Opposé ce soir à Chelsea, le plus grand club suédois, Malmö, avec ses 20 titres de champion au pays, aura fort à faire pour ce 16e de finale d’Europa League face à l’un des favoris. L’un des pires tirages possible opposant le club aux plus grandes finances de la compétition aux plus petites.
Mais cette grande opposition va permettre aux supporters du club de la Scanie, de vivre de nouveau une grande affiche européenne face au Chelsea de Sarri à guichets fermés où toutes les plus belles soirées et exploits en semaine vécues par les supporters ont été réalisées sous des entraîneurs étrangers.
D’abord avec l’Espagnol Antonio Duran puis avec les Anglais Bob Houghton et Roy Hodgson et désormais à l’Allemand Uwe Rosler de refaire vibrer les fans des Di blåe (bleu en français). Retour sur les plus beaux moments en Coupe d’Europe de Malmö et présentation de son opposition ce soir face à Chelsea :
Antonio Duran (1964-1971) : le précurseur
Marquer un club à jamais, cela ne tient parfois à rien, et pour Antonio et sa relation particulière avec la Suède à Malmö cela a été le cas. On peut remercier le joueur suédois Henry Carlsson, son ami et coéquipier à l’Atlético Madrid et la nounou de ses enfants dont l’espagnol est tombé éperdument amoureux. Avec qui il part vivre au pays des trois couronnes à la fin de sa carrière de joueur.
Après avoir entraîné dans des petits clubs suédois, le club de Malmö décide de lui faire confiance et ils ne le regretteront pas en le faisant premier entraîneur professionnel de Suède. Alors que le club du sud de la Suède n’avait plus gagné le championnat depuis plus de 10 ans, Antonio Duran et sa tactique en 4-2-4 rétablira cela, inspiré d’Helenio Herrera, français de naturalisation et un des plus grands entraîneurs du XXe siècle, qu’il a connu comme coach en tant que joueur à l’Atlético. 4 titres de champions
(1964, 66, 70 et 71) et une coupe au compteur, devenant le premier entraîneur espagnol à remporter un championnat étranger.
Mais surtout il aura amené pour la première fois Malmö en Coupe d’Europe qui aura enfin pu se frotter au gratin Européen. Il n’aura pas pu passer un tour tombant face aux Bulgares du Lokomotiv Sofia (5-8), comme un symbole face à l’Atlético Madrid (1-5) et enfin en 68-69 face au grand Milan (3-5) qui remportera d’ailleurs la compétition. Mais le match aller à domicile, constituera le premier gros exploit européen du club une victoire 2-1 face aux Rossoneri.
Duran est décédé à l’âge de 84 ans en 2009, le public lui aura rendu un bel hommage, à l’image de ce que l’espagnol de naissance et suédois de cœur aura apporté au club de Malmö tant au niveau national qu’au niveau continental avec les prémices d’un travail qui serviront à ses successeurs. Jetant les bases de ce grand Malmö entre discipline et professionnalisme.
Bob Houghton (1974-1980) et Roy Hodgson (1985-1989), les Anglais inspirateurs du football suédois et de Malmö d’aujourd’hui
C’est en misant anglais que Malmö va grandir. D’abord sous Bob Houghton qui amènera le fameux 4-4-2 devenu monnaie courante en Suède que ça soit en sélection ou dans de nombreux clubs suédois dont toujours Malmö. Avec cette tactique, il amènera Malmö à une finale historique lors de la Ligue des Champions 1978/1979. Monaco, le Dynamo Kiev, Cracovie Wisla puis l’Austria Vienne furent les victimes de la tactique révolutionnaire de l’anglais et cela qu’avec des joueurs de la Scanie, la région de Malmö, à l’image de ce que fait l’Athletic avec les Basques qui renforce encore plus l’exploit que c’était.
Malheureusement, Houghton et ses joueurs n’iront pas au bout de l’exploit en s’inclinant contre les Anglais de Nottingham Forest sur le plus petit des scores. Houghton aurait alors pu devenir le plus jeune entraîneur à remporter la Coupe d’Europe à seulement 31 ans.
Fort du succès sous Houghton, Malmö rebrillera en Europe grâce à un nouvel anglais bien connu du nom de Roy Hodgson aujourd’hui à Crystal Palace. Toujours en 4-4-2 qui entraînera 5 titres consécutifs en championnat, un record en Suède, puis le bon parcours en Ligue des Champions en se vengeant d’une équipe italienne. Cela sera en 1989 face à l’Inter avec une victoire 1-0 à domicile puis le nul 1-1 au retour, entraînant la qualification l’époque des Patrick Andersson ou encore Martin Dahlin.
