Être footballeur professionnel et gardien, c’est une affaire de famille chez les Mandanda. Une fratrie de 4 frères gardiens dans le monde professionnel assez rare et incroyable dont fait partie Riffi Mandanda, 3e de la fratrie qui a rebondi depuis septembre dernier en D2 Norvégienne à Kongsvinger.

Nous avons pu échanger avec lui sur son intégration au pays des Fjords et revenir sur son parcours jusqu’à aujourd’hui à un poste difficile, encore plus quand on porte le nom de famille Mandanda où il s’en suit de grandes attentes :

Bonjour Riffi Mandanda, peux-tu nous présenter ton parcours de footballeur en France ?

J’ai un peu bourlingué en France. J’ai commencé à Caen au centre de formation où j’ai signé professionnel très tôt à l’âge de 17 ans. J’ai été prêté dans la foulé à 18 ans à Tarbes, ensuite l’année d’après au Poiré-sur-Vie, ensuite Compiègne puis Uzès. Je suis ensuite rentré à Caen où je n’ai pas joué et derrière j’ai signé 3 ans à Ajaccio. Cela s’est bien passé pendant 2 ans mais après ils ont décidé de prendre Jean Louis Leca, donc je suis passé numéro 2 pendant un an.

Et derrière il y a eu le projet Boulogne-sur-Mer, qui voulait monter en Ligue 2 et qui avait une équipe intéressante, donc j’ai décidé d’accepter le challenge. On finit 6e la première saison et on fait une saison correcte. Et ensuite la deuxième saison où je commence bien la saison, je me blesse et je me suis rendu compte que le championnat National ce n’était pas ce que je voulais. Pour moi les ambitions du club n’étaient plus les mêmes. Donc j’ai décidé de quitter le club au mois de janvier. Je n’avais pas de club pendant un mois, mais ensuite Rennes m’a appelé en fin de mercato pour faire le rôle de numéro 3. Ce que j’ai accepté.

J’avais signé 6 mois, malheureusement le COVID m’a freiné au bout d’un mois et demi. Le président est parti et un nouveau est arrivé avec un nouveau directeur sportif. Eux qui ont décidé de repartir avec les 3 gardiens qu’ils avaient Pépé Bonet, Edouard Mendy (ndlr : ensuite remplacé par Alfred Gomis) et Romain Salin. Ils ont décidé de repartir à 3 donc j’ai été à la recherche d’autre chose. J’ai attendu longuement, j’ai notamment discuté avec quelques clubs de L2 qui n’ont pas abouti.

Tu es passé en jeune par Évreux, un excellent club formateur d’où viennent notamment Ousmane Dembele, Dayot Upamecano, ton grand frère Steve, … Que t’as apporté ce club et notamment les éducateurs pour le joueur et l’homme que tu es aujourd’hui ?

Évreux c’est vraiment un club familial. Déjà la ville c’est familial alors le club tout le monde se connaissait. Il y avait vraiment de très bons coachs et un très bon formateur des gardiens qui est Philippe Leclerc. Franchement c’est vraiment un bon club pour les jeunes de la région et même au niveau des infrastructures c’est vraiment au top niveau.

Tu fais partie d’une belle fratrie de gardien professionnel avec tes ainés Steve et Parfait et Over Mandanda le dernier. Était-ce une évidence pour toi de vouloir devenir footballeur professionnel et d’évoluer également comme gardien de but ?

Une évidence non, car chez nous c’est un peu encré en nous, après c’est peut être une évidence car pour nous c’était normal, il fallait commencer dans un club professionnel. Steve était parti au Havre, Parfait à Caen, moi derrière aussi et Over aux Girondins de Bordeaux.

Vous avez pu vous entraider tous ensemble en vous poussant vers le haut et vous continuez à le faire maintenant que vous êtes tous éloignés ?

Oui chaque vacance on à l’occasion de se retrouver, c’est rare qu’on soit tous les 4 ensemble, mais on est souvent 2 voire 3. Donc on en profite aussi pour faire quelques exercices physiquement ensemble et s’entrainer.

Du côté de la sélection des Léopards, tu as pu disputer avec les Espoirs le Tournoi de Toulon puis tu avais été convoqué en A mais cela ne s’est finalement pas fait, quels en sont les raisons ? Et maintenant que tu retrouves du temps de jeu, ton objectif affiché serait de pouvoir être du groupe lors des qualifications à la prochaine CAN ?

Pour vous dire la vérité, pourquoi cela s’est passé, aujourd’hui je ne sais même pas la vraie vérité. D’après eux cela serait administratif. Aujourd’hui de tous les gardiens sélectionnables, je suis le seul qui joue. Il y a eu des sélections où je n’ai pas été retenu et je ne sais pas pourquoi. Donc voilà je prends mon mal en patience.

Je suis en relation avec le coach adjoint qui est Christopher Oualembo, avec qui mon frère a joué et que je connais un peu. Il m’appelle de temps en temps pour savoir comment je vais, comment ça va dans mon club. Mais pour l’instant rien de plus. Je répondrais toujours présent, mais il ne faut pas trop que ça dure, car au bout d’un moment on fatigue. On est présent, on fait en sorte de jouer et ça ne vient jamais.

