Rosenborg va affronter le Stade Rennais, 6e lors du dernier exercice de Ligue 1, lors des deux jeudis à venir en barrage de Conference League, dernière marche avant d’atteindre la phase de groupe de la première édition de la compétition. Si le club norvégien a un glorieux passé et une belle réputation aussi sur la scène européenne, cela semble désormais loin dans le football moderne où le RBK a désormais beaucoup plus de mal à exister au niveau européen et à maintenir sa domination au niveau national. Présentation de ce club à travers son histoire, son effectif actuel et un aspect tactique pour aborder au mieux ces deux confrontations franco-norvégiennes :
Une domination en Norvège amoindrie ces dernières années
Le club de Trondheim est le plus titré de l’histoire de la Norvège avec 26 titres en championnat et 12 en coupe, en ayant surtout connu une domination dans les années 1990/2000 avec une série impressionnante de 13 titres consécutifs de 1992 à 2004. Néanmoins, leur domination au sein du championnat domestique est désormais moins importante avec 4 championnats remportés lors des 10 dernières saisons, titres obtenus consécutivement de 2015 à 2018. Une hégémonie remise en cause par l’émergence d’un nouveau rival, Molde, aussi vainqueur de 4 titres. Mais également dû à un championnat désormais un peu plus ouvert comme on a pu le voir avec le titre de Strömsgodset en 2012 et surtout celui de Bodö/Glimt l’an dernier récompensé de son bon travail par une saison record.
Le RBK a d’ailleurs terminé l’an passé pour la première fois depuis 2008 en dehors du podium à la 4e place. La faute à une instabilité et un manque cruel de continuité avec 5 entraineurs différents lors des 3 dernières années. Et de nouveau cette année, Rosenborg va devoir batailler pour jouer le titre, en étant 4e à mi-saison avec 25 points en 15 journées à 8 longueurs du leader Molde qui a disputé une journée en plus. Il est également loin le temps où Rosenborg fournissait la plupart des internationaux à la sélection norvégienne, puisqu’aujourd’hui seul André Hansen encore au club est sélectionné en 2021 comme second gardien et côté formation, seuls Jonas Svensson, Fredrik Midtsjö et Alexander Sörloth viennent de l’académie du RBK.
Mais après un début de saison à courant alternatif, Rosenborg a enfin su trouver son rythme et est désormais sur une belle série de 11 matchs sans défaite et 9 victoires consécutives, même s’il faut compter les 2 tours aller-retour en Coupe d’Europe et 2 tours de Coupe face à deux D4. Tous sont d’ailleurs venus après que l’entraineur actuel Age Hareide ait annoncé publiquement qu’il ne prolongerait pas son contrat avec Rosenborg au-delà de 2021 et prendrait sa retraite définitive. Il voudra sûrement terminer sa carrière de coach en beauté en espérant pouvoir disputer les groupes de Conference League et jouer le titre jusqu’au bout.
Un club régulier du plateau européen
Le club dispose d’une grande expérience européenne marquée par une belle constance puisque depuis 1989 ils n’ont loupé qu’en 2006-2007, une participation en qualification de compétition UEFA. Leur meilleur résultat est un quart de finale de Ligue des Champions face à la Juventus en 1996/1997 et au total ils ont participé à 11 phases de groupe de Ligue des Champions (95/96, 96/97, 97/98, 98/99, 99/00, 00/01, 01/02, 02/03, 04/05, 05/06, 07/08) et 7 phases de groupe de Ligue Europa (08/09, 10/11, 12/13, 15/16, 17/18, 18/19, 19/20) avec comme meilleurs résultats cinq 16e de finale en 71/72, 00/01, 03/04, 05/06 et 07/08.
Au cours de toutes ses campagnes européennes, Rosenborg a pu affronter 3 clubs français et donc bientôt 4 avec le Stade Rennais. D’abord le Paris Saint-Germain en groupe de C1 en 2000-2001 avec une étonnante victoire à domicile 3-1 puis un score fleuve au retour au Parc avec une défaite 7-2. Il y aura aussi eu des confrontations face à l’Olympique Lyonnais à 4 reprises en groupe de Ligue des Champions. En 2002-2003 avec une défaite 5-0 puis un nul 1-1 à domicile, et lors de l’édition 2005-2006 avec deux victoires lyonnaises 1-0 puis 2-1 à Gerland. Enfin, plus récemment des confrontations face à l’AS Saint-Étienne en groupe de Coupe de l’UEFA 2008-2009 avec une défaite 3-0 à Geoffroy-Guichard et plus récemment en groupe de Ligue Europa 2015-2016 avec deux nuls 2-2 puis 1-1 à domicile, qui avait entrainé le recrutement d’Ole Selnaes et d’Alexander Söderlund.
