Arrivé cet hiver pour remplacer Beric blessé, Alexander Søderlund connaît quelques difficultés à s’adapter à la Ligue 1 même s’il a pour l’instant un statut de titulaire indiscutable. En effet son bilan à Saint-Etienne n’est pas très convaincant : deux buts et deux passes décisives en neuf matchs, c’est très loin des attentes stéphanoises le concernant. Si certains journalistes français, comme Pierre Ménès, ont sauté sur l’occasion pour expliquer, sans analyse, que le joueur était « une arnaque », il existe pourtant des raisons rationnelles à ce manque de réalisme.
Une influence négligée
Tout d’abord, si Alexander Søderlund a effectivement des difficultés, notamment avec son gros raté face à Caen, et que son bilan n’est pas impressionnant pour l’avant-centre d’un club aux ambitions de Saint-Etienne, tout n’est pas à jeter dans son début de saison dans le Forez. Son but dans le derby est un argument de poids en sa faveur, lui qui avait touché peu de ballons contre Lyon avait mis au fond l’une de ses seuls occasions donnant la victoire aux Verts face à l’ennemi lyonnais.
C’est un but décisif dans un match d’une importance capitale et personne ne peut lui enlever cela. Ensuite Søderlund est un attaquant qui touche peu de ballons, une petite trentaine par match maximum, pourtant c’est le 3ème stéphanois à créer le plus d’occasions grâce à une passe par match derrière Eysseric et Hamouma selon Squawka. C’est un attaquant qui délivre en moyenne une passe décisive tous les quatre matchs, ce ratio est plutôt élevé pour un avant-centre. De plus, par son physique impressionnant Søderlund pèse sur les défenses de Ligue 1 qui sont pourtant très athlétiques. Revenons-en à la critique de Pierre Ménès qui le compare à Robert Beric et qui dit que ce dernier « blessé est meilleur que lui en bon état ».
Le bilan de Beric avant sa blessure c’est cinq buts et deux passes décisives en douze rencontres. Ce bilan est certes meilleur que celui de Søderlund mais n’est pas non plus beaucoup mieux. Enfin rappelons qu’il y a encore trois semaines, après son très bon match contre Bordeaux et malgré un penalty manqué, on parlait encore du norvégien comme d’une bonne pioche pour Saint-Etienne …
Certaines raisons expliquent son manque d’efficacité
La raison sûrement la plus évidente expliquant la difficile adaptation de Søderlund à la Ligue 1 est l’écart de niveau entre la Tippeligaen et la Ligue 1. Outre cet écart de niveau, le championnat norvégien est un championnat où l’aspect tactique est moins important qu’en Ligue 1 et où les équipes attaquent plus. Or Saint-Etienne n’est pas une équipe réputée pour être portée vers l’avant et peine à trouver un attaquant qui dépasse les dix buts. Il faudra donc du temps à l’ancien joueur de Rosenborg pour s’adapter à un jeu très différent de ce qu’il a connu auparavant. De plus Søderlund sort d’une saison pleine : il a joué 45 matchs en 2015 toutes compétitions confondues.
Il n’a pas eu de véritable préparation avant de reprendre la compétition avec Saint-Etienne. Cela explique son faible taux de duel gagné, environ 33%, malgré un physique avantageux. Ce retard physique, il ne pourra pas le combler cette saison , au contraire il risque d’empirer au fil des matchs. Ces deux points les recruteurs stéphanois auraient dû les prendre un compte, il était évident qu’il allait falloir du temps à Søderlund pour s’adapter au championnat français.
Pourtant il cherchait un joueur capable d’être titulaire tout de suite et d’être en mesure de porter Saint-Etienne vers le podium. Enfin l’attaquant stéphanois est en plein manque de confiance comme l’atteste son penalty raté contre Bordeaux ou son raté contre Caen. Un attaquant a pourtant besoin d’être en confiance pour empiler les buts et là encore il lui faudra du temps pour la retrouver. Ce manque de confiance est peut-être dû au fait que Søderlund touche moins de ballons que la saison passé, qu’il a moins d’occasions ou que c’est sa première saison loin de chez lui. Ainsi non Søderlund n’est pas une « arnaque » mais un joueur recruté dans le mauvais timing par une équipe ou peu d’attaquants réussissent à s’imposer, et qui a besoin d’un temps d’adaptation à son nouveau championnat.