C’est dans la peau d’un quart-de-finaliste de la dernière Coupe du Monde mais finalement sans Zlatan, que la Suède se présente à cet Euro. Si Janne Andersson ne devrait pas révolutionner le jeu de son équipe, celle-ci pourrait encore une fois réaliser un beau parcours grâce au talent apporté par sa nouvelle génération. À conditions toutefois, que la malchance la laisse tranquille…
Parcours :
La Suède aborde le tournoi sur une spirale positive de cinq victoires et un seul but encaissé en 2021. Avec la Géorgie, le Kosovo, l’Estonie, la Finlande et l’Arménie en victimes, elle n’a certes pas accroché de gros poisson à son tableau de chasse, mais la confiance est bien là. Reversés dans le groupe E avec également la Slovaquie et la Pologne, les Suédois entrent dans le vif du sujet dès ce soir, en ouvrant le bal face à l’Espagne. Deux équipes qui ne se quittent plus, puisqu’elles étaient dans la même poule lors des qualifications et se retrouveront pour les éliminatoires de la Coupe du Monde au Qatar. Lors de leurs dernières confrontations, les Blågult avaient su poser des problèmes aux Espagnols. Ils s’étaient inclinés 3-0 à Madrid en juin 2019, mais avec trois buts – dont deux pénaltys – encaissés dans la dernière demi-heure. Au match retour en octobre de la même année, les hommes de Janne Andersson avaient ouvert le score à la 50e, avant de concéder l’égalisation dans les arrêts de jeu. Des motifs d’espoir et de revanche dont une bonne partie du collectif, déjà présente, se souviendra assurément. Et pour faire tomber l’ogre espagnol, quoi de mieux que le come back d’une légende ?
Toute la Suède y a cru ! Lorsque Zlatan annonce dans un style bien à lui « Le retour du Dieu » sur ses réseaux sociaux le 18 mars dernier, les supporters du royaume s’imaginent déjà avec leur superstar, retraitée internationale depuis 2016, à la pointe de la sélection pour l’Euro. Les deux matchs qu’il dispute quelques jours plus tard face à la Géorgie et au Kosovo sont plutôt convaincants. Sa forme exceptionnelle pour un quasi-quadragénaire et sa possible présence aux côtés des jeunes pousses font saliver et espérer. Mais patatras ! Le 9 mai, à la 65e minute d’un choc Juventus – Milan AC, « Ibra » s’assoit sur la pelouse turinoise en se tenant le genou, après un mauvais appui. Les images, ainsi que sa mine déconfite ne laissent rien présager de bon. Si le plus grave est évité, ses ligaments croisés ne s’étant pas rompus, ils n’en demeurent pas moins touchés. Quelques jours plus tard, le verdict tombe : la Suède devra faire sans le meilleur buteur de son histoire (62 réalisations) au Championnat d’Europe. Le coup est dur pour Janne Andersson qui, malgré tout, ne se retrouve pas sans solution.
Effectif :
1- Robin Olsen, Everton (ANG) – 31 ans
22- Kristoffer Nordfeldt, Genclerbirligi (TUR) – 31 ans
12- Karl-Johan Johnsson, FC Copenhague (DAN) – 31 ans
2- Mikael Lustig, AIK (SUE) – 34 ans
3- Victor Nilsson Lindelöf, Manchester United (ANG) – 26 ans
4- Andreas Granqvist, Helsingborgs IF (SUE) – 36 ans
5- Pierre Bengtsson, Vejle Boldklub (DAN) – 33 ans
6- Ludwig Augustinsson, Werder Brême (ALL) – 27 ans
14- Filip Helander, Glasgow Rangers (ECO) – 28 ans
16- Emil Krafth, Newcastle United (ANG) – 26 ans
18- Pontus Jansson, Brentford FC (ANG) – 30 ans
24- Marcus Danielson, Dalian Pro (RPC) – 32 ans
7- Sebastian Larsson, AIK (SUE) – 36 ans
8- Albin Ekdal, UC Sampdoria (ITA) – 31 ans
10- Emil Forsberg, RB Leipzig (ALL) – 29 ans
13- Gustav Svensson, Guangzhou City (RPC) – 34 ans
15- Ken Sema, Watford (ANG) – 27 ans
17- Viktor Claesson, FK Krasnodar (RUS) – 29 ans
