Laugardalsvöllur me voilà ! Le stade national accueille la finale de la « grande » coupe (il y a aussi une coupe de la Ligue en début de saison), et je suis de la partie. L’affiche oppose ÍBV au FH. L’équipe d’Hafnarfjörður, double championne d’Islande en titre et toujours en course pour sa propre succession, encore engagée en Europa League, part assez largement favorite face au club phare des Îles Vestmann. Actuellement relégable en championnat, ce dernier vit une saison difficile et va devoir lutter pour sauver sa place parmi l’élite du football islandais. Mais ne dit-on pas que sur un match tout est possible ? Cet adage est encore plus vrai en Islande ! Motivation supplémentaire pour les deux formations, un strapontin européen pour la saison prochaine est également promis au vainqueur. Alors qui va remporter cette cinquante-septième édition de la coupe d’Islande ?
Un peu d’histoire
La coupe d’Islande est créée en 1960 et, jusqu’en 1972, la finale se dispute au Mellavöllur, l’ancien stade national. Cette année là, c’est d’ailleurs ÍBV qui s’impose… contre le FH ! Jusqu’à aujourd’hui, c’est la seule fois où les deux équipes se sont affrontées à ce stade de la compétition. Le FH dispute sa sixième finale et espère l’emporter pour la troisième fois après ses récentes victoires en 2007 et 2010. ÍBV parvient à ce niveau pour la douzième fois mais n’a remporté la coupe qu’à quatre reprises, sa dernière victoire remontant même à 1998 ! Il s’est déjà incliné la saison passée face au vainqueur des deux dernières éditions, Valur. Mais c’est un autre club de Reykjavik, le KR, qui détient le nombre de victoires (14) et de finales disputées (19). Il a même remporté sept des huit premières éditions jusqu’en 1968 où un club hors-capitale s’est imposé pour la première fois… et c’était ÍBV ! Nos deux candidats au titre ne sont donc pas des inconnus dans cette compétition et comptent bien entrer un peu plus dans la légende en inscrivant une nouvelle fois leur nom au palmarès.
Parcours des finalistes
La coupe d’Islande débute par deux tours préliminaires avant l’entrée en lice des clubs de Pepsi-deild pour les seizièmes de finale. Le moins que l’on puisse dire côté FH, c’est que la route vers la finale a été relativement dégagée, puisqu’il n’a affronté aucun club de première division ! Pourtant, après un premier match tranquille contre Sindri qui évolue en troisième division (6-1), il a fallu batailler ferme pour venir à bout de Selfoss (2-1) et Fylkir (1-0), deux équipes de deuxième division. Encore opposé à une équipe d’Inkasso-deildin en demi-finale, le Leiknir Reykjavik, il a même fallu attendre la dernière minute du match pour voir le magicien écossais Steven Lennon inscrire le but de la qualification (1-0). ÍBV a plus de mérite puisqu’après avoir battu une équipe de cinquième division (4-1 contre le KH), il a du éliminer Fjölnir (5-0), le Víkingur Reykjavik à l’extérieur (2-1) et surtout Stjarnan, encore à l’extérieur (2-1), après avoir été mené au score. Pas mal pour une équipe à la peine en championnat !
Ambiance d’avant match
J’arrive à proximité du stade après un trajet en bus de vingt-cinq minutes. Sous un grand ciel bleu, je longe le stade du Thróttur qui jouxte le Laugardalsvöllur. Il faut attendre d’arriver sur le parvis pour voir un peu de monde et après une fouille rapide (première fois que ça m’arrive dans un stade islandais), je m’installe directement en tribune sans passer par la case buvette. Comme les deux équipes jouent en blanc, il est difficile de distinguer qui soutient qui au premier abord. Les supporters du FH sont logiquement plus nombreux mais ce sont bien ceux d’ÍBV les plus bruyants ! J’aperçois même plusieurs guitaristes (!) qui assurent l’ambiance. Le stade a une capacité de 9800 places mais depuis les début des années 2010, la finale réunit 4500 spectateurs en moyenne. Pour attirer du monde, la fédération a misé sur un tarif unique : 2000 kr soit 16€, c’est le même prix que pour un match de championnat donc c’est correct. Je n’ai eu aucun problème pour acheter ma place en ligne la veille du match et je constate vite que le stade sera loin d’être rempli, seule la tribune principale est ouverte. Bien évidemment ce n’est pas celle qui est au soleil… C’est la première fois que je viens ici et, comme je m’y attendais, la piste d’athlétisme met une certaine distance entre le terrain et la tribune. Le placement est libre, je m’assois au premier rang. Place au match !