Dans le monde du football professionnel et encore plus en tant que gardien, ce n’est pas toujours facile de trouver des projets avec du temps de jeu et de s’y faire sa place, tu as pu connaître cela en début de carrière ou encore à Rennes. Comment as-tu fait pour garder le mental pour rebondir ?

Pour moi je pense que c’est en moi, je suis quelqu’un qui a beaucoup de mental. Après c’est le football ça en fait partie, il ne faut pas lâcher, il faut continuer et en travaillant ça finit par arriver. Mais c’est vrai que j’ai traversé des situations compliquées en passant notamment par Uzès où on n’avait pas de salaire pendant presque 6 mois. C’est vrai que j’ai traversé pas mal de péripéties, mais bon il ne faut pas lâcher.

En t’engageant en septembre à Kongsvinger tu connais ta première expérience à l’étranger, comment cela s’est fait ?

La Norvège je connaissais car j’étais déjà venu il y a quelques années à Molde en essai, un club que j’avais apprécié. Il y a eu cette possibilité de Kongsvinger. Je me suis dit qu’il reste que 15 matchs, pour jouer c’est pas mal. Cela faisait longtemps que je n’avais pas joué. Je me suis dit pourquoi pas me relancer là-bas, sachant qu’Ali Ahamada est passé par Kongsvinger et se relance à Brann. Et le courant est bien passé avec le directeur sportif, donc j’ai décidé d’accepter. Donc voilà je suis là et je prends les matchs qu’on me donne.

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Comment se passe ton intégration à Kongsvinger, une petite ville de Norvège, où tu as notamment dû partir tout seul ?

Franchement débuts très compliqués, c’est quand même une autre philosophie de jeu. C’est un jeu assez ouvert, où le gardien doit jouer très très haut. Il y a la langue aussi, je suis dans un club où il y a pratiquement que des norvégiens. Les joueurs savent parler anglais, mais par réflexe ils parlent norvégien. Donc au début c’était très très compliqué, j’ai passé le premier mois franchement dans le dur et dans le mal où je ne comprenais pas.

Cela fait 3-4 semaines que cela va de mieux en mieux, on gagné le week-end dernier et on reste sur 3 matchs nuls et une victoire. Je me sens beaucoup mieux qu’à mon arrivée. Cela faisait quand même 10 mois que je n’avais pas joué, on peut dire que le football c’est comme le vélo mais bon. Je m’entretenais physiquement, mais je ne faisais pas de ballon et c’est le plus important. Et je suis arrivé et j’ai joué au bout de 3 séances d’entrainement. Après tant mieux car cela m’a permis d’être dans le dur direct et de connaitre le football norvégien de suite. Je fais le maximum pour rebondir.

Mais franchement ce qui m’a surpris le plus c’est l’accueil. Je suis arrivé un peu sur la pointe des pieds en me disant comment on va me regarder, me parler. Mais en fait j’ai été très bien accueilli que ça soit au club où à l’extérieur. Franchement surpris tout le monde dit bonjour, respectueux, pays très carré. Je suis très surpris de la mentalité norvégienne. Après le froid je vais devoir m’adapter je pense ça va faire 2 semaines là qu’il fait froid. Après en temps normal ils finissent début novembre donc franchement si c’est ça, ça ne me dérange pas au mois d’octobre/novembre il fait encore doux. Si je n’ai pas le droit au grand froid ça me va aha.

Quels sont selon toi tes points forts et tes axes d’amélioration ?

Je suis quelqu’un qui est assez bon sur sa ligne et qui s’engage beaucoup dans le duel aérien. J’ai quand même pas mal de boulot, ça fait 2-3 matchs que j’ai quand même moins de boulot mais ce que j’ai à faire ça va je le fais bien.

Tu as connu des débuts difficiles au club au niveau des résultats malgré tes nombreux arrêts. Mais vous restez sur deux nuls avec un seul but encaissé, il reste 7 journées pour assurer le maintien, comment vois-tu la fin de saison ?

C’est faisable, les dernières lignes droites sont vraiment importantes et les joueurs le savent aussi. Aujourd’hui on s’est mis dans le mental où voilà faut surtout éviter de perdre et prendre les points qu’il y a à prendre. Et on a réussi à prendre 3 points le week-end dernier donc c’est parfait. Après je pense que dans ce championnat, chaque équipe peut battre tout le monde donc voilà c’est un peu compliqué.

Classement actuel pour la bataille pour le maintien en D2 norvégienne après 23 journées sur 30. Crédit photo : Soccerway

Enfin, que peux ton te souhaiter pour la suite ? Si tu devais passer un message à de jeunes gardiens en centre de formation, quel serait-il ?

Ce qu’on peut me souhaiter pour la suite c’est de rebondir, rebondir au long terme parce que c’est vrai que j’ai enchaîné les clubs depuis un moment et ça devient fatigant. Cela devient fatigant de déménager, de s’adapter car mentalement ce n’est pas facile.

Et pour les jeunes ne jamais lâcher, puisque juste lâcher une saison ça peut nuire à toute une carrière. Toujours rester positif et surtout avoir la confiance, puisque je pense que la confiance c’est 90% du football.


Un grand merci à Riffi Mandanda pour cet échange pour mieux le découvrir et en apprendre plus sur son intégration en Norvège à Kongsvinger. On lui souhaite d’arriver à se maintenir avec son club et de pouvoir rebondir.

Vous pourrez le suivre sur son compte Instagram.

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