20- Kristoffer Olsson, FK Krasnodar (RUS) – 25 ans
26- Jens-Lys Cajuste, FC Midtjylland (DAN) – 21 ans
9- Marcus Berg, FK Krasnodar puis IFK Göteborg (SUE) au 01/07 – 34 ans
11- Alexander Isak, Real Sociedad (ESP) – 21 ans
13- Jesper Karlsson, AZ Alkmaar (PB) – 22 ans
21- Dejan Kulusevski, Juventus Turin (ITA) – 21 ans
22- Robin Quaison, Mayence (ALL) – 27 ans
25- Jordan Larsson, Spartak Moscou (RUS) – 23 ans
Pour remplacer Zlatan, le sélectionneur appelle Jordan Larsson, fils d’Henrik, lui-même coéquipier d’Ibrahimovic en sélection au début des années 2000. L’attaquant du Spartak Moscou qui fêtera ses 24 ans le 20 juin, a inscrit 15 buts en 29 rencontres de Premier Liga russe, réalisant sans doute la meilleure saison de son début de carrière. Le gaucher suscite ainsi l’intérêt de nombreux clubs et était espéré dans la liste par nombre de supporters. Cependant, il ne devrait pas se voir octroyer énormément de temps de jeu. Dans la hiérarchie des attaquants, Alexander Isak, Dejan Kulusevski, Robin Quaison et Marcus Berg semblent le devancer, bien que les duos aient souvent été modifiés lors des derniers rendez-vous.
Le joueur de la Real Sociedad confirme mois après mois ses bonnes dispositions. Il affiche 17 buts en Liga 2020/21 et 6 en 22 sélections. Moins en réussite que la saison précédente avec Mayence (6 buts), Robin Quaison reste un buteur fiable et apprécié, entre autres, pour sa qualité de pressing et son activité. Marcus Berg, le vétéran aux 24 réalisations et 11 passes décisives en 86 capes avait jusqu’à récemment une place indiscutable dans le onze aux yeux d’Andersson. Mais le report d’un an de la phase finale, le retour – avorté – de Zlatan ainsi que la concurrence grandissante des talents Isak et Kulusevski l’éloignaient peu à peu du 4-4-2 de départ. Au point que l’alléchante association entre ces derniers semblait tenir la corde pour débuter face aux Ibériques. Du moins, jusqu’à ce que l’attaquant polyvalent de la Juve soit contrôlé positif au covid 19, le 9 juin…
Après la blessure de Zlatan, celle de Martin Olsson – remplacé par Pierre Bengtsson au début du rassemblement –, la succession de pépins physiques de Ludwig Augustinsson qui, croisons les doigts, est enfin remis… voilà donc une nouvelle péripétie dans la préparation suédoise ! Isolement sanitaire oblige, Kulusevski est donc forfait pour le premier match. Pire, il emmène dans son sillage un autre homme en forme du moment en la personne de Mattias Svanberg, positif à son tour le lendemain. Auteur d’une belle saison avec Bologne, étincelant contre la Finlande le 29 mai dernier (victoire 2-0), le milieu de terrain de 22 ans a séduit par son profil très complet, son abnégation et sa vision du jeu.
L’accumulation de mauvaises nouvelles et le risque de nouveaux cas de covid poussent le sélectionneur à faire appel à six réservistes. Ainsi, Jacob Rinne (gardien, Aalborg, 27 ans), Mattias Johansson (défenseur droit, sans club, 29 ans), Joakim Nilsson (défenseur central, Bielefeld, 27 ans), Jesper Karlsson (attaquant, Alkmaar, 22 ans) et les anciens de Ligue 1 Niklas Hult (défenseur gauche, Hanovre, 31 ans) et Isaac Kiese-Thelin (attaquant, Kasimpasa, 28 ans) ont rejoint l’entraîneur des Espoirs Poya Asbaghi dans une « bulle de réserve » à Göteborg, afin de se tenir prêt en cas de nouveau coup dur. Samedi, c’était Jens-Lys Cajuste qui avait quitté l’entraînement avec un bandage autour de la cheville révélant une légère entorse, tandis qu’Albin Ekdal était laissé en soin durant toute la séance suite à un coup reçu la veille. Ces deux-là devraient cependant être disponibles.