À voir si Rennes pourrait aussi être inspiré par certains joueurs du club norvégien lors de la double confrontation qu’ils s’apprêtent à disputer. Cela sera en tout cas un match particulier pour plusieurs joueurs dont les anciens Rennais Alexander Tettey (2009-2012) qui devrait être titulaire homme important au milieu et Anders Konradsen (2013-2015) souvent blessé dernièrement qui devrait être remplaçant et pour la récente recrue Birger Meling (2017-2020) ancien du RBK. Pour arriver à ce barrage, contrairement au Stade Rennais qui fait son entrée en lice, Rosenborg a dû passer par deux tours, où ils se sont facilement débarrassés du club islandais du FH 6-1 au cumulé (2-0 / 4-1) et du club slovène de Domžale 8-2 au cumulé (6-1 / 2-0).
« Ce n’est en aucun cas impossible, mais ce sera trois, quatre et cinq crans de plus que ce que nous avons rencontré jusqu’à présent. Je prédis deux matchs serrés, où tout peut arriver. C’est difficile à quantifier, mais nous pouvons utiliser le terme d’outsider ! » – Anders Konradsen pour rbkweb.no
« C’est un adversaire coriace. Nous avons eu le PSV Eindhoven l’année dernière, et maintenant nous avons Rennes. Il faut penser comme ça : ce n’est pas impossible, mais il faut faire un travail d’homme là-bas en France jeudi. Ce sera le match le plus important » – Åge Hareide pour rbkweb.no
Le XI probable :
Au sein de l’équipe, on comptera pas mal d’absents, notamment au milieu avec l’ancien international aux 58 sélections Markus Henriksen déjà forfait pour la double-confrontation et l’ancien international également Per Ciljan Skjelbred aux 43 sélections qui pourrait néanmoins être du match retour. Et lors du mercato, ils ont perdu l’un de leur meilleur joueur de l’effectif, le milieu Kristoffer Zachariasen parti chez le champion hongrois à Ferencvaros. L’attaquant suédois Rasmus Wiedesheim-Paul est lui blessé à la cuisse et aussi forfait. Du côté des remplaçants, il faudra faire attention aux supersubs Noah Jean Holm attaquant et Stefano Vecchia ailier gauche qui pourraient aussi démarrer en fonction de la tactique.
Style de jeu/aspect tactique de Rosenborg
Le Rosenborg d’Age Hareide, ancien sélectionneur du Danemark qui a notamment fait la Coupe du Monde 2018 et qualifié la nation à l’Euro 2020, évolue donc classiquement en 4-3-3 mais à l’extérieur dans un tel match à enjeu où ils devraient être dominés, cela pourrait plus se transformer véridiquement en un 4-5-1/4-1-4-1. L’effectif de Rosenborg mélange l’expérience d’anciens internationaux notamment habitués à ce genre de rencontres à enjeux comme André Hansen (31), Even Hovland (32), Hólmar Eyjólfsson (31), Alexander Tettey (35), Anders Konradsen (31) et jeunesse avec notamment Erland Reitan (23), Edvard Tagseth (21), Emil Konradsen Ceide (19), Carlos Holse (22), Noah Jean Holm (20), Olaus Skarsem (23).
L’équipe devrait évoluer face au Stade Rennais dans un style de jeu axé sur la contre attaque, il y a peu de chance de les voir tenir le ballon et contrôler le jeu. Ils devraient jouer un jeu accentué sur les côtés avec un danger qui peut venir des deux ailes, avec Carlo Holse à droite et Emil Konradsen Ceide ou Stefano Vecchia à gauche, qui apportent de la vivacité et une belle aisance technique pour faire la différence. Mais également des latéraux qui accompagnent bien les offensives avec beaucoup de centres souvent précis pour leur pivot devant Dino Islamovic mais également de long ballons des défenseurs et milieux en cassant des lignes. Ils voudront également chercher au maximum des coups de pied arrêtés qui sont un autre atout avec les bonnes pattes d’Adam Andersson comme principal tireur côté gauche et Carlo Holse côté droit.
Rosenborg aura le grand avantage d’être bien plus prêt physiquement et dans le rythme en étant actuellement pile poile à la mi-saison, contrairement à Rennes qui n’a eu que quelques semaines de pré-saison et 2 semaines de compétition. Un véritable atout chaque été pour les clubs nordiques avec les saisons civiles d’avril à décembre et à nouveau le RBK voudra en profiter. Néanmoins, ils ont également été sur un gros rythme de matchs, souvent de 2 rencontres par semaine, avec un turnover et une profondeur d’effectif qui ne permet pas de beaucoup souffler. Mais actuellement en bonne confiance, ils ont pu montrer de belles combinaisons offensives ces derniers matchs face à de faibles oppositions certes mais avec un jeu plus fluide.
Néanmoins, le gros point faible de cette équipe reste ces gros problèmes défensifs depuis le début de saison toujours pas réglé avec un manque de pression sur le porteur du ballon et le marquage trop souvent absent des joueurs dans la surface de la part des deux défenseurs centraux Eyjolfsson et Hovland qui sont très lents, passifs et maladroits. Même si dans ce genre de rencontres à enjeux l’attitude des joueurs devraient être bien plus déterminée pour éviter ce genre d’erreurs. Il suffit de voir les statistiques globales de l’équipe qui est une des pires du championnat norvégien en termes de pressing collectif (14e/16) et de ballons récupérés (14e) et dans le camp adverse (15e).
