Albert Makiadi lors de sa formation aux Girondins de Bordeaux a longtemps eu le statut de grand espoir après avoir remporté la Coupe Gambardella 2013 à 15 ans en ayant 4 ans de moins que ses adversaires et en ayant évolué avec les U16 français. Finalement à cause de blessures et faute de performances comme il le dit, il n’a pas pu s’imposer en professionnel en France.
Il s’épanouit désormais comme footballeur du côté de la Norvège en ayant trouvé de la stabilité au niveau sportif où il évolue depuis 3 ans en D3 norvégienne à Kvik Halden et au niveau personnel. Lors d’un échange, nous avons pu revenir avec lui sur son parcours, sa nouvelle vie en Norvège, ses performances là-bas et ambitions :
Tout d’abord peux-tu revenir sur ton parcours de formation en France notamment aux Girondins de Bordeaux ?
J’ai commencé le football à 5 ans où je jouais dans un petit club à Bordeaux, le RC Chambéry, jusqu’à mes 12 ans. J’habitais à 10 minutes du stade. Et à mes 13 ans, je suis rentré aux Girondins de Bordeaux. On était dans la même poule qu’eux, j’étais bon quand on jouait face à eux donc ils m’ont contacté pour m’entrainer et disputer 2-3 tournois sous leur maillot.
Après ça, j’ai rejoint le club et j’ai fait un an en U13 puis je suis rentré directement en pré-formation en U15. Et après un an de pré-formation, j’ai intégré le centre de formation. J’y ai passé de belles années, avec notamment la victoire en Coupe Gambardella en 2013 et deux saisons avec la réserve.
Qu’est-ce qui t’a manqué selon toi pour avoir ta chance en professionnel avec le club malgré un grand potentiel montré en sélection U16 et en Gambardella puis avec la réserve ?
J’y ai pensé à évoluer en professionnel, mais j’étais assez jeune. C’était un objectif mais je voulais d’abord penser à continuer ma formation. J’ai quand même eu l’opportunité de faire quelques entrainements avec les professionnels.
Pour ce qui m’a manqué, je dirais plein de choses. J’ai eu des blessures et je n’ai pas été bon. De toute façon, d’un côté s’ils ne m’ont pas pris, c’est qu’ils pensaient que je n’étais pas assez bon et que je n’avais pas les qualités requises pour être avec les professionnels.
Il y avait eu des intérêts de clubs allemands Hambourg et Stuttgart selon plusieurs médias, comment on gère ce genre d’approches quand on est mineur avec ses proches ? Regrettes-tu de ne pas avoir tenté ta chance là-bas ?
Non, je ne regrette pas. À cette époque-là, quand il y avait des clubs intéressés je disais ok c’est bien, mais je ne pensais pas une seconde à partir des Girondins de Bordeaux. Je viens de Bordeaux, j’habitais à Bordeaux et pour moi rester proche de ma famille c’était important.
Après c’est facile 5-6 ans après, de dire que ça aurait été mieux si j’étais parti. Sur le moment, je ne pensais pas du tout à partir. Donc aucun regret.
Tu rebondis ensuite à Ajaccio avec la réserve, comment s’est passé cette année là-bas ?
J’ai fait un an à Ajaccio en CFA2. C’était une bonne expérience. J’ai eu l’opportunité de faire mon premier match en professionnel en Coupe de France et une entrée en Ligue 2. J’en garde une bonne expérience mais après le club et moi on n’a pas trouvé un bon terrain d’entente.
Ils m’avaient promis des choses avant de venir et ils n’ont pas tenu leur parole quand j’étais au club par rapport au positionnement sur le terrain. Au début, j’étais attaquant et ailier gauche et j’ai été replacé latéral gauche.
Et puis ensuite la Norvège en D3 à Kvik Halden après quelques mois sans club, comment s’est passé cette période ? As-tu pensé à tout arrêter ? Et comment s’est présentée cette opportunité ?
Non je n’ai pas du tout pensé à arrêter. Mon contrat à Ajaccio s’est terminé en juin et je cherchais un club mais je n’en trouvais pas. J’ai eu une opportunité en septembre de venir m’entrainer avec le club norvégien de Fram Larvik, j’ai fait de bons entrainements et ils m’ont fait signer. Mais le temps que je signe le contrat, que ça envoie à la fédération française et en Norvège, les papiers sont arrivés trop tard. Je ne pouvais que jouer à partir de janvier. Moi je leur ai dit que j’étais venu pour jouer maintenant et non pas pour attendre 3-4 mois avant de jouer.
