Yussuf Poulsen est un des premiers joueurs à avoir cru au projet du RB Leipzig, où il en est devenu la figure de proue au cours de ses 7 saisons là-bas. Et ce soir, il en sera récompensé en disputant avec son club une demi-finale de Ligue des Champions historique face au PSG pour une place en finale, où il en sera à nouveau le capitaine.
Épinglé comme étant un attaquant peu efficace, l’international danois n’en est pas moins important dans le travail de l’ombre pour son équipe. Il a l’amour du maillot depuis son arrivée en Allemagne en 2013 alors en 3e division et sa fidélité en est récompensée par une confiance sans faille des deux côtés. Retour sur son parcours :
Une enfance et un début de carrière difficile au Danemark
Yussuf Yurary Poulsen est né à Copenhague d’un père tanzanien et d’une mère danoise. L’histoire est belle puisque son père travaillait sur un porte-conteneurs qui faisait les voyages réguliers entre l’Afrique et le Danemark, et au fil des allers-retours, est tombé amoureux de sa mère pour s’installer définitivement dans la capitale danoise et avoir Yussuf en 1994. Alors jeune garçon, il enchaîna les sports comme le basket ou la gymnastique, mais il trouva finalement son inspiration avec le football, transmis par son père qui y jouait par plaisir au Danemark, qu’il perdit à l’âge de 6 ans atteint d’un cancer. Après avoir débuté le football au sein du club amateur du BK Skjold, où il aura évolué à beaucoup de postes surtout en défense, il aura ensuite rejoint le centre de formation du Lyngby BK à ses 14 ans.
« Je suis venu au football de par mon père. Il a joué régulièrement mais pas en tant que professionnel. C’était un mauvais moment pour moi et ma famille. Nous avons dû apprendre à vivre sans lui. Aujourd’hui, j’associe chaque match à lui. » – Yussuf Poulsen pour dierotenbullen.com
Si Yussuf a persévéré dans la pratique du football, le mérite revient à sa mère, qui quand son fils voulait arrêter à 16 ans, l’a encouragé à poursuivre. Cela malgré le fait qu’il était loin d’être le meilleur en équipes jeunes après avoir été repositionné attaquant. Comme il le dit lui-même pour le site officiel de la Bundesliga lors des premières détections des sélections jeunes danoises : « Quand j’avais 15 ans et que nous avions la première présélection de l’équipe nationale, je n’étais pas là, alors qu’il y avait 500 joueurs de tout le Danemark choisis dans la tranche d’âge de 1994. »
Mais sa persévérance aura valu le coup, puisqu’à 17 ans et demi, il signa un contrat professionnel et fit ses débuts en Superliga, l’élite danoise, lors de 5 apparitions en fin de match. L’année suivante après la relégation de son club, il aura été titulaire à 18 ans et auteur d’une belle saison prometteuse pour la remontée dans l’élite de Lyngby avec 11 buts en 29 rencontres, en faisant parler sa polyvalence en tant qu’ailier droit ou d’attaquant de soutien.
Le projet plus convaincant de Leipzig
Après cette belle année en seconde division, Poulsen aura reçu des intérêts de clubs de l’élite danoise, allemande, néerlandaise et belge. Mais au lieu de cela, il aura choisi de rejoindre la 3e division allemande, convaincu du projet par Ralf Rangnick, qui l’aura découvert en tant que directeur sportif du club, puis ensuite entraîné. Un choix qui aura surpris et déçu au Danemark, où les médias espéraient le voir bien plus haut au vu de ce qu’il venait de montrer. Mais le joueur avait bien compris que la D3 n’était pas une régression, bien au contraire un excellent moyen de progresser et de gagner sa place dans un groupe qui avait de grands objectifs. Pour cela, le RB Leipzig aura déboursé 1,5M€ pour le jeune danois, soit le plus grand investissement du club à ce moment-là depuis sa fondation à l’entame de la 5e saison.
« Je veux jouer tous les week-ends et ne pas m’asseoir sur le banc d’un des meilleurs clubs de première division. C’est pourquoi le passage au RB Leipzig était absolument le bon! Ici, je suis très performant et je peux me développer. De plus, le club a fait de gros efforts pour moi. Cela m’a impressionné. » – Yussuf Poulsen sur son choix du RB Leipzig.