Voici une petite analyse image du dernier match dimanche dernier face à Mjöndalen, 14e sur 16, avec l’équipe type, où on voit clairement le mauvais marquage des joueurs de Rosenborg avec trop souvent des joueurs libres dans des situations dangereuses. Des joueurs du RBK qui marquent un même joueur et cela laisse souvent la liberté à un joueur adverse de faire un bon appel seul avec le temps de bien armer. Heureusement pour eux, il y a eu un gros manque de finition adverse et ils ont finalement remporté le match 2-1. Mais face à une équipe comme le Stade Rennais avec de bien meilleurs joueurs et finisseurs, il faudra clairement que le club norvégien vienne avec une attitude différente, sinon ils n’auront aucun chance de pouvoir espérer disputer la phase de groupe.
♥ Le joueur clé : Carlo Holse
L’ailier droit danois de 22 ans formé au FC Copenhague est un des éléments forts de cette équipe de Rosenborg. Arrivé en fin janvier 2020, il est rapidement devenu un incontournable du XI de départ du RBK et la facteur déterminant offensivement. Il est d’ailleurs très observé suite à ses bonnes performances, notamment par le club promu en Serie A Salernitana.
Avec une belle palette technique et rapidité d’exécution, l’ancien international U21 danois à 18 reprises que l’on a pu voir au dernier Euro Espoirs, impose une grande intensité offensive pour son équipe et de bonnes solutions pour son entraineur avec sa polyvalence où il peut aussi évoluer en pointe, sur l’aile gauche ou comme milieu excentré sur un côté. Il frappe également très souvent les coups de pied arrêtés de son côté droit avec souvent une bonne précision et dispose d’une belle frappe de loin.
♣ Le joueur à surveiller : Dino Islamovic
Arrivé l’an passé d’Östersund en Suède et depuis devenu international monténégrin, Dino Islamovic avait eu du mal à s’adapter à sa nouvelle équipe avant de bien terminer sa première saison avec un total de 14 buts en 31 rencontres. De même pour cette saison, avec aucun but lors des 10 premières journées et depuis 3 buts lors des 4 dernières journées, un quadruplé en Coupe contre une D4 et déjà 4 buts en Conference League en 4 rencontres. En bonne confiance donc avec ses 11 buts sur ses 9 derniers matchs pour un joueur qui en a cruellement besoin pour performer et se montrer efficace.
Car en effet le buteur suédo-monténégrin est dépendant des autres joueurs pour performer en devant être bien servi mais également de lui-même avec souvent beaucoup de déchets à la finition. Un buteur pivot grand et imposant avec une bonne puissance pour servir de point de fixation et gagner de nombreux duels dans la surface venant compenser une faiblesse technique et sa lenteur. Face à Rennes, il sera utile sur coup de pied arrêté et lorsqu’il sera dans la surface lors de centres, mais dans un style de jeu en contre-attaque, un Noah Jean Holm plus rapide et technique capable de tenir le ballon serait sans doute plus déterminant, même si on devrait le voir doublure et entrer en fin de rencontre.
♦ Le joueur qui peut se révéler : Emil Konradsen Ceide
Le plus grand talent de Rosenborg issu de la formation qui à bientôt 20 ans a déjà disputé 65 matchs professionnels pour 6 buts et 14 passes décisives. Peu décisif à ses débuts à la finition, le jeune ailier gauche est en belle forme actuellement et a trouvé de la constance en étant régulièrement titulaire malgré la concurrence de l’ailier suédois Stefano Vecchia. Né d’un père haïtien et d’une mère norvégienne, on retrouvera aussi son frère jumeau Mikkel Konradsen Ceide normalement sur le banc qui lui évolue comme défenseur central.
Emil Konradsen Ceide a cette capacité à être imprévisible dans ses actions en créant un déséquilibre dans le jeu défensif de l’adversaire par son excellente qualité de dribble et sa grande pointe d’accélération. Malgré son petit gabarit, il joue bien de son corps en étant vif, ce qui pourrait poser de nombreux problèmes aux joueurs du Stade Rennais. Néanmoins avec un travail défensif bien en dessous de ce que peu apporté un Vecchia, il pourrait être cantonné à un rôle de remplaçant lors de ce duel face à Rennes est entré en jeu seulement en tant que remplaçant.
Pour ce match clé de la saison de Rosenborg qui rêve de pouvoir participer à la phase de groupe de Conference League représentant un enjeu aussi bien pour l’aspect financier que pour le rayonnement de l’équipe et des joueurs sur la scène européenne tout comme Rennes, le club de Trondheim devra montrer un bien autre visage que ce qu’ils montrent depuis plusieurs années. Dans ce rôle de grand outsider, avec de gros problèmes défensifs, ils devront faire bloc pour être concentrés tout au long des deux rencontres et espérer pouvoir placer des contre-attaques efficaces ou de bonnes situations sur coup de pied arrêté pour avoir une chance de passer ce dernier tour. Autant dire, que nous sommes peu confiant pour que cela arrive, mais la magie de la Coupe d’Europe et des équipes qui se transcendent pourraient nous donner tord.
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