Sur le terrain
Les deux équipes terminent leur échauffement, les visages plus concentrés qu’à l’accoutumée démontrent tout de suite que l’enjeu est présent. Le protocole d’avant match est très officiel : présentation des joueurs, hymne national, photos souvenirs… Finalement le coup d’envoi est donné… avec quelques minutes de retard ! Très vite, le FH essaie de conserver le ballon mais ÍBV reste bien en place et, petit à petit, prend la mesure de son adversaire. Deux premières alertes sur le but de Gunnar Nielsen : un tir bien repoussé par le portier féringien du FH (6ème) et un raté de Jakobsen qui dévisse sa frappe seul face au but (28′). La troisième sera la bonne et c’est sur un mouvement d’école que ÍBV trouve la faille. Un ballon récupéré au milieu de terrain et vite envoyé vers Bartalsstovu qui déborde côté droit et adresse un centre parfait vers Gunnar Þorvaldsson. A 35 ans, ce dernier est toujours un redoutable finisseur et ne se fait pas prier pour donner un avantage mérité à son équipe (1-0, 37ème). Le FH n’arrive pas à réagir et est mené à la pause.
Changement de physionomie dés la reprise et le FH met enfin la pression sur le but de Derby Carrillo. Et de quelle manière ! Les occasions s’enchaînent, il faut soit de la maladresse des attaquants (51ème, 56ème), soit des sauvetages miraculeux sur la ligne de joueurs d’ÍBV (64ème, 83ème) pour éviter l’égalisation. Le gardien salvadorien réalise également une belle détente horizontale pour sortir une tête de Bergsveinn Ólafsson qui prenait le chemin du but (58ème). L’orage est passé, les joueurs du FH s’impatientent et se montrent de plus en plus imprécis à mesure que les minutes filent. La fin de partie est complètement décousue et ÍBV manque à plusieurs reprises de tuer le suspense et s’assurer la victoire sur des contres-attaques, la faute notamment à Nielsen qui réalise des miracles et permet à son équipe de continuer à y croire jusqu’aux derniers instants. Mais les efforts des joueurs d’Hafnarfjörður sont vains et c’est bien ÍBV qui s’impose (1-0) et remporte la cinquième coupe d’Islande de son histoire !
Remise de la Coupe
Le contraste est évidemment fort entre un banc qui explose de joie et un autre où tout le monde est sonné. Les vainqueurs peuvent communier avec leur public le temps d’installer le podium. Les perdants récupèrent d’abord leurs médailles ainsi qu’une récompense de 500 000 kr (soit environ 4000€…). Beaux joueurs, les supporters des ïles Vestmann scandent le nom de leur adversaire. Les supporters du FH, décevants sur l’ensemble du match, sont eux déjà partis… Les joueurs d’ÍBV se mettent en place et le capitaine Sindri Magnússon peut enfin brandir le trophée ! Les bouteilles d’eau gazeuse explosent (le champagne était sans doute hors budget), les joueurs sont heureux et partagent encore quelques moments avec leur public. Même si l’affluence s’est finalement révélé décevante (3095 spectateurs, la plus faible depuis 2004), les supporters d’ÍBV se sont montrés à la hauteur de l’événement. Leur club doit désormais assurer son maintien en Pepsideild avant de se projeter vers l’édition 2018/2019 d’Europa League pour laquelle il vient de se qualifier. C’est justement cette coupe d’Europe que le FH va retrouver cette semaine. Contre les expérimentés portugais de Braga, il faudra faire mieux pour devenir le premier club islandais à se qualifier dans les groupes d’une compétition européenne.