l’on aurait pu regagner les vestiaires sur ce score de parité, bien que contre le sens du jeu, le capitaine du PAOK, Živković, en a décidé autrement. Bien lancé par Abdul Rahman Baba, il percute et profite d’un trou de souris dans la charnière centrale adverse pour adresser un tir fuyant. Dahlin, masqué et à contre temps, ne peut que regarder le ballon accrocher de nouveau le petit filet et le PAOK reprendre les devants (3-2, 45e+3).
Au retour des vestiaires, aucun indicateur ne tourne au vert pour les Suédois. Toujours malmenés par un PAOK des grands soirs, les coéquipiers de Nanasi ne trouvent pas la solution. Pourtant, le numéro 11 livre un récital – poétique forme d’adieu ? – création, percussion, conservation, projection, il offre un regard sur l’immense partie de son éventail de qualités et donne tout pour permettre aux siens d’y croire encore. Ce sont néanmoins les coéquipiers de Živković qui vont se procurer les plus grosses occasions.
Face à une défense contrainte de se projeter et donc de s’exposer, Brandon Thomas se voit offrir un boulevard. Seul face à Dahlin après une nouvelle inspiration de Camara, il manque le cadre pourtant presque désert (53e). Les occasions se multiplient et le danger est imminent sur la cage suédoise, mais le mojo semble avoir quitté les rangs du PAOK (70e). Le chronomètre défile et les blåe ne trouvent toujours pas la solution. Le duo Kiese-Thelin – Botheim, déjà muet depuis plusieurs semaines, ne retrouve pas son éclat du début de saison et n’inquiète pas une défense solidement accrochée à ce résultat.
Coaching étonnant, Henrik Rydström décide de sortir Nanasi, alors meilleur joueur sur la pelouse, à l’aube des dix dernières minutes du temps réglementaire. Plus que jamais dos au mur, les Suédois tentent enfin le tout pour le tout. Dans un premier temps à la recherche de la faille dans la charnière grecque, le danger passe par les ailes et Busanello sort enfin de sa boîte. Il apporte le danger dans la surface et permet aux siens de récupérer des munitions sur corner.
Le chronomètre s’écoule et le bruit dans les tribunes du stade retranscrit l’attente qui s’amenuise avant la délivrance. Kotarski, déjà écœurant jusqu’ici, jette ses dernières forces dans la bataille pour préserver ce score. Les cinq minutes de temps additionnel touchent à leur fin et sur un dernier corner, l’impensable arriva. Frappé par Busanello, le corner arrive au point de pénalty. Mal repoussé par la défense, le ballon arrive dans les pieds de Nils Zätterström qui crochète et égalise au fin fond du temps additionnel (3-3, 90e+6). On disputera donc des prolongations.
Nils Zätterström le héros
Le coup de bambou subi par les Grecs à des conséquences en ce début de prolongation. Sonnés par cette égalisation sortie presque de nulle part, les joueurs du PAOK n’y sont plus et la dynamique s’inverse. Fatiguées, les deux formations se délitent petit à petit, le jeu va d’un but à l’autre dans une valse effrénée où tout semble possible.
C’est là que les symboles prennent tout leur sens. Déjà buteur héroïque, Nils Zätterström, pur produit de l’académie, reste sur son petit nuage et éclabousse de son talent la pelouse du Toumba Stadium. Il stoppe l’offensive adverse, se projette, élimine le premier rideau, puis le deuxième et satellise Anders Christiansen. Ce dernier prend de vitesse son adversaire, se présente face à Kotarski sorti loin dans sa surface, élimine le gardien et marque dans le but vide (3-4, 99e). Un but à la saveur particulière pour le capitaine emblématique du Malmö FF qui, il y a un peu plus d’un an, était victime d’un malaise cardiaque à l’entraînement, vivant désormais avec un pacemaker. Parti du diable vauvert, le club suédois est de nouveau en course pour la qualification en Ligue des Champions.
Les minutes qui suivent poussent les supporters des deux équipes au bord de la crise d’apoplexie. Dans une prolongation où tout se joue à un fil, Johan Dahlin, fébrile tout au long de la partie, retrouve ses esprits et sa grinta, écartant le danger à plusieurs reprises. Le coaching de Rydström, étonnant voire critiquable au cours du temps réglementaire, porte dorénavant ses fruits et le chef-lieu du comté de Scanie (au sud-ouest de la Suède) profite de la fraîcheur de ses remplaçants pour souffler.
Dans un mélange de silence et de sifflets, l’arbitre italien met fin à cette partie et Malmö, aux tripes, arrache sa qualification pour les barrages de Ligue des Champions. Ils y retrouveront le Sparta Prague d’un certain… Veljko Birmančević, héroïque avec ce même Malmö FF lors de sa dernière campagne de Ligue des Champions, en 2022.
PAOK 3-4 prl. Malmö FF
Arbitre : Marco Di Bello (Italie).
Buts : 10e | 0-1 : Nanasi (Jansson) ; 21e | 1-1 : Taison ; 43e | 2-1 : Koulierakis ; 45e | 2-2 : Nanasi (Rieks) ; 45e+3 | 3-2 : Živković (Baba). 90e+6 | 3-3 : Zätterström ; 99e | 3-4 : Christiansen (Zätterström).
Avertis : Sastre (37e), Baba (65e), Murg (100e), Koulierakis (120e) // Berg Johnsen (62e), Kiese Thelin (90e+4), Jansson (90e+4).
Compositions :
Malmö : Dahlin (C) | Busanello, Zätterström, Jansson, Stryger-Larsen | Nanasi, Peña, Berg Johnsen, Rieks | Kiese-Thelin, Botheim.
Remplaçants : Friedrich (G), Remplaçants : Friedrich (G), Persson (G), Olsson (114e), Makolli, Rösler (114e), Rosengren, Christiansen (79e), Jörgensen, Ali (87e), Berg (106e), Bolin (59e), Hakšabanović.
PAOK : Kotarski | Sastre, Kędziora, Koulierakis, Baba | Camara , Ozdoev | Živković (C), Konstantelias, Taison | Thomas.
Remplaçants : Tsiftsis (G), Talichmanidis, Michailidis, Thymianis, Schwab (73e), Tsingaras, Vieirinha (86e), Despodov (72e), Murg (49e), Tissoudali (10e), Chalov (73e).
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