À son arrivée à Leipzig, Yussuf aura vécu dans un hôtel durant 3 mois, avant d’être en colocation dans un appartement avec un certain… Joshua Kimmich, qui venait également d’arriver au club. Ce dernier l’aura beaucoup aidé à son intégration notamment pour la langue, où dans son équipe il était l’un des deux seuls non germanophones. Au sein de l’équipe en D3, l’attaquant aura rapidement saisi sa chance en travaillant dur malgré sa jeunesse. Sous les ordres d’Alexander Zorniger, l’entraineur allemand bien connu au Danemark pour avoir entraîné Bröndby, il monta les échelons avec Leipzig jusqu’en Bundesliga après 3 saisons en étant titulaire dans une attaque à deux buteurs et en inscrivant 10, 12 et 7 buts.
La confirmation sur la durée en Bundesliga
L’été de la montée, Yussuf Poulsen avait eu la possibilité de partir à Rio disputer les Jeux Olympiques 2016 avec le Danemark. Mais il aura décidé de privilégier le club, qui venait de monter en Bundesliga, en voulant conforter et assurer sa place en étant sûr de débuter la saison pour bien disputer les 3 premiers matchs du championnat. La première saison dans l’élite fut difficile pour l’attaquant danois en termes statistique. Il n’était d’ailleurs qu’à 1 but et 1 passe décisive en 20 journées, même si après une bonne fin de saison il aura terminé à 5 buts et 4 passes décisives. Et au niveau collectif, ils auront terminé 2nd, se qualifiant directement pour la Ligue des Champions en une saison pour la première fois de leur jeune histoire.
La saison suivante fut à nouveau terne au niveau statistiques avec 4 buts et 5 passes décisives et moins bonne au niveau collectif avec une 6e place. Mais Poulsen conserva la confiance de son entraineur Ralph Hasenhüttl de par son importance dans le collectif. Cette saison-là, il aura découvert l’Europe avec les poules de Ligues des Champions puis l’Europa League en allant jusqu’en quart de finale d’Europa League éliminé par l’Olympique de Marseille.
Peu efficace lors de ses deux premières saisons en Bundesliga notamment éclipsé par Timo Werner, Yussuf Poulsen aura livré un acte 2018/19 étincelant, en réalisant sa meilleure saison avec 19 réalisations dont 15 en Bundesliga. En pleine confiance et parfaitement utilisé, il aura fait aussi bien que Werner lors de cet exercice en terminant à la même hauteur que lui en termes de buts inscrits, malgré qu’il évolue un cran en dessous de lui sur le terrain. Lors de cette saison, le club aura terminé 3e et aura été finaliste de la Coupe d’Allemagne et Poulsen aura inscrit le premier triplé de sa carrière face au Hertha Berlin le 30 mars 2019, devenant ainsi le premier joueur de Leipzig à en inscrire un en Bundesliga.
Enfin pour cette saison, Yussuf Poulsen était entraîné par Julian Nagelsmann, où il n’aura pas confirmé les attentes de la saison passée en jouant bien moins avec un grand turnover et plusieurs blessures. Mais le jeune entraîneur allemand conscient de son importance l’a notamment récompensé en quart de finale face à l’Atlético Madrid en le faisant porter le brassard de capitaine comme en fin de saison en Bundesliga avant sa blessure. Une belle récompense pour sa fidélité au club, où il est le joueur qui a disputé le plus de rencontres pour le club avec 251 matchs pour 63 buts et 51 passes décisives.
Malgré ses 7 saisons passées au club et le statut désormais du RB Leipzig en Allemagne et en Europe, le danois n’a toujours pas remporté le moindre trophée avec son club. Qui sait cela sera pourra peut-être commencer par la tant désirée Coupe aux grandes oreilles ? Où ce soir Poulsen et ses coéquipiers auront fort à faire face au Paris St Germain en demi. Club que Yussuf Poulsen a déjà affronté une fois en amical à l’été 2014, alors que lui et son club venaient d’être promus en 2. Bundesliga et où il avait marqué lors de la victoire 4-2.