Donc j’ai préféré rentrer en France que rester ici juste pour m’entrainer. Je suis rentré en France et en janvier, j’ai eu une nouvelle opportunité en Norvège pour m’entrainer à Kvik Halden à l’essai. Et après quelques bons entrainements et matchs j’ai signé mon contrat.
Tu y es depuis maintenant 3 ans, comment ça se passe au sein du club individuellement et collectivement ?
Cela se passe bien, on a fait une bonne première saison où on avait fini 2nd mais loupé la montée en barrage. J’étais dans l’équipe type de la saison avec 3 buts et 14 passes décisives. La 2nde saison, malheureusement, je n’ai pas pu jouer de l’année. J’ai eu une blessure au tendon d’Achille et j’ai dû me faire opérer. De ma blessure jusqu’à mon premier match amical, il s’est passé 15 mois.
Cette année, j’ai joué beaucoup de positions différentes. Latéral gauche, milieu gauche, milieu droit à 4 et 5 défenseurs aussi. J’en suis actuellement à 8 buts et 4 passes décisives. Pour un retour de blessure, c’est une bonne année je trouve.
Tu as rencontré ta copine en Norvège et ton fils y es né, comment ça se passe ta vie au quotidien à Halden ?
C’est plutôt simple. Le matin, je dépose mon enfant à la crèche puis je vais à la salle de sport m’entrainait. Puis l’après-midi, je rentre, je mange et après je vais à l’entrainement le soir. Où j’habite à Halden, c’est assez petit et calme donc c’est tranquille. Je suis à 10-15 minutes de la frontière suédoise.
Tu es en fin de contrat à la fin de l’année, avec tes bonnes prestations, as-tu eu ou espères-tu des intérêts de clubs de D2/D1 pour rester en Norvège ? Ou tu es aussi ouvert à d’autres championnats ?
Je ne suis pas fermé, je suis ouvert à toutes propositions. Si j’ai une proposition en dehors de la Norvège, je verrais bien sûr car j’ai un enfant et une copine. Mais je serais très content si un club de D1 ou D2 norvégienne m’approchait.
Je pense que je peux jouer au-dessus, après ce n’est pas moi qui décide. Il y a le football et aussi ce qu’il y autour qui est important.
Tu as des origines en Angola, as-tu déjà eu des contacts avec la fédération et/ou le sélectionneur grâce à tes bonnes performances en Norvège ?
Non je n’ai jamais eu de contact pour l’instant. Mais bien sûr ça serait un honneur. Je ne me focalise pas dessus après, il faut que je continue. Si ça devait m’arriver bien sûr je serais flatté et honoré.
Quelles sont tes qualités et axes d’amélioration en tant que joueur de côté gauche ?
Je suis un joueur avec un bon pied gauche, technique avec le ballon, bon sur les coups de pied arrêtés et bon centreur. Au niveau de mes défauts, je dirais mon jeu de tête ça c’est sûr haha. Et défensivement, je peux faire mieux. Je ne suis pas mauvais, je m’améliore chaque jour, mais on peut toujours faire mieux.
Et pour finir, quels conseils donnerais-tu de ton expérience à des joueurs qui ne seraient pas conservés par leur club formateur et sur l’opportunité de pouvoir se relancer à l’étranger ?
Le conseil que je donnerais c’est de surtout travailler. Ne pas penser que parce qu’on vient de France qu’en Norvège par exemple ça sera facile. Il y a vraiment de bons joueurs, il faut surtout être sérieux et travailler et avoir un objectif et s’y tenir.
Un grand merci à Albert Makiadi pour cet échange ainsi que sa disponibilité et sympathie. Nous lui souhaitons le meilleur pour la suite de sa carrière qu’on espère en Norvège ! Vous pourrez le suivre sur son compte Instagram.
Parcours :
RC Chambéry de 09/2003 à 06/2009
FC Girondins de Bordeaux de 07/2009 à 07/2017
AC Ajaccio de 07/2018 à 01/2019
Kvik Halden FK (Norvège) de 02/2019 – …
9 sélections France U16 – 1 but