Si ce France – Suède de Ligue des Nations n’a plus beaucoup d’enjeu côté Bleus (cocorico !), il est en revanche une véritable finale à distance pour le maintien dans la poule A entre Suédois et Croates. À la clé, la possibilité de se frotter aux meilleurs deux années de plus, mais aussi un beau pactole dont le football du royaume aurait bien besoin.
Entre optimisme et frustration, difficile de choisir au lendemain de la victoire face à la Croatie. Sans doute les joueurs scandinaves ressentent-ils eux-mêmes un peu des deux. Optimisme, d’abord, car il faut dire qu’au soir du 11 novembre, l’hiver nordique s’annonçait encore plus sombre que d’ordinaire sur Stockholm. Au moment de quitter le Danemark après une nouvelle défaite, 2-0 en amical, les mines étaient grises. Janne Andersson, testé positif au coronavirus, avait dû renoncer le matin même aux trois rendez-vous programmés lors de ce rassemblement, laissant sa place sur le banc à son adjoint Peter Wettergren. Les prestations récentes, parfois plus joueuses mais moins solides, laissaient planer le doute, notamment sur une défense soumise à quelques critiques. L’équipe remaniée alignée face au voisin danois n’avait quant à elle donné que peu de satisfactions. Surtout, la Suède concédait là sa cinquième défaite lors des six dernières rencontres, son unique succès ayant été acquis face à la Russie en amical. Une statistique difficile à digérer, mais pas forcément illogique lorsqu’on rencontre le champion du monde, le vice-champion du monde, et le champion d’Europe en titre.
La victoire suédoise de samedi face à la Croatie a donc été rassurante à plus d’un titre. Non seulement elle a permis aux Blågult de glaner leurs trois premiers points dans cette Ligue des Nations, mais en plus elle a été obtenue de façon très convaincante ! De retour dans le onze de départ, les cadres tels que Sebastian Larsson, Mikael Lustig ou encore Emil Forsberg ont répondu présent. Une passe décisive pour les deux premiers, une emprise technique et une complicité prometteuse avec Dejan Kulusevski pour le joueur de Leipzig, revenu depuis quelques temps à un très bon niveau. Kulusevski a lui inscrit son premier but en sélection et a convaincu dans un rôle inhabituel d’attaquant axial aux côtés du vétéran Marcus Berg. Une performance qui a fait dire à Daniel Kristoffersson du journal Expressen que le joueur de la Juve était « la meilleure chose qui soit arrivée au football suédois depuis longtemps ». Autre joueur à avoir marqué des points, Marcus Danielson (31 ans). Le défenseur central du Dalian Pro, en Super League chinoise, avait déjà surnagé face au Danemark. Samedi, il a été l’un des hommes du match et a semblé sur un nuage durant 80 minutes. Solide et buteur de la tête pour le 2-0 juste avant la mi-temps, il a cependant vu sa soirée prendre une autre tournure à la 82ème minute, lorsqu’une tête de Perisic dans les six mètres est venue rebondir sur son épaule, prenant Robin Olsen à contrepied. Une réduction du score malchanceuse qui change beaucoup de choses dans ce groupe de Ligue des Nations. C’est là qu’arrive la frustration.
Avec une défaite 2-1 en Croatie, puis cette victoire sur le même score à Stockholm, les Blågult sont à égalité de points, de goal-average particulier ET de goal-average général avec les vice-champions du monde. Mais avec seulement 3 buts marqués contre 7 pour les Croates, ils se voient dans l’obligation de faire mieux que la bande à Modric (qui reçoit le Portugal) lors de la dernière journée. Une position difficile à l’heure d’affronter les Bleus à Paris. D’autant que le maintien en division A ne serait pas seulement une bonne nouvelle d’un point de vue sportif. Sport Bladet nous apprend en effet qu’une équipe de poule A touche environ 2 250 000 € pour sa participation, quand une équipe de poule B ne se voit offrir « que » 1 500 000 €. Pas grand-chose me direz-vous pour certains. Sauf que le covid est passé par là. Les clubs du pays souffrent, le huis-clos sur les matchs internationaux a déjà fait perdre quelques 3 millions d’euros, et la fédération suédoise est loin d’avoir la puissance financière d’une FFF par exemple. Le journal ajoute logiquement qu’en considérant un retour des supporters dans les stades, des équipes de ligue B apporteraient bien moins de revenus billetterie que des cadors de ligue A à l’avenir. Voilà donc quelques raisons supplémentaires de regretter les occasions de 3-0 manquées face à la Croatie, lorsque les Suédois avaient le match en main.
Pas question, pourtant, de ressasser le passé. C’est une équipe affamée à la confiance retrouvée qui va se présenter au Stade de France avec la ferme intention de remplir sa part du contrat en s’imposant. Pour cela, il faudra faire sans Albin Ekdal, suspendu. Si Andersson et Wettergren souhaitent reconduire Kulusevski en attaque, une possibilité serait de recentrer Sebastian Larsson aux côtés de Kristoffer Olsson dans le milieu du 4-4-2 et d’aligner Viktor Claesson sur l’aile droite. Celui-ci avoue en revanche lui-même qu’il n’a pas quatre-vingt-dix minutes dans les jambes suite à ses longues blessures passées. Kulusevski pourrait également reprendre son couloir et faire de la place à Quaison ou Isak devant. Enfin, Gustav Svensson, expérimenté mais peu convaincant lors de ses dernières sorties, ou Mattias Svanberg, encore jeune au niveau international, seraient tout de même des alternatives poste pour poste crédibles à l’absence du joueur de la Sampdoria. Jens Cajuste, talentueux mais appelé pour la première fois, ne devrait pas entrer dans la discussion.
Quelle que soit la composition alignée par ses sélectionneurs, la Suède sera en tout cas déterminée à garder sa place dans l’élite. Et comptera sur le Portugal pour lui filer la banane, à Split.
Photo titre : compte twitter SvFF