Le XI probable :
Pourtant, l’espoir est bien présent, tant cette équipe dégage cohésion, sérénité et semble sûre de son fait tactiquement. L’osmose entre les vétérans et les jeunes pépites semble totale. Les uns savent ce que peuvent leur apporter les autres. Olsen a déjà montré qu’il savait être un dernier rempart de qualité dans une grande compétition. Marcus Danielson a été si convaincant dans ses interventions lorsqu’il a eu du temps de jeu, qu’il devrait démarrer aux côtés du mancunien Victor Lindelöf en défense centrale. Les deux hommes se retrouvent ainsi associés, dix ans après leur titre en 3e division suédoise avec le Västerås SK. Avec ses 3 buts en 9 sélections, Danielson est aussi une arme redoutable sur coups de pieds arrêtés. Surtout quand ceux-ci sont tirés par un Emil Forsberg chirurgical et absolument intenable dernièrement. Le joueur de Leipzig se montre en effet sous ses plus beaux atours lorsqu’il quitte l’aile gauche occupée en phase défensive, pour se recentrer et se présenter en électron libre une fois la Suède en possession du ballon, laissant le couloir à son latéral.
Dès lors, le 4-4-2 à plat se transforme en une sorte de 3-4-1-2 dans lequel Lustig passera de latéral droit à un placement plus proche du troisième défenseur central. Albin Ekdal et Kris Olsson devraient, dans un premier temps, être associés au milieu. Dans ce cas, Sebastian Larsson cadenasserait le couloir droit, tout en profitant de son expérience et de sa qualité de passe pour jouer les métronomes et alimenter les attaquants. Un schéma qui ferait sens face à un adversaire dominant tel que l’Espagne. Dans une rencontre où la victoire serait impérative, Andersson pourrait lui préférer une solution plus offensive et virevoltante, à savoir Viktor Claesson, ce qui pousserait sans doute Larsson dans l’axe et Olsson sur le banc. Le puissant et rapide Sema pourra quant à lui jouer le dynamiteur de défense en entrant en cours de partie. Devant, Berg sera le point d’ancrage autour duquel Isak devrait proposer plus de profondeur et de mouvement. Avec le retour de Kulusevski, qui souhaite s’installer en attaque plutôt que sur l’aile droite, le rôle de pivot (dans une moindre mesure que pour Berg) pourrait revenir à l’ancien attaquant du BvB.
Si précieux par le passé, mais vieillissant et hors de forme, Andreas Granqvist ne devrait avoir qu’un rôle de grand frère et de leader de vestiaire – qu’il est – dans ce groupe. À l’inverse, on espère avoir l’occasion de profiter du talent de Cajuste et Svanberg, encore en phase d’apprentissage, mais si prometteurs ! Dans les pas d’Isak et Kulusevski déjà plus connus, ils incarnent la nouvelle génération que l’on a hâte de voir grandir. Les qualités de milieu box-to-box ou défensif du premier ont éclaté aux yeux du grand public lors de la phase de poule de la Ligue des Champions qu’il a disputée avec Midtjylland. Le second, que l’on a découvert en tant qu’ailier à Malmö il y a 4 ans, occupe lui aussi l’axe du terrain désormais. Un changement de poste pas évident mais réussi ! Quel plaisir de le voir récupérer, orienter, éliminer et combler les espaces grâce à sa grande intelligence de jeu. Vraiment, si vous ne les avez pas encore rencontrés, en voilà deux qui pourraient vous séduire !
Qu’attendre de la Suède lors de cet Euro 2020 ?
Avec une étiquette de favorite de la poule et trois matchs disputés à domicile, l’Espagne semble hors d’atteinte pour la première place. Entre la Suède, la Pologne et la Slovaquie en revanche, difficile de dire qui tirera son épingle du jeu. Cependant, avec 16 des 26 joueurs déjà présents lors de l’épopée du mondial russe, des jeunes qui connaissent déjà le haut niveau international pour agiter les défenses adverses et un banc qui semble mieux fourni qu’en 2018, on a envie de croire à une qualification et un nouveau quart de finale.