Un joueur attaché à ses origines
Du côté de la sélection, Yussuf Poulsen avait le choix entre la Tanzanie et le Danemark, mais appelé depuis les U16, il a fait le choix de représenter le pays de sa mère où il est né. Il est un cadre des A depuis 2015 avec 47 sélections où il évolue comme ailier droit, faisant parler sa vitesse de percussion. Il a notamment disputé la Coupe du Monde 2018 en Russie et a été un des grands acteurs de la qualification pour l’Euro 2020(1) avec le but décisif lors du dernier match contre la Suisse. C’est lors de cette Coupe du Monde, qu’il a vécu l’un des plus beaux moments de sa carrière comme il le dit, en inscrivant un but face au Pérou, où il a pu dédier ce but à son père décédé. Hommage qu’il rend très souvent lorsqu’il marque, en levant les mains et les yeux au ciel.
Sur le dos de son maillot en sélection, on peut d’ailleurs voir floquer « Yurary », le nom de famille de son père en son honneur. C’était aussi le cas à Lyngby, cependant, cela n’est pas le cas à Leipzig, qui avait déjà imprimé l’écriture « Poulsen » avant que le joueur n’en fasse la demande. Il retourne d’ailleurs souvent dans le pays de son père, la Tanzanie, pour voir sa famille. Et il également parrain d’une action qui permet aux enfants de Tanzanie de s’entraîner au football sous la direction d’entraîneurs allemands. Au Danemark, à Copenhague où il est né et plus précisément dans les quartiers de Nørrebro et de l’Indre By, Poulsen dispose de deux cafés à succès et très bien réputés, lancés avec ses amis avec des aliments sans gluten et régionaux.
Les caractéristiques et style de jeu de Yussuf Poulsen
Yussuf Poulsen est le joueur parfait pour tout entraîneur voulant un joueur dédié au collectif et polyvalent où il peut évoluer à tous les postes offensifs comme attaquant en soutien en club et ailier droit en sélection. Rapide, combattif, avec de bonnes qualités physiques, et une parfaite mentalité et éthique de travail, Poulsen a souvent été sous-estimé dans sa carrière. Il avait aussi de nombreux domaines à améliorer comme son aspect technique et tactique, où en Allemagne au fil des saisons, il a pu se perfectionner. Le joueur travaille d’ailleurs depuis avril 2019 avec un coach mental, qui l’aide beaucoup au quotidien à gérer le haut niveau et la pression qui peut en ressortir.
Avec son mètre 93, Yussuf Poulsen remporte de nombreux duels aériens et est un grand danger dans ce domaine et pour son jeu dos au but où il impose une pression constante sur les défenseurs. C’est un joueur qui ne compte pas ses efforts où il cavale de nombreux kilomètres à chaque rencontres, en moyenne près de 12 et demi par match. Et surtout qui sait attaquer, mais aussi défendre où il aime participer au jeu défensif et revenir si besoin plus bas avec parfois des retours en sprint impressionnant.
« Nous avons un groupe de joueurs extrêmement athlétiques, cependant Yussuf Poulsen de RB Leipzig est un athlète fantastique. Il a cette combinaison rare de vitesse et d’endurance qui est exigée dans le football. » – Ben Rosen, préparateur physique du Danemark avant la CDM 2018.
En club, il a l’habitude d’évoluer dans un schéma en 4-4-2, en buteur en soutien d’abord de Daniel Frahn, Davie Selke puis en Bundesliga lors de 3 saisons de Timo Werner aujourd’hui parti à Chelsea. Même si sous Nagelsmann, il évoluait dans de nombreux systèmes parfois en faux neuf aussi en situation de 3-4-3. Il jouait souvent dans leur ombre en déviation, où on lui reprochait de ne pas être assez tranchant et personnel mais de toujours servir le collectif en priorité.
Un joueur auquel peu croyaient en jeunes, un joueur auquel peu au Danemark comprenaient son choix de rejoindre la D3 allemande, mais un joueur qui par le travail et une belle mentalité à réussi à arriver jusque là aujourd’hui et à disputer une demi-finale de Ligue des Champions et à rendre fier son père, sa famille et le Danemark et la Tanzanie. Et ce soir, il devrait être un joueur très important à son équipe du RB Leipzig et un joueur qui devra bien être marqué par le PSG, pour espérer disputer une finale historique de Ligue des Champions.