Après plus de vingt ans d’une carrière diverse et prolifique, l’un des meilleurs footballeurs scandinaves (si ce n’est le meilleur) vient de raccrocher ses crampons. Parti de Malmö, sa ville natale, Zlatan a cherché à conquérir le monde. D’Amsterdam à Milan, de Turin à Manchester, de Paris à Los Angeles, le Suédois a gagné partout où il est passé. Nordisk Football vous propose une série spéciale de huit papiers pour retracer son immense parcours, de son enfance à sa fin de carrière en passant par la sélection.
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Enfance
Située à l’extrême sud de la Suède, dans le détroit de l’Öresund, Malmö est une ancienne cité industrielle qui fait face à Copenhague. Troisième ville du pays, sa population de 320 000 habitants est multiculturelle et plus de 40 % ont des racines étrangères. La famille de Zlatan fait partie de ses 40%. Son père, Šefik, est bosnien de confession musulmane et sa mère, Jurka Gravić, est croate catholique. En 1977, Šefik quitte son village de Bijeljina en Bosnie-Herzégovine et émigre en Suède. Originaire de Škabrnja en Croatie , Jurka part également pour le Royaume nordique. Ils se rencontrent dans leur nouveau pays et le couple donne naissance au petit Zlatan en octobre 1981. Mais rapidement les parents se séparent et l’enfant est confié à sa mère. Pour élever ses enfants, Jurka accumule les heures de ménage (14 heures par jour) pour subvenir aux besoins de la famille dans le quartier multi-ethnique de Rosengard. Cependant, la mère de famille a bien du mal à joindre les deux bouts. De plus, le petit Zlatan est turbulent. Parfois, sa mère le tape avec une cuillère en bois. Et si la cuillère cassait, elle envoyait son fils en acheter une nouvelle. À l’âge de neuf ans, Zlatan est envoyé chez son père suite à l’intervention des services sociaux suédois qui reprochent à Jurka une trop grosse charge de travail et un laxisme dans l’éducation (problèmes de drogue pour la demi-sœur de Zlatan). Le garçon timide aime son père, concierge de profession, mais Šefik boit pour tenter d’oublier les traumatismes de la guerre de Yougoslavie et le frigo n’est quasiment rempli que de bière. Quand la faim tenaille trop Zlatan, il accourt chez sa mère pour prendre ses repas. Les bêtises commencent à arriver. Il vole à l’étalage et parfois subtilise des vélos pour se distraire. Le garçon n’assume pas son statut social comme le raconte l’auteur suédois David Lagercrantz : « Quand il jouait avec des enfants de la classe moyenne, il se sentait inférieur parce qu’il ne portait pas les bons vêtements et qu’il n’avait pas d’argent, alors il se disait : Un jour, je leur montrerai ! ». Malgré tout, il est reconnaissant envers ses parents : « J’aime ma maman et mon papa. Ils ont fait de leur mieux. Au fond, c’est grâce à eux si je suis devenu ce que je suis ». De cette enfance imparfaite, Zlatan en a tiré une rage de vaincre qui va l’animer toute sa carrière.
Malmö FF (1995/2001)
Depuis son plus jeune âge, cela a été son moteur, son essence. Parfois même un peu trop. Dribbleur compulsif, il refuse de passer le ballon à ses coéquipiers. Et si ces derniers se plaignent, Zlatan peut leur donner un coup de tête. Du coup, il change régulièrement de club, souvent sur l’insistance de parents qui ne veulent pas que leur fils partage le terrain avec un gamin « étranger » colérique. Avant de devenir un grand gaillard d’un mètre quatre-vingt-quinze, le jeune garçon est plutôt frêle : « Comme j’étais petit et facile à tacler, il me fallait apprendre tout le temps de nouveaux gestes, de nouvelles feintes ». C’est sur les terrains de la cité qu’il a acquis cette surprenante technique de dribble. Successivement, Ibrahimović joue pour les clubs de FBK Balkan, un club de Malmö fondé par des immigrants yougoslaves, Malmö BI et brièvement avec BK Flagg. En 1996, à 15 ans, il intègre le centre de formation du Malmö FF. Cependant, son avenir dans le football s’inscrit en pointillé. D’autant que le choc des cultures est important pour le jeune issu du quartier de Rosengard comme il le confie plus tard : « Si un type comme moi veut être traité avec respect, il doit être cinq fois meilleur qu’un Suédois moyen. » Dorénavant grand et costaud, il va travailler sur les docks du port de Malmö mais finalement, il est ramené à la raison par son entraîneur qui le convainc de continuer à jouer. Il achève avec succès ses années d’enseignement secondaire puis il est admis au lycée de Borgarskolan mais arrête les cours pour se concentrer sur sa carrière de footballeur. Repéré par Arsène Wenger, Zlatan décline l’offre du manager des Gunners et déclare : « Arsène Wenger m’a demandé de faire un essai avec Arsenal quand j’avais 17 ans. J’ai refusé. Zlatan ne fait pas d’auditions ». En 1999, il débute avec l’équipe A en Allsvenskan. Zlatan n’apparaît qu’à six reprises, mais inscrit son premier but pro. À l’issue de la saison, les Di blåe sont relégués en deuxième division à cause d’une 13ᵉ position au classement. En Superettan, la seconde division suédoise, Ibrahimović est titulaire à la pointe de l’attaque. Ses stats augmentent et il prend une part active à la remontée immédiate en première division de son club avec douze unités au compteur en vingt-six matches. Le talent du garçon est indéniable, son fort caractère également. Cela ne décourage pas Leo Beenhakker, directeur technique de l’Ajax, qui exprime publiquement son intérêt pour le joueur après l’avoir vu à l’œuvre lors d’un match contre la formation norvégienne du Moss FK. Après un début de saison sous les couleurs de Malmö, le deal entre les deux clubs devient officiel malgré la forte concurrence. Contre huit millions d’euros, le talentueux suédois s’exile aux Pays-Bas.
À suivre …
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