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Après le passage des deux Anglais, Malmö ne réalisera plus de grand exploit en Coupe d’Europe, pire encore de 1991 à 2005 ils ne participeront pas à la C1. Malgré la présence en phase de groupe en 2014-2015 et 2015-2016 se soldant par des débâcles terminant dernier et avec seulement 3 points, c’est en Europa League en C3, que Malmö à occasion de refaire vivre aux fans une belle soirée européenne et de nouveau avec un entraîneur étranger : Uwe Rösler.
Malmö – Chelsea : David contre Goliath niveau finance, sur le terrain aussi ?
Les temps ont changé, la différence entre le niveau et finance des grands clubs et Malmö se sont creusées. Les exploits se font moins rares, mais cela ne fait pas peur à l’allemand d’origine Uwe Rösler grand joueur de Manchester City où il a vaincu une tumeur de la taille d’une balle de tennis qui l’avait presque tué à la fin de sa carrière de joueur à 34 ans lorsqu’il évoluait en Norvège à Lillestrom. Après 18 mois de bataille avec quatre traitements de chimiothérapie, Uwe a vaincu la maladie. Lui qui avait passé ses diplômes d’entraineurs durant sa convalescence, pense qu’à une chose football et transmettre en entraînant.
D’abord en Norvège (Lillestrom, Viking, Molde) puis en Angleterre (Brentford, Wigan, Leeds et Fleetwood) avant de retrouver un banc en Suède à Malmö en juin 2018. Les résultats sont immédiats sa philosophie passe directement avec les joueurs et il fera passer le club de de la onzième place à la troisième place tout en faisant le bon parcours en Europa Ligue, en se qualifiant avec une seule défaite en six matchs de poules en éliminant notamment le Besiktas.
Une équipe solide donc évoluant avec le traditionnel 4-4-2 qui en plus n’a perdu aucun joueur lors de la longue trêve mais qui aura le désavantage d’être en trêve en championnat depuis mi-novembre et n’avoir depuis 2019 joué que des matchs amicaux. Mais Uwe les a parfaitement préparés à l’opposition avec un stage très physique du côté de Marbella en Espagne. Du côté de l’opposition cela va moins bien Sarri est sur la sellette après deux lourdes défaites à l’extérieur 4-0 à Bournemouth et 6-0 face à Man. City et une décevante 6e place en championnat.
Pourtant, Chelsea n’a sur le papier pas d’inquiétude à se faire pour son match d’Europa League ce soir en tout cas si on regarde au niveau des finances. Les revenus de Malmo sont d’environ 18 millions de livres sterling par an (20M€), plus que n’importe quel club en Suède mais loin derrière les Blues, avec 448 millions de livres sterling (510M€) et au niveau salaire 11M€ pour Malmö contre 278M€ pour Chelsea comme mis sur les données en dessous :
Uwe Rösler avec ses moyens tentera de refaire briller Malmö sur la scène européenne ainsi que la Suède au niveau continental en créant de nouveau un exploit comme ses prédécesseurs décrits plus haut ont pu le faire. Avec l’aide du public à domicile dans le stade du Swedbank Stadion qui sera comble pour l’événement avec plus de 20 000 personnes tout est possible. Car même si les exploits se font de plus en plus rares l’argent n’achète pas tout et Malmö tentera de le démontrer comme a su le faire l’an passé l’autre club du pays Östersund.
Car oui ce n’est pas Zlatan Ibrahimovic qui a placé la Suède sur la carte du monde niveau football. La sélection dans les années 50 et 90, et Malmö en Ligue des Champions et l’IFK Göteborg en Coupe de l’UEFA l’ont très bien fait par le passé. À Malmö dès ce soir de montrer que cela est toujours possible même face à un monstre financier et sportif comme Chelsea.
« Nous avons regardé le match de Bournemouth [qui a fait perdre 4-0 Chelsea], qui joue dans un style similaire à nous. J’ai vu des domaines où nous pouvons leur causer des problèmes. L’état d’esprit de demain est «pas de respect». Nous devons jouer et être agressif avec et sans le ballon. Nous avons un plan. » – Uwe Rösler en prévision de la rencontre.