Après plus de vingt ans d’une carrière diverse et prolifique, l’un des meilleurs footballeurs scandinaves (si ce n’est le meilleur) vient de raccrocher ses crampons. Parti de Malmö, sa ville natale, Zlatan a cherché à conquérir le monde. D’Amsterdam à Milan, de Turin à Manchester, de Paris à Los Angeles, le Suédois a gagné partout où il est passé. Nordisk Football vous propose une série spéciale de huit papiers pour retracer son immense parcours, de son enfance à sa fin de carrière en passant par la sélection.
Ajax (2001/2004)
Juillet 2001, Amsterdam, Zlatan rejoint une formation étrangère pour la première fois de sa courte carrière. Âgé de 20 ans, il doit encore convaincre même si sa confiance en lui est déjà très haute. D’ailleurs, son adaptation à l’Ajax ne se déroule pas de la meilleure des manières. Co Adriaanse, son nouveau coach, ne lui accorde que quelques minutes de temps de jeu. Heureusement pour le Suédois, Adriaanse ne passe pas l’hiver et doit céder sa place à Ronald Koeman dès la fin novembre 2001. Les cartes sont redistribuées et l’ancien joueur du Barça ne tarde pas à titulariser l’attaquant nordique. Son choix se révèle payant. Ibrahimović se montre à son avantage et claque six buts en vingt-six rencontres. Et surtout, il aide l’équipe à glaner l’Eredivisie devant le PSV. Après des débuts compliqués et une belle éclosion ponctuée de son premier trophée, c’est l’heure de la confirmation.
Aligné à la pointe de l’attaque des Lanciers, le Suédois étale son talent de finisseur et de dribbleur hors pair. Qualifié pour la Champion’s League, Zlatan se distingue immédiatement grâce à un doublé contre Lyon pour ses débuts dans la compétition continentale. L’Ajax réalise un superbe parcours européen échouant de peu contre l’AC Milan (0-0 / 2-3). Malgré ses treize buts en championnat, l’équipe de Koeman doit céder sa couronne au PSV pour un petit point. Après une défaite contre cette dernière équipe, une altercation éclate entre le Suédois et l’Égyptien Mido. Le futur attaquant de l’OM « entre dans le vestiaire en insultant ses coéquipiers de sales enculés ». Zlatan lui rétorque : « Je lui ai répondu en disant que s’il y avait quelqu’un qui était un enculé c’était bien lui. Mido a alors pris une paire de ciseaux et l’a jeté en ma direction. Il était complètement fou. J’ai entendu les ciseaux passer juste au-dessus de ma tête et aller en plein dans le mur et le fissurer ». Le fantasque buteur africain raconte sa version : « J’étais très en colère, je n’ai pas commencé le match. Quand je suis rentré, je crois que nous étions menés 2-0 et j’ai commencé à discuter avec Zlatan sur le terrain ». Puis : « [En rentrant dans les vestiaires] Je gueulais sur tout le monde et Zlatan gueulait sur moi. J’avais des ciseaux dans les mains, car j’enlevais mes straps aux chevilles. Dix minutes plus tard, je suis allé dans la douche et Zlatan était dans le jacuzzi ». Mais tout cela finit bien : « On s’est juste regardés et on a rigolé. J’ai dit alors dit à Zlatan : »Tu sais que j’ai failli te tuer ? » Il m’a répondu : »Oui, je sais » ».
La saison suivante, Ibrahimović poursuit sur sa lancée avec encore treize réalisations à son actif. Cette fois, les Godenzonen ne laissent pas filer le titre. Ils remportent leur vingt-neuvième trophée national. Par contre, le bilan européen est moins favorable que l’année précédente. Vainqueur dans la douleur de Grazer AK lors du tour préliminaire (1-1 / 2-1 ap), Amsterdam atteint la phase de groupe, mais ne parvient pas à s’en extirper. Avec quatre défaites pour deux victoires, face à une opposition abordable (AC Milan, Club Brugges et Vigo), les Bataves quittent prématurément la scène européenne. La réussite de l’attaquant commence à attiser les convoitises. Le but inscrit face au NAC Breda à l’aube de la saison 2004/05 participe à ce phénomène. Dans les trente derniers mètres, il reçoit le ballon dos au but. Son contrôle trop long l’oblige à lutter avec un premier adversaire. Il résiste à la charge et enchaîne avec une accélération puis sort une première feinte de frappe pour se mettre sur son pied gauche. Il crochète son adversaire, poursuit vers la surface de réparation. Un nouveau défenseur se dresse devant lui. Nouvelle feinte de frappe du gauche et à nouveau un petit crochet. L’espace se referme et un défenseur tacle pour le contrer. Il l’efface tranquillement d’un crochet, élimine à nouveau un autre adversaire revenu pour le contrer. Et alors que tout le monde, gardien inclus, pense à une frappe du droit, il mystifie ses opposants d’un dernier petit crochet du gauche avant de conclure dans le but vide.
Zlatan vient de s’offrir un moment de magie, une réalisation exceptionnelle où il a fait danser ses adversaires avant de terminer cette action de classe tout en finesse. Désigné « plus beau but de l’histoire de l’Ajax », ce slalom géant est vite comparé à des buts marqués par Diego Maradona ou Zinédine Zidane. Il est également élu but de l’année par les téléspectateurs d’Eurosport. Dans sa quête de reconnaissance et de leadership, Ibrahimović entre en conflit avec son coéquipier Rafael van der Vaart. Lors d’une rencontre amicale entre la Suède et les Pays-Bas, il blesse le Néerlandais. Ce dernier l’accuse de l’avoir fait volontairement. Finalement, l’offre de la Juventus arrive au bon moment et évite aux dirigeants de l’Ajax une lutte intestine pour le leadership entre deux caractères forts qui auraient pu nuire au collectif. Transféré lors du dernier jour du mercato estival 2004, Zlatan franchit un nouveau cap avec ce départ en Italie pour seize millions d’euros.
À suivre …
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